Chantal Poullain : la carrière tchèque d'une Marseillaise

Les actrices françaises, installées en République tchèque et devenues, dans leur pays adoptif, vedettes du cinéma, du théâtre et du petit écran, ne se comptent pas par centaines. Ni par dizaines... Franchement dit, il n'y en a qu'une. Elle s'appelle Chantal Poullain et elle fête, ce vendredi, ses 45 printemps. Portrait signé Magdalena Segertova.

La carrière tchèque de cette Marseillaise souriante aux longs cheveux blonds et à la voix grave a commencé, comme cela arrive si souvent dans la vie, par une affaire de coeur. Follement amoureuse du Tchèque Bolek Polivka, l'un des comédiens les plus aimés dans son pays, elle quitte, en 1978, l'Occident pour la Tchécoslovaquie socialiste. Elle s'installe à Brno, capitale morave, là, où travaille son mari. Avec la pièce "Le bouffon et la reine", une comédie sur le pouvoir et la dépendance, le couple remporte un succès fou en Tchécoslovaquie, comme à l'étranger. A la veille de la chute du communisme, Chantal Poullain commence à apparaître à l'écran, notamment dans les films de Vera Chytilova, réalisatrice tchèque reconnue. Les spectateurs la remarquent tout de suite : ils apprécient surtout son charme et son tchèque mignon, prononcé à la française. Ces dernières années, la comédienne monte de plus en plus souvent sur les planches. Son goût pour la liberté et pour l'indépendance veut qu'elle ne reste pas fidèle à une seule scène : elle se produit à Prague, aussi bien qu'à Brno ou à Hradec Kralové, ville de Bohême de l'est. C'était justement le théâtre de Hradec Kralove, qui lui a proposé, récemment, des rôles intéressants, comme celui du professeur Woland, dans une adaptation du célèbre roman de Boulgakov, Le Maître et Marguerite, rôle qui lui a valu même une nomination à un prix prestigieux. Et ce n'est plus un secret, qu'en automne prochain, on pourra voir l'actrice franco-tchèque au Théâtre National de Prague...

A part le théâtre et le cinéma, Chantal Poullain, mère d'un garçon de 12 ans, s'intéresse, aussi, aux enfants malades : sa fondation tente de rendre les services pour enfants dans les hôpitaux tchèques plus gais, plus chaleureux.

Donnons maintenant la parole à l'actrice même. Lorsque je l'ai rencontrée au café d'un théâtre pragois, elle m'a raconté comment elle a vécu l'avant et l'après de la Révolution de velours...

Chantal Poullain a dit, entre autres :

"Je souhaitais le changement, mais on me disait toujours : Chantal, c'est impossible, tu es Française, tu ne peux pas le comprendre, il n'y aura pas de révolution, on ne peut pas faire la guerre !... Mais moi, j'étais sûre que ça viendrait. Je savais aussi comment ça tournerait... D'un côté, on a la liberté de penser, de faire ce qu'on a envie, de voyager, mais de l'autre côté, c'est le stress, l'envie de gagner de l'argent, comme dans tous les pays capitalistes..."

Auteur: Magdalena Segertová
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