« Cela peut arriver à n'importe lequel d'entre nous » : l'homophobie meurtrière vue de Prague

La mort par balle, la semaine dernière, de deux jeunes homosexuels dans la capitale slovaque, Bratislava, a également ébranlé la Tchéquie, avec un lien établi par bon nombre de personnes concernées entre les représentations négatives des minorités sexuelles et les actes de violence. Adéla Horáková est une des figures de proue à Prague de la lutte pour la reconnaissance du mariage pour tous :

Adéla Horáková | Photo: Jana Plavec

« Tout d'abord, c'est la tristesse - la tristesse pour les victimes, pour leurs familles, pour toutes les personnes LGBT en Slovaquie, dans la région et en Europe. Je pense que la deuxième réaction, ou émotion, la plus fréquente, je l'ai vue lors des veillées, sur les médias sociaux, parmi mes amis, est la colère. Les gens sont en colère contre les personnes qui ont laissé faire, qui ont permis que cela se produise et qui continuent à le faire ».

La présidente slovaque, Zuzana Čaputová, a fait preuve d'une grande empathie après la terrible fusillade de Bratislava. Que pensez-vous de la réponse des politiciens ici en Tchéquie ?

« Je n'ai pas fait un examen exhaustif de toutes les expressions de chagrin ou des commentaires des politiciens tchèques. Mais d'après ce que j'ai vu, nous avons vu des réactions très réconfortantes et empathiques de la part de certains de nos politiciens tchèques : celle du ministre des Affaires étrangères, celle du parti pirate, de nombreuses personnes du parti des maires, mais aussi beaucoup d'autres, je ne veux pas parler d'un seul parti.

Mais nous avons aussi vu des déclarations au mieux maladroites et mal informées. Et puis nous avons également entendu un silence assourdissant de la part de personnes qui, très souvent, se jettent sur Twitter dès qu'il y a un nouvel article sur les personnes trans au Royaume-Uni. Ils sont là - et commentent généralement de manière très mal informée et trompeuse. Mais maintenant, ils sont très silencieux - et je pense que ce silence parle de lui-même. »

Vendredi, CNN Prima News a lancé une sorte de 'sondage' sur ses réseaux sociaux, demandant aux gens aux gens leur avis sur la communauté LGBT et si elle les dérangeait. Plus tard, ils se sont excusés pour cela. Mais quelle est votre réaction quand vous voyez quelque chose comme ça ?

« Eh bien, c'est absolument horrible. Je crois que ce sondage était sur Tik-Tok, qui est l'endroit où se trouvent les jeunes. Qu'est-ce que ça dit à un jeune gay qui vient d'entendre parler d'autres jeunes gays qui ont été assassinés pour ce qu'ils sont ? "Et la première chose que cette chaîne de télévision soi-disant sérieuse demande est si si l'existence des LGBT dérange les gens. C'est absolument ahurissant, la quantité d'homophobie cachée et le manque d'empathie dans la conduite de CNN Prima. Je ne comprends pas comment CNN peut prêter son nom à cela. Ils se sont excusés, c'est vrai.

Mais ils ne se sont pas excusés, par exemple, d'avoir invité une personne ouvertement homophobe à leur soi-disant débat juste après la fusillade. Elle a dit en substance que les bars gays sont des endroits étranges, laissant entendre en quelque sorte que les deux hommes qui ont été assassinés étaient peut-être un peu à blâmer pour avoir fréquenté ces supposés endroits étranges. C'est tout simplement horrible. »

Avez-vous l'impression que les membres de la communauté LGBT tchèque sont plus inquiets pour leur sécurité, après ce qui s'est passé à Bratislava ?

« Absolument. Absolument - toutes les personnes que j'ai rencontrées sont inquiètes pour leur sécurité. Cela peut arriver dans un club gay. Cela peut arriver dans un rassemblement gay. Cela peut arriver n'importe où dans la rue, à n'importe lequel d'entre nous. Nous n'avons pas été très en sécurité et nous le sommes encore moins en ce moment. Les gens qui ont des enfants sont inquiets, ils se demandent ce que cela va leur faire, si leurs enfants peuvent être affectés. Oui, nous avons peur. Et nous attendons que l'État, que les politiciens nous protègent. Nous attendons des mesures concrètes et un plan d'action sur la façon de mettre fin à la l'homophobie et la transphobie. Les tweets ne suffisent pas. »