Bába, un court-métrage tchèque distingué à Cannes

Zuzana Špidlová, photo: CTK

Nous vous en parlions il y a une dizaine de jours sur nos ondes : un premier film de fiction tchèque était en compétition dans la section étudiante du festival de Cannes, la Cinéfondation. Une première qui aura marqué le coup, puisque c’est ce film de Zuzana Špidlová, qui a remporté le Premier prix de la Cinéfondation.

Zuzana Špidlová,  photo: CTK
Un sans faute, donc, pour Zuzana Špidlová qui a remporté les suffrages d’un jury présidé par le réalisateur britannique John Boorman. 17 films d’étudiants avaient été sélectionnés cette année parmi 1 400 candidats de par le monde. Avant de partir pour Cannes, elle avait accepté d’évoquer la genèse de son film, Bába, un huis-clos cruel sur la maladie et la césure entre les générations :

« C’est l’histoire d’une fille de 17 ans qui doit s’occuper de sa grand-mère malade. Elle n’est pas contente parce qu’elle le fait depuis longtemps. Elle reste enfermée dans cet appartement. Elle vit seulement avec sa mère, doit s’occuper toute seule de la grand-mère et peu à peu elle commence à la détester. Il faut dire que c’est un film d’école. Il a été réalisé à la FAMU comme un exercice de troisième année. Il est né de mes expériences personnelles mais aussi de recherches que j’ai faites dans des hospices. J’y ai parlé avec des infirmières et des gens malades. Je ne dirais pas que c’est particulier à la République tchèque. Partout en Europe la population vieillit. C’est un problème actuel. Il n’y a pas assez d’institutions d’accueil. C’est très dur d’y trouver une place. En plus, quand on y voit parfois les conditions, on n’a pas forcément envie de laisser son père, sa mère, sa grand-mère à l’hospice. Comme la mère de la fille est infirmière, elle pense sans doute au début qu’elle peut s’occuper de la grand-mère et tout faire elle-même, mais peu à peu ça devient un enfer. »

Zuzana Špidlová avoue préférer traiter de sujets de femmes qui lui sont proches. Elle a choisi pour ce faire trois femmes de générations différentes :

« La grand-mère est jouée par une comédienne amateur. C’est une dame à la retraite qui avait envie de s’amuser. Le personnage principal, Veronika, est joué par une actrice du Conservatoire de Prague. La mère est jouée par une actrice du Théâtre national. Le docteur est professionnel. Le petit garçon, lui, est joué par un amateur. Pour les rôles principaux il y avait des amateurs et une professionnelle, mais en réalité pas tant que ça : elle est débutante, c’est une jeune fille qui étudie encore le métier. »

'Bába'
Zuzana Špidlová avait déjà été repérée il y a deux ans par le directeur de la sélection, Laurent Jacob, qui, dans un entretien pour Radio Prague semblait parier sur de bons crus féminins au sein de la FAMU, l’école de cinéma tchèque. 15 000 euros, c’est la somme coquette qui va de pair avec le Premier prix, une somme à renflouer dans un futur projet cinématographique. Celui de Zuzana Špidlová, c’est un long métrage qui devrait voir le jour en France et dont elle a déjà tracé les grandes lignes. Un film psychologique, une fois de plus, qui devrait s’inspirer de Bába.

L’avenir dira si, comme le pensait Laurent Jacob il y a deux ans, et comme l’a relevé John Boorman cette année, le cinéma de demain, et tchèque en particulier, appartiendra en effet aux femmes...