Ces usines qui méritent d'être sauvées

L'architecture industrielle du passé reflète une partie de l'histoire de l'humanité. Que faire pour la sauver, à l'époque où le développement impétueux de nouvelles technologies relègue cette architecture à l'oubli et à la ruine.

Des usines abandonnées, des brasseries délabrées, des gares vétustes - telle est souvent l'image qu'offrent les édifices qui, à l'époque où on les a construits, étaient les exemples de la modernité. C'est dans les locaux de l'ancienne centrale d'épuration des eaux résiduaires, à Prague-Bubenec, qu'on organise, ces jours-ci, la deuxième biennale internationale intitulée "Les Traces industrielles dans le monde postindustriel". Déjà l'endroit où cette manifestation a lieu, ne manque pas d'intérêt. On peut dire, sans exagérer, que cette ancienne centrale d'épuration est un des plus beaux bâtiments du quartier. Construite entre 1895 et 1906, elle se distingue par l'élégance chaleureuse de sa façade en briques rouge. A l'intérieur, le visiteur s'engouffre dans un labyrinthe de salles et de galeries souterraines et doit admirer le savoir faire et le goût recherché des constructeurs de la centrale.

Aujourd'hui, l'édifice abrite le Musée écotechnologique et la biennale de l'architecture industrielle. "Depuis les années quatre-vingt-dix, on assiste à un regain d'intérêt pour les monuments techniques et le patrimoine industriel, mais on manque d'argent pour la reconstruction et une nouvelle utilisation de ces édifices," constate Benjamin Fragner, directeur du Centre des recherches du patrimoine industriel. Il est urgent de prendre des mesures pour sauver ces monuments abandonnés, dont le nombre s'accroît considérablement, et qui sont menacés par la dévastation et la démolition. On connaît de nombreux exemples réussis de la désaffectation de vieux bâtiments industriels à l'étranger. En Tchéquie, de telles réussites sont peut être moins nombreuses, mais elles existent aussi: le château d'eau de Prague-Branik transformé en galerie d'art cubiste, les anciens ateliers de Prague-Karlin, reconstruits par le célèbre architecte catalan Ricardo Bofill, l'ancienne brasserie de Broumov abritant aujourd'hui des ateliers d'art et un centre d'hébergement. Grâce à la participation des étudiants de la polytechnique de Prague, la biennale de Prague-Bubenec propose, aussi, toute une série de projets de reconstruction d'autres édifices industriels menacés qui devraient être sauvés pour les générations à venir.