Babiš à Washington : « make Czech Republic great again ! »
Le Premier ministre tchèque a rencontré jeudi le président des Etats-Unis. L’entretien à la Maison Blanche a duré un peu plus d’une heure et a priori il n’y a pas d’eau dans le gaz entre Prague et Washington.
Premier enseignement de la visite d’Andrej Babiš à Washington : trois ans après son enregistrement officiel, le nom simplifié de la République tchèque, Czechia, n’a toujours pas pris dans le monde anglophone.
Dans tous les documents officiels de la Maison Blanche, dont le communiqué commun, il est uniquement question de « Czech Republic », le nom d’ailleurs employé par Andrej Babiš lui-même dans son petit laïus d’introduction :
« M. le Président, j’ai écouté votre dernier discours sur l’état de l’Union et je comprends parfaitement votre plan ‘Make America great again’. J’ai moi-même un plan similaire: ‘Make Czech Republic great again’ »
Au pays où les armes à feu sont un fléau meurtrier, Andrej Babiš avait choisi comme cadeau pour le président Trump un objet dont le nom est d’origine tchèque : un pistolet.
Pas n’importe quel flingue - une édition limitée du CZ 75 fabriqué à Uherský Brod, plaqué or et portant l’inscription « Pravda vítězí » (la vérité vaincra), devise du président Masaryk dont la photo orne le coffret. Andrej Babiš:« Ce jour est très symbolique car c’est l’anniversaire de Tomáš G. Masaryk, qui était d’ailleurs marié à une Américaine. Nous venons de fêter le centenaire de notre république, que les Etats-Unis ont aidée à fonder.(…) Nos deux pays sont désormais alliés dans l’OTAN – nous allons célébrer les 20 ans de notre adhésion la semaine prochaine et nos soldats combattent le terrorisme international aux côtés des soldats américains. »
Gaz américain
Après son entretien avec Donald Trump, Andrej Babiš s’est félicité d’avoir « établi une connexion personnelle avec lui ».
Tandis que, côté tchèque, on s’attendait à parler davantage des menaces de taxes américaines sur les voitures européennes, qui font en fait surtout l’objet de négociations directes entre Washington et Bruxelles, il semble que du côté de Donald Trump et de ses collaborateurs il y ait eu un intérêt prononcé pour le secteur énergétique et notamment pour les futurs débouchés du gaz naturel liquéfié (GNL) américain :
« Il m’a demandé ce qu’il se passerait si la Russie cessait ses livraisons de gaz. Je lui ai dit que ce n’était pas d’actualité et que ce n’était pas possible de changer de fournisseur aussi vite. Les Américains ont le GNL mais ils ne sont pas encore concurrentiels. (…) Ils veulent construire un terminal en Pologne - pays qui est farouchement opposé au projet de gazoduc Northstream - et peut-être qu’on pourra alors envisager un gazoduc vers le sud de l’Europe qui passera par la Tchéquie et l’Autriche. »
Le Premier ministre tchèque a ajouté que l’énergie nucléaire avait été également abordée, avec la réaffirmation de l’intérêt de la firme Westinghouse pour de potentiels nouveaux réacteurs en Tchéquie.Côté militaire, la partie américaine a de nouveau évoqué les hélicoptères de fabrication locale qu’elle aimerait vendre à l’armée tchèque.
Pour ce qui est des dossiers de cybersécurité, Andrej Babiš a précisé qu’il avait été accompagné à la Maison Blanche par l’attaché diplomatique tchèque expert dans ce domaine.
Des fleurs pour l’ex belle-mère de Trump
Le Premier ministre a déclaré qu’il espérait qu’une suite serait donnée à ce premier entretien avec le président américain.
Il a invité à Prague sa conseillère, qui n’est autre que sa fille Ivanka Trump, et Andrej Babiš a décidé de beaucoup miser sur le fait qu’elle soit d’origine tchèque – il vient même d’envoyer des fleurs à sa grand-mère : âgée de 92 ans, l’ex belle-mère de Donald Trump, Marie Zelníčková, vit toujours à Zlín, en Moravie.
Ce vendredi, le chef du gouvernement tchèque devait s’entretenir avec la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, mais finalement il ne rencontrera que le chef des Républicains de la Chambre, Kevin McCarthy.Le programme officiel de sa dernière journée aux Etats-Unis prévoit ensuite des discussions avec des dirigeants de l’AIPAC et d’autres organisations juives américaines, puis une étape au mémorial pour les victimes du 11 septembre, avant de terminer par la visite d’un incubateur d’entreprises.