Cette année encore, pommes, cerises et autres abricots seront un luxe en Tchéquie
Le froid qui sévit ces derniers jours après les fortes températures du début du printemps aura, cette année encore, des conséquences très néfastes sur la production de fruits. Ce jeudi, les fruiticulteurs et le ministre de l’Agriculture ont constaté l’ampleur des dégâts causés par ce gel hivernal tardif.
Certes, comme à la fin du mois de mars et début avril, quand nombre de nouveaux records de chaleur ont été enregistrés, le thermomètre pourrait bien de nouveau afficher jusqu’à 25 °C en République tchèque ce week-end. Mais pour beaucoup de producteurs de fruits, dont les arbres ont fleuri et se sont développés de manière particulièrement précoce cette année, ce retour d’une météo plus favorable à leur activité en cette période de l’année interviendra trop tard. Après un début de printemps extrêmement doux, voire donc même chaud, l’épisode de froid de ces derniers jours a causé d’importants dégâts dans les vergers du nord au sud et de l’ouest à l’est du pays.
Ce jeudi matin, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue dans un verger d’un petit village de Bohême centrale, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Prague, le ministre de l’Agriculture, Marek Výborný, a confirmé, manteau d’hiver sur les épaules et écharpe autour du cou, que les gelées de ces derniers jours, avec un mercure qui est parfois resté figé bien en dessous de 0 °C durant plusieurs heures, avaient d’ores et déjà anéanti dans une large mesure la fructification espérée :
« Dans des circonstances normales, nous serions réunis ici aujourd’hui pour annoncer une bonne récolte, avec environ deux semaines et peut-être même un mois d’avance. Malheureusement, la République tchèque est frappée depuis une semaine par des gelées catastrophiques. Il ne s’agit pas des gelées tardives traditionnelles dont il est possible de se protégrer efficacement, mais d’un gel hivernal classique, et les dégâts que nous subissons actuellement dans les vergers en Bohême et dans une moindre mesure en Moravie sont irrémédiables. »
Selon les première estimations, le montant des pertes découlant des dommages causés par le gel sur l’arboriculture fruitière sera supérieur à un milliard de couronnes (40 millions d’euros). Président de l’Union des producteurs de fruits de République tchèque (OUČR), Martin Ludvík a lui aussi regretté que malgré de nombreuses nuits blanches, le froid ait eu raison de tous les moyens mis en œuvre par les producteurs pour sauver ce qui pouvait l’être :
« En tant que fruiticulteur qui se consacre à son activité depuis toujours et représentant d’une organisation professionnelle, il m’est vraiment difficile de trouver les mots justes. Cependant, si je devais choisir celui qui, à mes yeux, décrit le mieux la situation, ce serait aussi le mot ‘catastrophe’. Le gel a déjà détruit plus de 90 % de la production et malgré tous leurs efforts, la majorité des producteurs n’auront aucune récolte et aucunes recettes cette année. »
Au total, ce sont quelque 100 000 tonnes de fruits qui ont été détruites. Un anéantissement qui, pour les producteurs, et en espérant que la saison prochaine soit meilleure, est aussi synonyme d’une année et demie à venir durant laquelle les faibles revenus ne permettront pas de compenser les dépenses. Une dure réalité dont est bien conscient le ministre de l’Agriculture :
« La République tchèque n’a jamais connu une telle situation au cours des cent dernières années, si l’on s’en tient aux dires des experts. Ce qui importe désormais donc, c’est de mettre tous les moyens en œuvre pour aider nos producteurs à faire face et faire en sorte que les vergers ne disparaissent du paysage de notre pays à l’avenir. Actuellement, et en attendant de voir comment vont se passer les deux prochaines nuits d’ici à samedi car les précisions météorologiques ne sont pas très optimistes, nous avons enregistré des dégâts de l’ordre environ 50 % en Moravie. Malheureusement, la situation est plus grave en Bohême où, qu’il s’agisse des pommes ou des fruits à noyaux, les dégâts sont proches de 100 %, ce qui signifie que la récolte sera nulle. »
Toujours ce jeudi, après avoir donc pu constater sur le terrain et de ses propres yeux l’ampleur des dommages, Marek Výborný a annoncé le lancement d’un programme de crise ; un soutien financier dont le montant reste encore à définir, alors que viticulteurs et producteurs de plus petits fruits comme la fraise se plaignent eux aussi de pertes plus ou moins importantes.