Petr Pavel : « Les Russes vivant à l’Ouest doivent faire l’objet d’une surveillance accrue »
Le président tchèque Petr Pavel s’est prononcé pour des mesures de surveillance des ressortissants russes installés en Occident.
Dans un entretien en anglais diffusé jeudi par Radio Free Europe, le chef de l’Etat s’est exprimé sur plusieurs sujets de politique internationale. Selon lui, le Sommet de l’OTAN organisé à Vilnius dans moins d’un mois, devrait être l’occasion d’une prise de position claire quant à l’avenir de l’Ukraine au sein de l’Alliance transatlantique.
Mais ce sont ses propos sur les citoyens russes dans les pays de l’Ouest qui ont été davantage repris par d’autres médias internationaux.
« Tous les Russes vivant dans les pays occidentaux devraient être surveillés beaucoup plus que par le passé parce qu'ils sont citoyens d'une nation qui mène une guerre agressive », a notamment déclaré le président tchèque sur l’antenne de la radio financée par le Congrès américain.
« Je peux être désolé pour ces personnes, mais en même temps, lorsque nous regardons en arrière, lorsque la Seconde Guerre mondiale a commencé, toute la population japonaise vivant aux États-Unis était également soumise à un régime de surveillance stricte. C'est tout simplement le coût de la guerre », a ajouté Petr Pavel en précisant que cela signifiait pour lui que les services secrets devaient s’employer à surveiller de près les ressortissants russes.
La politique de répression très dure menée contre les Japonais et Américains d'origine japonaise aux États-Unis est une réalité historique qui a valu des critiques au président tchèque.
Ces propos ont évidemment fait par ailleurs réagir dans la sphère pro-Kremlin mais aussi jusque dans les rangs des opposants au régime de Poutine.
« Petr Pavel, le président de la République tchèque, suggère que tous les ressortissants russes vivant en Occident soient "surveillés" par les services de sécurité. C'est très bien. Et s'il commençait par la famille de Boris Obnosov, le principal conseiller de Poutine en matière de missiles ? », a réagi sur Twitter Maria Pevchikh, la présidente de la Fondation anti-corruption d’Alexeï Navalny, en référence à cette famille russe dont le patrimoine immobilier en Tchéquie a été estimé par la presse locale à près de 10 millions d’euros.
Avant d’avoir été président du comité militaire de l’OTAN, Petr Pavel a été le chef de l’État-major de l’armée tchèque, qui a été mobilisée en 2014 pour la surveillance du site de munitions de Vrbětice, soufflé par des explosions attribuées aux services russes.
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« La Russie a commis un acte terroriste orchestré par l'État dans notre pays dans un passé récent, à Vrbětice, qui a eu des conséquences considérables. Une grande majorité de Russes soutient le président Poutine, l'agression contre l'Ukraine et même les attaques contre des cibles civiles », a déclaré la porte-parole du président à Denik N qui lui demandait de préciser ses propos.
« Dans une telle situation, ce serait un échec répréhensible de nos propres forces de sécurité et une menace pour la sécurité de nos propres citoyens si ces forces n'accordaient pas une attention accrue à la communauté russe vivant dans notre pays. Naturellement, pas à chaque individu, mais aux éventuels facteurs de risque. Il ne faisait en aucun cas référence à la possibilité d'un internement ou d'une persécution quelconque », a ajouté Markéta Řeháková.
Samedi marque le centième jour depuis le début de la présidence Pavel, qui contraste fortement avec la précédente. Miloš Zeman, son prédécesseur, avait été jusqu’à mettre en doute l’implication de la Russie dans les explosions de Vrbětice en dépit des conclusions de l’enquête qui lui avaient été communiquées.