Covid : la Tchéquie craint de vivre « le pire scénario de l’épidémie » envisagé pour cet automne

L’Europe centrale et orientale est confrontée à une forte recrudescence de la circulation du coronavirus et la République tchèque ne fait pas exception : le nombre de nouveaux cas de Covid-19 a plus que doublé ces derniers jours comparé à la semaine précédente et celui des hospitalisations est au plus haut depuis cinq mois. Face à cette flambée épidémique, imputée au faible taux de vaccination et au non-respect des mesures sanitaires, le gouvernement tchèque a décidé, mercredi, de rétablir certaines restrictions et de durcir les contrôles. Mais, selon les spécialistes, la situation va probablement encore s’aggraver.

Les propriétaires des bars, bistros, cafés et restaurants se préparent aux contrôles auxquels ils devront bientôt soumettre leurs clients : à partir du 1er novembre prochain, les restaurateurs devront eux-mêmes vérifier les attestations de non-contagiosité des clients. Ces derniers, à l’exception des enfants de moins de 12 ans, doivent présenter un certificat de vaccination, de rétablissement de la maladie ou encore un test négatif qui pourra être effectué sur place. Interrogés par la Télévision tchèque, les restaurateurs pragois et ceux de Frýdek-Místek, en Moravie-Silésie, sont prêts à s’adapter aux nouvelles restrictions, même si elles font grincer des dents :

Photo illustrative: René Volfík,  ČRo

«  Chez nous, les contrôles ne poseront pas de problème, nous allons respecter les mesures imposées par le gouvernement, vérifier les certificats et le port du masque… Tout est désinfecté ici. »

« Je me demande juste comment je peux vérifier si le QR code correspond vraiment à la personne qui le présente. »

« Quand le bistro est plein, vous n’avez pas le temps de vérifier quoi que ce soit ! C’est à la police de faire les contrôles, pas à nous ! Les gens sont désagréables et se disputent avec nous. Je ne sais pas du tout comment je vais gérer cette situation. »

Théoriquement, ces contrôles (connus sous l’abréviation OTN : vaccination – test – maladie) doivent d’ores et déjà être effectués par les exploitants des salles de cinéma et de théâtre, dans les salons de coiffure ou lors des événements sportifs. Mais en réalité, cette mesure n’est guère respectée dans une République tchèque confrontée, sans surprise, à une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19.

Autre mesure imposée par le ministère de la Santé : à compter du 25 octobre, le port du masque de type FFP2 ou KN95 sera obligatoire sur les lieux de travail, alors que jusqu’à présent, il l’était seulement dans les transports en commun et dans les commerces.

Adam Vojtěch | Photo: Vít Šimánek,  ČTK

Critiqué par certains épidémiologistes, le ministre de la Santé Adam Vojtěch a également annoncé la fin de la gratuité des tests de dépistage du Covid-19 pour tous : à partir du 1er novembre, les tests resteront pris en charge par l’assurance maladie uniquement pour les moins de 18 ans, les adultes vaccinés ou les personnes bénéficiant d’une contre-indication à la vaccination. En même temps, la validité des tests négatifs sera réduite à deux jours pour les tests PCR et à 24 heures pour les tests antigéniques.

Annonçant les mesure antiépidémiques, le ministre Adam Vojtěch a incité les Tchèques à les respecter, car, selon lui, si l’épidémie continue à progresser aussi rapidement que ces derniers jours, « il existe un risque réel que les hôpitaux soient à nouveau débordés. »

Pays de l’UE le plus affecté par la pandémie au début de l’année, avec notamment une mortalité très élevée, la République tchèque est donc à nouveau rattrapée par le Covid. Certes, les chiffres ne sont pas les même qu’il y a un an, lorsque le pays enregistrait en moyenne 15 000 nouveaux cas par jour et plus de 4 000 patients étaient hospitalisés.

Jan Konvalinka | Photo: Pavla Králová,  ČRo

Toutefois, avec plus de 3 600 personnes testées positives ce jeudi, soit le double de la semaine précédente, presque 700 patients hospitalisés et 58 décès enregistrés au cours des sept derniers jours (contre 44 victimes pour tout le mois de septembre), la crise sanitaire est loin d’être terminée, comme le confirme le biochimiste Jan Konvalinka :

« Nous sommes tous surpris par l’aggravation subite de la situation qui évolue vraiment selon le scénario de risque établi par les autorités sanitaire. Elle est peut-être encore plus grave que les prévisions les plus pessimistes (… ) Evidemment, le non-respect des mesures en place et l’absence du contrôle y joue un rôle important. De ce point de vue, la situation en Tchéquie n’est pas comparable à celle en Allemagne ou en Autriche. (…) Ce qui est très inquiétant, c’est la hausse du nombre d’hospitalisations et de décès. En Tchéquie, un demi-million de personnes de plus de 65 ans ne sont pas vaccinées contre le Covid. En termes de vaccination, nous occupons la 21e place en Europe (57,5% de la population vaccinée, ndlr). C’est un bien mauvais résultat. »

Sur le site de la Radio tchèque, le virologue Libor Grubhoffer pointe du doigt le gouvernement sortant qui, selon lui, « cumule les mêmes erreurs depuis le début de la pandémie ». « Le gouvernement est incompétent, y compris malheureusement le ministère de la Santé », se plaint le scientifique et il conclue : « J’espère que cette situation désespérante s’améliorera après la nomination du nouveau cabinet. »