Coalition gouvernementale : à la recherche des ministres

Pavel Bělobrádek (KDU-ČSL), photo: CTK

Ce samedi, les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL) étaient le dernier parti de la future coalition tripartite à accepter la répartition des ministères qui leur a été proposée par le chef des sociaux-démocrates, Bohuslav Sobotka, chargé de la composition du nouveau gouvernement. Dans le nouveau cabinet, le parti ČSSD occupera huit postes, le mouvement ANO six et les chrétiens-démocrates trois. Si les nominations de deux partenaires gouvernementaux des sociaux-démocrates sont déjà connues, à une exception près, le parti vainqueur des élections législatives n’a pas encore confirmé ses candidats aux postes ministériels. Une fois le tableau des futurs ministres complété, Bohuslav Sobotka devra encore faire face au chef de l’Etat qui avait déjà exprimé ses réserves sur certains noms.

Pavel Bělobrádek  (KDU-ČSL),  photo: CTK
Au total, le nouveau gouvernement comptera donc dix-sept membres. Malgré des incertitudes qui perdurent quant aux candidats sociaux-démocrates, il semble désormais clair que la majorité des ministres seront novices à leur poste. Selon les estimations des journaux tchèques ce lundi, cela serait le cas pour quatorze d’entre eux.

Les négociations entre les futurs collègues de la coalition tripartite ont finalement été débloquées après que les chrétiens-démocrates ont donné leur accord à la répartition des postes, samedi soir dernier. Pourtant, ce sont ceux-là mêmes qui avaient fait connaître en premier les noms de leurs futurs ministres. Le portefeuille de l’Agriculture incomberait ainsi à Marián Jurečka (32 ans), vice-président du parti, fermier et depuis 2005 dirigeant du centre de distribution du département de l’agrochimie d’une entreprise fournissant des services aux agriculteurs. Le ministère de la Culture devrait être géré par le député chrétien-démocrate Daniel Herman (50 ans), ancien directeur de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires (ÚSTR) et ancien prêtre catholique. Enfin, Pavel Bělobrádek (36 ans), président du parti, ancien inspecteur vétérinaire, présidera le ministère sans portefeuille chargé de la science, de la recherche et de l’innovation.

Andrej Babiš  (ANO 2011),  photo: CTK
Andrej Babiš : « En ce qui concerne notre mouvement, nous avons les noms de Stropnický, Jourová, Brabec, Válková, et moi-même. Un nom reste encore à déterminer. »

Andrej Babiš, leader du mouvement ANO, lui-même candidat au ministère des Finances et au poste du vice-Premier ministre pour l’Economie, énumère ce dimanche soir devant les caméras des plusieurs chaînes de télévision les noms des futurs ministres du mouvement ANO. Parmi ces candidats se trouvent deux femmes qui, si leur nomination est confirmée, seront au final les seules femmes à intégrer le cabinet de Bohuslav Sobotka : Věra Jourová, vice-présidente du parti, devrait accéder à la tête du ministère du Développement régional, et la juriste Helena Válková, sans affiliation partisane et numéro deux de la liste électorale d’ANO à Prague, accepterait le poste du ministre de la Justice.

Selon la procédure constitutionnelle, le gouvernement doit être nommé par le chef de l’Etat, et Miloš Zeman a déjà fait entendre que plusieurs noms proposés le gênaient. Bohuslav Sobotka se prépare donc à un bras de fer avec le chef de l’Etat, et affirme :

Bohuslav Sobotka  (ČSSD),  photo: CTK
« Je ne vois pas de raison à ce que certains candidats ne soient pas acceptés par le président Zeman. Nous allons évidemment proposer des personnes compétentes et à la hauteur de leur fonction. Ainsi nous ne donnerons pas d’espace aux réserves éventuelles du chef de l’Etat. Et il est clair que la coalition insistera sur ses nominations. »

Miloš Zeman a déjà remis en question les compétences de Martin Stropnický, acteur et ancien diplomate, candidat d’ANO à la Défense. Deux autres noms posent potentiellement problèmes : Lubomír Zaorálek, en tant que ministre des Affaires étrangères et Jiří Dientsbier comme ministre sans portefeuille chargé des droits de l’Homme, de l’égalité des chances et du conseil législatif au gouvernement. L’antipathie du chef de l’Etat envers ces deux membres de la social-démocratie est connue. Enfin, le problème de la lustration de Babiš n’est toujours pas résolu.

Après l’accord sur la répartition des ministères et la distribution de ces postes au sein des partis, il faudrait encore que Miloš Zeman accepte de nommer le cabinet. Ainsi, avec la signature de l’accord de coalition prévue pour le 6 janvier, s’ouvrira une nouvelle étape de la péripétie avant-gouvernementale de l’équipe de Bohuslav Sobotka.