Déficit public : du mieux sous un gouvernement Fiala dont beaucoup, toutefois, attendent encore mieux

L’annonce aux médias du bilan budgétaire du gouvernement en 2024

271,4 milliards de couronnes (environ 10,8 milliards d’euros) est le montant total finalement atteint par le déficit de l’État tchèque en 2024. Si, lundi, à l’annonce des chiffres, le Premier ministre Petr Fiala s’est félicité de la discipline de son gouvernement dans sa volonté de réduire le rythme de l’endettement public, et s’il s’agit du bilan le moins négatif depuis la pandémie de Covid-19, il n’en demeure pas moins également, comme l’ont fait remarquer ses critiques, qu’il en va du cinquième déficit le plus élevé de l’histoire du pays.

En matière de politique, 2025 en Tchéquie, faut-il encore le rappeler, sera d’abord une année électorale. « Une année déterminante », même, selon le message vidéo adressé aux Tchèques par Petr Fiala le jour de l’An, qui, toujours si l’on s’en tient à ses propos, « déterminera si la Tchéquie retourne (ou non) à l’ère du chaos ».

À neuf mois de la tenue des législatives, qui constituent les élections les plus importantes dans le régime parlementaire que possède la Tchéquie, c’est donc aussi dans ce contexte politique déjà tendu, avec en perspective pour l’heure, selon les sondages, un retour fort possible d’Andrej Babiš au pouvoir, qu’il convient d’interpréter l’exercice d’autosatisfaction effectué par le Premier ministre lundi, lors de l’annonce aux médias du bilan budgétaire de son gouvernement en 2024.

Petr Fiala | Photo: Bureau du Gouvernement tchèque

« Notre gouvernement parvient à maintenir les finances publiques sous contrôle. Nous respectons ainsi l’une des principales promesses que nous avions faites aux Tchèques, à savoir réduire les montants des déficits de manière à faire ralentir une croissance de la dette publique qui était l’une des plus rapides en Europe et que nous avions héritée du gouvernement Babiš [précédent]. »

Avec près de 11 milliards d’euros, qui est donc le cinquième déficit le plus important depuis 1993 et la partition de la Tchécoslovaquie, Petr Fiala s’est d’abord félicité du fait que son gouvernement parvienne à respecter les montants successivement annoncés.

Si ce sont initialement 252 milliards de couronnes (10 milliards d’euros) qui avaient été envisagés dans la loi des finances pour 2024, année où pour la première fois depuis son adhésion à l’OTAN la Tchéquie est parvenue à consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires, les graves dégâts causés par les inondations qui ont touché le pays en septembre ont contraint le Parlement, un mois plus tard, à adopter un amendement de manière à pouvoir augmenter le déficit de 30 milliards supplémentaires.

Et paradoxalement, comme n’ont pas manqué de le souligner les analystes, c’est très probablement cette même catastrophe naturelle qui, grâce alors à une forme de « surestimation » de l’aide financière nécessaire (seuls un peu plus de 15 milliards ont été dépensés, selon le ministre des Finances, Zbyněk Stanjura), a finalement permis au ministère des Finances de réduire (de quelque 17 milliards de couronnes, environ 700 millions d’euros) le montant du déficit par rapport à 2023, quand il était redescendu en dessous de la barre des 300 millions pour la première fois depuis l’apparition du coronavirus en 2020.

Surtout, au-delà de cette réduction progressive en valeur absolue, le Premier ministre, à la tête d’une coalition de quatre partis de centre-droit, s’est aussi félicité de l’amélioration du rapport avec le PIB. Petr Fiala a ainsi rappelé qu’alors que le déficit représentait encore plus de 5 % du PIB au moment de la formation de son gouvernement en 2021, il ne devrait plus être que de 2,3 % cette année, et ce, alors que la loi des finances table sur une nouvelle baisse à un montant de 241 milliards de couronnes pour 2025 (9,5 milliards d’euros).

Ainsi, donc, malgré le ralentissement de son rythme, la dette publique de la Tchéquie ne cesse de croître. Avec un montant total de 3 365 milliards de couronnes (près de 135 milliards d’euros), elle représentait 42,8 % du PIB au 31 décembre dernier, contre 40,8 % à la fin de l’année 2023.