Ça s'est passé une fois, on n'a pas envie que ça se repasse une autre fois
Le film « Mon premier souvenir en couleur » est un projet commun des étudiants tchèques et français du lycée Alphonse Daudet à Nîmes qui ont interrogé et filmé d'anciens déportés des camps de concentration. Cédons encore une fois la parole à Mme Nadine Vicenzi, professeur d'histoire et initiatrice du projet, pour évoquer avec elle les moments forts qui ont marqué le tournage.
« Je dois dire que l'un des moments forts, c'était bien évidemment l'interview du Centre communautaire juif à Prague et là se sont présentées cinq dames, dont la grand'mère de Linda, une de nos élèves tchèques, et ces dames ont été absolument étonnantes dans la mesure où elles ont voulu absolument témoigner ensemble. Elles ont fait les mêmes camps, elles ont fait cinq camps et ont survécu et ce qui est extraordinaire c'est que nous les Français on ne maîtrisait pas la langue tchèque, on n'avait aucun rudiment de langue tchèque, et pourtant, pendant ces interviews, on a été extrêmement ému, on avait l'impression de comprendre, malgré la barrière de la langue, il y avait des choses qui passaient dans la salle et moi je vous avoue avoir pleuré pendant ces interviews sans savoir précisément ce qui était dit. C'était l'un des premiers moments forts. Le deuxième moment fort, c'était la découverte du camp de Terezin. Nous en France, on connaît des camps d'extermination, des camps de Pologne, mais pas Terezin qui était un camp d'internement et de transit et je dois dire que l'on l'a découvert avec les élèves français et les élèves tchèques dont aucune ne l'avait connu auparavant.
Ce qui était fabuleux c'est que l'on a découvert un camp qui était un peu l'équivalent du camp de Terezin, près de chez nous, à 80 km de Nîmes, comme Terezin est à 60 km de Prague, et on a découvert également un camp d'internement et de transit à 80 de la ville d'Aix-en-Provence, cette ville qui fait rêver une grande partie de l'Europe, un camp dont sont partis deux mille adultes et enfants juifs vers des camps de Pologne. Ça aussi, c'était un des moments forts et je dois dire que tout le film est conçu sur ce parallèlisme entre ce qui se passe en France et ce qui se passe en République tchèque et on a vécu les mêmes choses et on en est aujourd'hui les héritiers. Le film, c'est un peu ça ; de qui on est les héritiers, et cet héritage on veut absolument le transmettre, car comme le dit dans le film Mariana, l'élève tchèque - cela s'est passé une fois et on n'a pas envie que ça se repasse une autre fois. L'idée du film est celle-là, je crois. Aider les jeunes à devenir des citoyens responsables, les aider à s'engager ».