Ces Russes qui s’établissent en Tchéquie

Фото: Штепанка Будкова

La Tchéquie a beaucoup d’attrait pour les ressortissants russes. Plus de détails dans cette nouvelle revue de presse qui propose ensuite un regard sur les manifestations des « gilets jaunes » en France. Elle présentera aussi un souvenir lié aux séjours de l’ancien président américain George H. W. Bush à Prague. Le départ à la retraite du général Petr Pavel, ancien chef du comité militaire de l’OTAN, et la situation sur la scène médiatique tchèque sont deux autres sujets traités.

Karlovy Vary | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Les Russes sont désormais nombreux à s’installer en Tchéquie. Ils sont éduqués, achètent de nouveaux logements et manifestent une volonté d’entreprendre. C’est ce dont fait part l’éditorial du quotidien Lidové noviny de samedi dernier qui précise :

« Les Russes qui vivent à l’heure actuelle en Tchéquie échappent aux préjugés stéréotypés et, à bien des égards, ils diffèrent des autres minorités établies dans le pays. Les données statistiques révèlent notamment qu’ils représentent la communauté la plus éduquée et qu’une faible partie d’entre eux seulement sont des employés, la majorité se mettant en valeur en tant qu’entrepreneurs. Ainsi, les Russes qui possèdent près de 15 000 societés seraient, après les Tchèques, les deuxièmes plus importants propriétaires de groupes et d’entreprises. Et tout indique qu’ils ne sont pas venus en Tchéquie pour un réaliser un profit de courte durée mais pour s’y établir pour de bon. »

Le journal rapporte que les Russes très aisés préfèrent vivre en Europe occidentale et que les nouveaux riches qui étaient habitués à s’installer dans des villes d’eaux comme Karlovy Vary ou Teplice les ont finalement quittées. Toutefois, les données statistiques confirment que le nombre de Russes vivant en Tchéquie n’a de cesse d’augmenter. Les chiffres sont éloquents : plus de 37 000 autorisations de séjour pour les citoyens russes enregistrées cette année par rapport à quelque 23 000, il y a dix ans. La majorité d’entre eux choisissent comme lieu de séjour Prague, Karlovy Vary demeurant la deuxième destination la plus sollicitée. Le journal Lidové noviny a encore écrit :

« La présence de ressortissants russes a un impact important sur le marché immobilier. Tandis qu’après la crise de 2014 qui a entraîné la chute du rouble, les Russes ont cessé d’acheter des appartements à Prague, la situation a changé au fur et à mesure. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux investissent dans l’immobilier et n’hésitent pas à acheter des logements par dizaines. »

Le journal Lidové noviny indique enfin que les activités des entrepreneurs russes sont suivies et font régulièrement l’objet des rapports annuels du BIS, le Service de renseignement de sécurité.

Les « gilets jaunes » vus de Tchéquie

Photo: ČTK/AP/David Vincent
Les manifestations des « gilets jaunes » ont montré qu’il serait difficile d’éliminer prochainement les énergies fossiles qui sont la principale source de gaz à effet de serre. C’est ce que titre un article publié sur le site novinky.cz qui revient sur les émeutes qui secouent la France. Son auteur a écrit :

« Comme on le sait, en France, les manifestations sont chose courante. Mais cette fois-ci, elles sont différentes, car elles ne sont pas organisées par une centrale syndicale ou par un parti politique. Les ‘gilets jaunes’ sont un mouvement spontané de gens qui n’arrivent plus à supporter la hausse des prix. Le président Macron a choisi une manière de pression propre, c’est à dire celle qui est d’ordre économique. Il n’a pas imposé une interdiction de ventes comme l’avait fait l’Union européenne dans le cas, par exemple, des ampoules électriques. Pourtant, cette pression s’est avérée trop forte, provoquant des mouvements de protestation qui ont touché l’ensemble du pays. »

La France est ainsi devenu le premier champ de bataille sur lequel se déroulent les combats pour l’avenir de la Terre. Toujours selon l’auteur de ce texte, leur enjeu est de savoir s’il est possible de quitter à temps les énergies fossiles tout en évitant que ce nouveau défi ne devienne trop dur pour la population et qu’il ne débouche sur des manifestations beaucoup plus vastes et beaucoup plus violentes que jusqu’ici.

Quand George H. W. Bush était à Prague

George H. W. Bush,  photo: public domain
« Pour les Tchèques, George H. W. Bush fut le premier président américain d’après la chute du régime communiste. Ce n’était pas le fameux Ronald Reagan qui a battu ‘l’empire du Mal’ soviétique, mais c’était l’homme qui est venu en deuxième. » C’est ainsi que l’hebdomadaire Respekt a évoqué le souvenir de l’ancien président américain qui est décédé vendredi dernier. Il a aussi écrit :

« Le souvenir que les Tchèques vont garder en mémoire est lié à la présence de l’ancien président George Bush père, le 17 novembre 1990, sur la place Venceslas, à Prague, à l’occasion du premier anniversaire de la révolution de Velours. Là où il a fait sonner, devant une centaine de milliers de personnes, une réplique de la Cloche de la liberté qu’il avait apportée. Et c’est un peu plus tard qu’il a introduit l’ancienne Tchécoslovaquie, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, dans la communauté des pays cherchant la justice internationale. L’engagement d’une unité chimique tchécoslovaque dans la première guerre du Golfe avait un effet psychologique. La raison était simple : quelques mois auparavant, les alliés de l’opération Tempête du désert étaient perçus comme les plus grands ennemis du régime communiste. »

Le site aktualne.cz remarque que George Bush est le premier et l’unique président américain à avoir effectué une visite dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Or, après la Deuxième Guerre mondiale, plusieurs présidents américains, anciens ou futurs, sont venus dans le pays, dont Richard Nixon à quatre reprises, mais jamais au cours de leur mandat. Le site rappelle également que George Bush père, ex-président, est revenu dans le pays encore en 1999 pour participer aux festivités liées au 10ème anniversaire de la chute du régime communiste et pour être décoré d’une haute distinction d’Etat, l’Ordre du lion blanc.

Le général Petr Pavel : un départ à la retraite très remarqué

Le général Petr Pavel,  photo: Archives de ČRo
L’ensemble des médias ont retenu le départ à la retraite, le 30 novembre, à l’âge de 57 ans, du général d’armée Petr Pavel. « Un archétype du militaire, un général érudi, un excellent diplomate et un esprit provocant », a écrit, par exemple, le site aktualne.cz. Le journal Mladá fronta Dnes a de son côté constaté que le nom du général Petr Pavel n’a jamais été éclaboussé par un scandale concernant l’armée ou la vie publique. Et de souligner :

« Ancien président du comité militaire de l’OTAN, il est le premier Tchèque et le premier représentant des nouveaux pays membres de l’Alliance à avoir occupé, pendant trois ans, à partir de juin 2015, un poste d’une telle importance. Le tout au moment où l’OTAN avait à affronter la période probablement la plus difficile des deux dernières décennies. L’annexion par la Russie de la Crimée, la guerre contre l’Etat islamique, les critiques du président américain Donald Trump à l’adresse des alliés européens, la crise migratoire, autant d’événements qui l’ont marqué. »

C’est aussi le quotidien Hospodářské noviny qui s’est penché sur le départ en « retraite militaire » du général Petr Pavel, « le Tchèque le plus influent au sein de l’OTAN » et « dont la vie et la carrière profesionnelle n’auraient rien à envier à un fascinant ouvrage de science-fiction. »

Les médias en République tchèque

Photo illustrative: yelnathalie / Pixabay,  CC0
Une grande méfiance à l’égard des médias, une faible éducation médiatique et le renforcement des sites de désinformation en rapport avec le climat anti-migration. Tels sont les principaux éléments à retenir d’une analyse de la scène médiaque tchèque effectuée par la Go Think Initiative en collaboration avec la fondation allemande Friedrich-Erbert-Stiftung et concernant la situation médiatique en République tchèque. Le journal en ligne Denik Referendum a écrit à ce propos :

« Le problème, ce sont aussi la propriété peu transparente des médias et le processsus de ‘l’oligarchisation’ qui aurait commencé en 2013, au moment où la société de l’actuel Premier ministre, Andrej Babiš a acheté le puissant groupe multimédia Mafra. Une des spécificités de la République tchèque, c’est que depuis la crise économique en 2008, les médias sont prioritairement en possession d’hommes d’affaires locaux. De ce fait, l’oligarchisation se déroule sous la baguette tchèque. »

Une récente enquête a également révélé que neuf Tchèques sur dix avaient recours aux informations en ligne et que seuls 32 % d’entre eux lisent aussi la presse écrite traditionnelle.