Conférence internationale des aumôniers des armées de l’OTAN à Prague
Jusqu’à vendredi se déroule à Prague la 22e Conférence internationale des aumôniers militaires de l’OTAN. Quel est le rôle d’un aumônier dans l’armée ? Quelles confessions sont représentées ?
« C’est très important, car le service religieux a été réintroduit dans l’armée il y a 20 ans. C’est donc une occasion unique pour les aumôniers d’échanger sur leurs expériences, et pas seulement pour l’armée tchèque mais pour tous les aumôniers. Prague accueille tous les membres de l’OTAN, or elle est un carrefour spirituel historique : pensez au baroque, à la tradition protestante, mais aussi juive. C’est l’endroit idéal pour discuter ensemble de questions qui sont importantes pour l’armée, un métier qui fait des victimes. C’est pour cette raison que le rôle des aumôniers est essentiel. »
Jan Kozler est l’aumônier militaire principal des forces armées tchèques, issu de l’Eglise hussite tchécoslovaque. Il souligne ce qui pour lui, fait la base de son quotidien auprès des soldats :
« Je tiens à dire que l’aumônier militaire n’a pas un rôle d’expert. C’est quelqu’un qui est là pour partager avec les soldats leurs joies et leurs peines. Il n’est pas là pour catégoriser les problèmes. Le type de choses à gérer pour les soldats est en lien avec des situations où ils se retrouvent à des milliers de kilomètres loin de chez eux, sans possibilité de revenir si jamais il y a un problème, où leur vie est en danger etc. Donc l’éventail des thèmes abordés lors de discussions avec un aumônier est très grand. »Les questions de foi et de religion ne font pas partie des prérogatives de l’aumônier de l’armée tchèque. Une particularité que détaille Jan Kozler :
« Cela signifie que l’aumônier tchèque ne sert pas uniquement les personnes croyantes. C’est un service qui est destiné à tout le monde sans exception. Et si une dimension religieuse est abordée dans le cadre de la discussion entre l’aumônier et le soldat, c’est uniquement parce que le soldat veut en parler, mais ce n’est pas l’iniative de l’aumônier. »
« L’aumônier militaire en tant que conseiller éthique », c’est le thème de la conférence qui se déroule cette semaine à Prague. Parmi les aumôniers étrangers invités à la conférence, un imam issu des rangs de l’armée néerlandaise. A la question de savoir s’il n’y a pas conflit d’intérêt pour un aumônier musulman de servir dans les rangs d’une armée qui participe à la guerre en Afghanistan, Ali Eddaouadi répond :« Pour moi, il n’y a pas de conflit, parce que je suis un aumônier, je ne me bats pas. Mais évidemment je parle avec les soldats, particulièrement les musulmans. Vous savez, quand vous commencez à travailler pour l’armée, que ce soit l’armée néerlandaise ou tchèque, vous y êtes en tant que citoyen néerlandais ou tchèque. En tant que musulman, je suis arrivé aux Pays-Bas à l’âge de sept ans, mais je me sens citoyen néerlandais. J’ai plus de liens avec les Pays-Bas qu’avec le Maroc par exemple, ou tout autre pays musulman. Donc je suis un citoyen néerlandais. »
La conférence qui rassemble les aumôniers des différentes armées membres de l’OTAN s’achèvera vendredi.