Avec l’AYAC, la jeunesse arménienne de Tchéquie tente de se faire entendre
Depuis sa fondation en 2017 à Prague, L'association des jeunes Arméniens de Tchéquie accompagne et soutient la communauté arménienne locale. Très en vue à l’automne dernier pour avoir organisé divers événements en soutien au Haut-Karabakh, ces jeunes Arméniens ou d’origine arménienne s’organisent pour défendre leur communauté. Radio Prague International est partie à la rencontre de cette association.
Dans cette association à but non lucratif, ils sont une trentaine de jeunes Arméniens, âgés de 15 à 35 ans, à participer à son bon fonctionnement. Prenant sur leur temps d’étude ou de travail, ces bénévoles qui aident les nouveaux arrivants que ce soit socialement ou pour des questions administratives. Toute récente, l’association essaye chaque année de se restructurer, afin d’avoir un impact un peu plus important. Arpine Sahakyan, jeune étudiante de 22 ans née à Erevan, est dans l’association depuis sa fondation :
« Au début ; il n’y avait pas vraiment de structure définie pour l’association. On ne savait pas comment être représentatif ou plaire pour que les gens viennent nous joindre. C’est une association à but non-lucratif, petit à petit on a essayé de donner une structure à l’association. »
En effet, l’association est aujourd’hui divisée en quatre groupes distincts composés chacun de quatre ou cinq adhérents. A chaque groupe correspond un aspect de la vie de l’association : politique, organisation d’événements, communication avec les médias et un dernier qui concerne l’administratif. Dernièrement, un comité exécutif a aussi été créé. Un comité dont fait partie Geghetsik Afunts, qui vit à Prague depuis six ans et demi :
« Le comité exécutif s’occupe de prendre les décisions pour l’association. Il décide quels sont les buts principaux de celle-ci mais aussi quelles sont les directives d’actions. Le fait que ces membres fassent aussi partie des quatre sous-groupes, cela permet de faire en sorte que les décisions et idées viennent des deux sens. »
Cette structuration permet à l’association de mener à bien tous ses objectifs par divers procédés.
Pour une meilleure intégration de la diaspora arménienne dans la société tchèque
Partager, unifier, s’intégrer, la jeunesse arménienne est fière, fière de ses origines et de partager sa culture avec la population tchèque. L’objectif n’est pas la propagande mais bien un échange entre deux cultures différentes. Ces jeunes ont beau aimer le même pays, ils sont tous différents. Cette diversité fait le charme de la diaspora arménienne de Tchéquie, plus petite que celle de France ou des Etats-Unis.. Entre ceux arrivés récemment d’Arménie ou de Russie, où ceux arrivés dans les années 1990, il fallait avant tout unifier les Arméniens qui vivent en République tchèque. Pour Geghetsik, les objectifs de l’association sont donc multiples :
« Pour l’association, l’objectif principal est d’unifier la communauté arménienne et de créer quelque chose de commun. Le deuxième, c’est d’améliorer et de montrer une vraie image de l’Arménie en République tchèque. En effet, ici, ils ne savent pas grand-chose sur la communauté arménienne ou alors ils ont une mauvaise image des Arméniens. C’est pour cela qu’on voulait organiser des évènements culturels pour montrer tout ce qu’on avait à partager et ce qu’on a en commun. Le troisième but, c’est d’avoir la possibilité d’enregistrer les Arméniens comme minorité nationale en République tchèque. Enfin, c’est d’avoir une plateforme commune pour les Arméniens, afin d’échanger sur nos différentes expériences car quand on arrive ici, nous faisons face à de nombreux obstacles. Beaucoup d’entre nous se sentent notamment seuls dans cette période délicate. Cela fait donc du bien d’avoir une plateforme pour parler de ça et d’aider ensuite les nouveaux arrivants. »
Cette envie d’aider la communauté arménienne à s’intégrer et à vivre ensemble, est l’une des raisons pour laquelle Nane Asatryan, née à Prague, a rejoint l’association l’année dernière à l’âge de 20 ans. Pour elle, qui s’occupe de l’organisation de ces événements, les effets des actions menées par l’AYAC commencent à se voir :
« Évidemment, je ne vois pas d’impact sur l’ensemble de la République tchèque. Cependant, on peut en voir à l'échelle des particuliers et de certaines villes au travers des différentes manifestations culturelles. L’objectif est de partager et de représenter la culture arménienne mais également de créer des connexions avec la culture tchèque à travers des danses et des traditions. »
Avec la crise sanitaire, l’association a dû trouver des solutions et s’adapter à la situation en organisant des événements en ligne sur leur page Facebook. Ces évènements peuvent varier entre des séances de littérature ou des jeux de rôle comme « mafia game ». Contrairement à ce que l’on peut penser, ces évènements sont ouverts à tout le monde, qu’on soit arménien ou non. Les participants peuvent notamment participer à une collecte de fonds à destination des personnes victimes de la guerre du Haut-Karabakh.
Un soutien de taille au niveau national pour l’Arménie et le Haut-Karabagh
Le combat mené par l’association en soutien à l’Arménie durant la guerre, a surtout été un combat pour se faire entendre au niveau national, et plus précisément par la classe politique tchèque. Dernièrement, la Commission des affaires étrangères du Parlement tchèque a adopté une résolution sur le conflit du Haut-Karabakh, appelant l’Azerbaïdjan à libérer les prisonniers de guerre et les civils arméniens. Elle a aussi exprimé ses regrets face au non-respect par l’Azerbaïdjan de la clause de cessez-le-feu. Mais pour Arpine qui s’occupe des relations de l’association avec les politiques, ce ne sont que des paroles et non des actes.
« Peut-être que je suis un peu plus critique que les autres, mais je ne pense pas que le soutien de la République tchèque ait été énorme, loin de là. Je pense que la République tchèque et les politiciens auraient pu faire bien plus. Cette résolution, c’est seulement une formalité mais ça n’a aucun impact sur la guerre, sur les résultats qu’elle a laissés après. Au début, quand on créait des pétitions et quand on essayait de mobiliser le public tchèque et les Arméniens vivant en République tchèque, on a écrit à tous les membres du Parlement et du Sénat, c’est à dire 300 ou 400 personnes. Parmi ces gens-là, seulement une dizaine de personnes nous ont écrit avec des réponses assez ambiguës. »
Malgré ces faibles réponses, l’association a continué d’organiser des évènements jusqu’au mois d’octobre. Le plus marquant, celui organisé durant le mois d’octobre sur le pont Charles où des centaines d’Arméniens se sont retrouvés pacifiquement avec des pancartes pour dénoncer la guerre. Une protestation qui s’est déroulée dans le respect des règles sanitaires. Même si l’impact de ces évènements peut paraître faible, le message a quand même touché un public plus large. Mais pour Nane, cette situation a surtout été très dure à vivre :
« Je ne sais pas ce qui est le pire, être en Arménie, et être au milieu de tout ça ou être en diaspora et ne rien pouvoir faire. Mais nous avons fait de notre mieux pour faire prendre conscience aux gens de ce qui se passait en Arménie. »
Ces jeunes Arméniens et adhérents de l’association, veulent surtout rendre hommage aux victimes de cette guerre et rester unis. Pour Arpine, l’association a un rôle beaucoup plus important, celui d’aider les Arméniens de la diaspora à rester soudés :
« C’est important de ne pas oublier ses racines, d’enrichir la diaspora arménienne avec sa propre identité, ses propres connaissances. Même s’ils ne peuvent pas avoir un impact sur l’Arménie, ils peuvent avoir un impact au niveau local, donc il ne faut pas hésiter à rejoindre les associations comme la nôtre car on peut trouver des amitiés et on peut enrichir la diaspora ».
Les jeunes de l’AYAC espèrent donc continuer sur leur lancée en aidant les Arméniens qui vivent en République tchèque à s’épanouir tout en n’oubliant pas leur pays d’origine.