Bernard Boidin, de la Mission économique de Prague : « La République tchèque résiste mieux à la crise que d’autres pays »

Bernard Boidin, chef de mission et conseiller économique et social dirige la Mission économique de Prague. Il nous explique quelle sont ses fonctions et commente la situation des échanges économiques franco-tchèques dans le contexte actuel de crise.

Bernard Boidin,  photo: www.50passeports.com
« La mission économique de Prague est le service économique de l’Ambassade de France en République tchèque. Elle a une double vocation. D’une part, c’est toute la partie dite régalienne, c’est-à-dire le suivi de la relation économique et commerciale bilatérale entre les deux pays, le suivi de tous les dossiers communautaires auxquels contribuent la France et la République tchèque. C’est aussi analyser le ‘risque pays’, pour savoir si la République tchèque est un bon risque au plan financier. C’est l’analyse financière, l’analyse économique, que font parfois d’autres organismes plus spécialisés que nous mais appartenant au Ministère français de l’économie, des finances et de l’emploi, nous avons ce rôle d’analyse et d’observation. Par ailleurs, il y a un deuxième volet de l’action, qui est l’appui au développement international des entreprises françaises, c’est-à-dire tout simplement comment aider nos entreprises à s’implanter ici ou à davantage commercer avec la République tchèque. C’est donc le service d’appui aux entreprises. Nous avons un rôle d’analyse stratégique d’aide aux entreprises sur la meilleure manière d’aborder le marché, et sur quels secteurs et quels sont les partenariats potentiels etc., l’objectif étant d’amener davantage de PME sur ce marché, de nouer davantage de partenariats pour densifier notre relation commerciale bilatérale. »

Avec les présidences successives françaises et tchèques de l’Union européenne, les deux pays ont décidé d’inscrire ces 12 mois dans un programme de coopération désigné comme « l’année économique franco-tchèque ». L’objectif est de dynamiser les échanges, ce qui se traduit par l’organisation de salons, en France et en République tchèque, avec une participation accrue des entreprises françaises lors du salon MSV de Brno par exemple, l’organisation de séminaires, ou encore la mise en place du programme « passeport pour l’avenir », qui consiste à favoriser les échanges de stages entre entreprises tchèques et françaises. Pour Bernard Boidin, cette coopération est particulièrement importante dans le contexte de crise actuelle :

« Dans ce contexte de crise économique, dans lequel il ne faut pas être trop dominé par le pessimisme ambiant, il y a une dynamique dans nos relations commerciales bilatérales. Elles progressent depuis plus de 10 ans, elles se sont beaucoup dynamisées depuis l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne. Nous échangeons en bilatéral plus de 8 milliards d’euro de produits. La République tchèque enregistre vis-à-vis de la France un excédent commercial. La France est ici le 6ème ou 7ème partenaire commercial, le 4ème investisseur puisqu’il y a plus de 480 entreprises françaises implantées sur ce marché et donc nous souhaitons que les domaines qui souffrent actuellement soient compensés par de nouvelles arrivées, de nouveaux échanges dans le domaine des biens de consommation, dans le domaine des services, dans le domaine aussi des savoir-faire en terme de recherche et développement. Il y a là des marges de progression. Et j’observe qu’en dépit de la crise, des investissements nouveaux ont été enregistrés ces derniers temps. Il y a dans le domaine pharmaceutique ce mariage entre Sanofi et Zentiva, mais il y a d’autres projets qui sont en cours et des entreprises françaises qui continuent à engager leur implantation sur ce marché, dans le domaine de la distribution spécialisée par exemple. Il y a aussi de grands projets qui vont être menés en République tchèque et auxquels peuvent contribuer des entreprises françaises qui sont excellentes et de renommée mondiales et qui sont présentes ici. »

En République tchèque, vous êtes un observateur privilégié de l’économie tchèque. Pensez-vous qu’elle parvient à résister à la crise globalement ?

« Jusqu’à présent, à notre grande surprise, mais c’était une analyse, oui. D’abord, la République tchèque n’est pas rentrée dans la crise en même temps que les autres pays parce qu’il n’y a pas eu de crise financière ici. C’est une crise qui a été importée parce que c’est un pays qui est extrêmement ouvert sur l’extérieur. Je l’ai évoqué tout à l’heure pour les échanges qui sont extrêmement importants puisqu’ils représentent plus de 130% du PIB tchèque. Il est normal maintenant que la République tchèque soit directement impactée par la baisse d’activités dans tous les pays avec lesquels elle commerce et elle échange. Les pays des Etats membres de l’UE représentent 80% des échanges du pays. Quand on voit la chute observée, que ce soit en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni mais aussi dans les pays voisins, il n’est pas étonnant que la République tchèque soit touchée. Il est clair qu’elle part d’une situation où les fondamentaux économiques sont très solides. Sa résistance à la crise est meilleure que d’autres pays qui sont dans des situations plus fragiles, plus précaires. »

Dans le cadre de cette année économique franco-tchèque, de nouvelles manifestations seront organisées très prochainement, avec par exemple, le 24 avril prochain, un séminaire sur la propriété intellectuelle et la contrefaçon suivi quelques jours plus tard d’un colloque bilatéral sur les partenariats public-privé.