Coronavirus : les hôpitaux tchèques se préparent à rentrer dans le dur
Alors que le taux de positivité des tests de dépistage du Covid est supérieur à 20%, les hôpitaux tchèques s’efforcent de se préparer à l’arrivée quasi certaine dans les prochaines semaines d’un grand nombre de patients. Mais le virus se propage aussi dans les rangs de leurs personnels soignants.
Du travail et du dévouement des professionnels de la santé en République tchèque, on a finalement assez peu parlé au printemps dernier. Essentiellement parce que le pays, au regard de la gravité de la situation ailleurs dans le monde, a été épargné par l’épidémie. Les hospitalisations ont été bien moindres que dans d’autres pays en Europe, le nombre de cas graves nécessitant une prise en charge dans les unités de réanimation est resté peu élevé et, au bout du compte, leur capacité d’accueil a permis aux hôpitaux de faire face à l’afflux de malades sans jamais être débordés. On se souvient d’ailleurs que, début avril, au plus fort de la crise sanitaire, la France avait sollicité l’aide de la République tchèque pour y envoyer six patients touchés par le Covid-19. Le Premier ministre Andrej Babiš n’avait alors pas manqué de s’enorgueillir de la capacité de son pays à pouvoir répondre favorablement à une demande de solidarité d’un partenaire européen. Que la France ait finalement fait volte-face et décidé à la dernière minute, pour une raison restée obscure, de renoncer à l’offre tchèque et d’opter pour une autre solution, est une autre histoire…
Six mois plus tard, le tableau n’est plus le même. La République tchèque est désormais un des pays où le virus se propage le plus rapidement. Selon les données de la semaine dernière rassemblées et analysées par le New York Times, proportionnellement à sa population, la République tchèque est désormais le deuxième pays le plus touché par le coronavirus dans le monde, derrière la principauté d'Andorre. Et proportionnellement à la montée en flèche du nombre de nouveaux cas d’infection, celui des hospitalisations augmente lui aussi.
Ce lundi matin, un peu plus de 2 100 personnes étaient hospitalisées en République tchèque en raison du coronavirus. Parmi elles, près de 440 dans un état grave selon les médecins. Pour l’heure, ces chiffres n’indiquent encore rien de très alarmant. En effet, dès le mois de mars dernier, les experts avaient fait savoir que le système de santé tchèque était en mesure d’assimiler jusqu’à 33 000 patients du Covid-19, un chiffre qui englobe également les formes moins graves de la maladie. Toutefois, rien que depuis le début du mois d’octobre, le nombre de personnes admises dans les hôpitaux a déjà doublé.
De même, la courbe du nombre de professionnels de la santé testés positifs inquiète fortement elle aussi. En fin de semaine dernière, près d’un millier de médecins et près de 1 900 infirmières étaient contaminées, soit là aussi une forte augmentation en l’espace de moins de deux semaines. Plus généralement, Petr Smejkal, épidémiologiste à l’Institut de médecine clinique et expérimentale (IKEM) à Prague, remarque que la part de résultats positifs par rapport au nombre de tests de dépistage effectués a continué sa progression ces derniers jours :
« Ce taux de positivé est élevé puisqu’il est supérieur à 20%. Cela signifie qu’il y a dans la population une très forte proportion de cas asymptomatiques ou légers. Mais même ces gens-là, malheureusement, peuvent finir par être hospitalisés. Mais le plus alarmant à mes yeux est la propagation du virus parmi le personnel hospitalier. Or, il faudra bien que quelqu’un s’occupe des malades. J’appelle donc tous ceux qui présentent des symptômes ou qui le peuvent à se soumettre au test et à ne pas sous-estimer les dangers. »
Ce lundi, le ministre de l’Intérieur, Jan Hamáček, qui a déjà évoqué la semaine dernière la possible réquisition d’hôtels vidés de leurs clients pour isoler les personnes infectées devant être placées en quarantaine, a informé que quelque 2 500 lits issus des réserves matérielles de l’Etat seraient mis à disposition des hôpitaux pour augmenter leur capacité d’accueil.
Par ailleurs, face à la perspective d’une flambée de patients, certains hôpitaux en République tchèque ont commencé à se préparer à une priorisation de l’accès aux soins dans l’éventualité d’une saturation des services. S’il n’est pas encore question de sélectionner ou de trier les malades à leur arrivée, certaines interventions considérés comme non urgentes et dont le report n’induit pas de risques pour les patients concernés, sont limitées ou remises à plus tard. Et compte tenu de l’évolution de la situation, forcément pour une durée indéterminée.