Cyclisme – VTT : Absalon et Martinez, les deux champions olympiques français en vedette au Château de Prague

Photo: CTK

Pour la 20e année consécutive, une course exceptionnelle réunissant l’élite mondiale du VTT s’est tenue à Prague la semaine dernière. Parmi les coureurs au départ du prestigieux critérium des « Marches pragoises », en référence au long escalier qui mène au Château dominant la capitale, figuraient les trois derniers champions olympiques de la discipline, parmi lesquels Julien Absalon et Miguel Martinez. Radio Prague a rencontré les deux Français à l’arrivée :

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« Ca fait dix ans que je n’étais pas venu. Ma dernière participation remontait à 2003 et je ne me rappelais pas que c’était aussi difficile ! Une course comme celle-là, en centre-ville en VTT, c’est un concept unique… Mais je ne me souvenais pas que la côte et les pavés étaient si pentus… Deux jours après une épreuve de Coupe du monde, c’était vraiment très, très dur. »

Ces mots sont ceux de Julien Absalon, qu’on ne présente plus aux amateurs de cyclisme et plus spécialement de VTT. Double champion olympique de cross-country en 2004 et 2008, quadruple champion du monde entre 2004 et 2007, cinq fois vainqueur de la Coupe du monde et dix fois champion national, le coureur français participait mardi dernier aux « Marches pragoises » (Pražské schody), un critérium disputé dans le cadre exceptionnel du Château de Prague et de Malá strana, deux des plus beaux quartiers de la capitale tchèque. Une course très spéciale et complétement à part dans le monde (si, si !), comme en convient Julien Absalon :

« Rouler comme ça dans une capitale… En plus dans une ville comme Prague qui est vraiment magnifique et dans ces vieux quartiers typiques… Non, vraiment, c’est totalement unique. C’est vrai qu’il y a une ou deux éditions à Montmartre à Paris dans le cadre de L’Hexagonal VTT, qui est l’équivalent du Tour de France VTT. Mais depuis il n’y a plus rien. C’est donc bien que cette épreuve perdure à Prague. C’est un grand succès populaire et pour nous, c’est vraiment sympa de venir courir dans une capitale. Ca nous change. On a plus l’habitude d’être dans les montagnes, dans des forêts, un peu à l’écart, tandis que là, on se retrouve au cœur d’une grande ville avec énormément de spectateurs. C’est super de voir tous ces gens ! On sent qu’il y en a qui sont venus exprès, parce que ce sont des passionnées, et puis d’autres qui se retrouvent là un peu par hasard et qui découvrent peut-être le VTT. Je trouve que c’est vraiment très positif pour notre discipline de venir comme ça dans des grandes villes. »

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Au-delà du charme incontestable de Prague, l’intérêt de la course repose également sur son parcours. Car entre les 189 marches de l'escalier abrupt du Château, la montée à 20 % du monticule de Janský, celle à 12 % de moyenne de la rue pavée Nerudová, puis enfin l'arrivée royale sur la place Hradčanské, juste devant l'entrée du Château, le tracé du critérium baptisé symboliquement « Les marches pragoises » n'a rien d'une sinécure :

« C’est très dur, mais c’est un bon entraînement en même temps. C’est un interval training (entraînement fractionné, ndlr) en quelque sorte, même si la récupération dans la descente est très relative, puisque les escaliers ne permettent pas vraiment de récupérer. Le cœur reste assez haut et dès qu’on arrive en bas, il faut remonter. Mais c’est sympa, surtout que les organisateurs ont réussi à réunir un très beau plateau cette année avec énormément de top pilotes, dont notamment trois champions olympiques au départ de la course. Je suis donc satisfait de ma 7e place. »

Parmi ces trois champions olympiques figurait donc Julien Absalon, mais aussi bien entendu le Tchèque Jaroslav Kulhavý, sacré à Londres l’été dernier et « superstar » locale du VTT, ainsi qu’un autre Français, Miguel Martinez, l’autre chouchou du public pragois. A 37 ans, le champion olympique de Sydney en 2000 effectuait son grand retour à Prague. Un retour qui n’est pas anodin et ne passe pas inaperçu :

Jaroslav Kulhavý  (au milieu),  photo: CTK
« En fait, j’ai repris la compétition au plus haut niveau en début de saison. J’ai voulu faire du cross-country eliminator, puis finalement je me suis remis au cross-country normal. Tout de suite, j’ai remporté la Sea Otter Classic aux Etats-Unis devant tous les meilleurs et ça m’a donné envie de continuer. J’ai gagné une Coupe d’Italie devant Marco Fontana il y a un mois environ de ça. Et puis qui dit haut niveau dit aussi revenir à Prague, parce que j’ai la condition pour. Aujourd’hui, deux jours après une épreuve de Coupe du monde, c’était une course difficile avec des jambes qui avaient un peu de mal à répondre. Mais dans l’ensemble, ça reste correct. Quand je vois Kulhavý et Absalon qui ne finissent pas très loin devant moi alors que mon titre olympique remonte à treize ans, je me dis que c’est déjà exceptionnel d’être parmi eux. »

Si le retour à la compétition de Miguel Martinez n’enchante pas tout le monde dans le petit monde du vélo, et notamment ceux qui estiment que retrouver un niveau de performance digne de ce nom à son âge est impossible à l’eau claire, à Prague, le Français n’a rien perdu de sa grande popularité ; une popularité qu’il doit d’abord à ses trois victoires dans « Les Marches » au début des années 2000 lorsqu’il était alors au sommet de sa forme. Mais pas seulement :

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« C’est une course où le public et l’ambiance sont vraiment énormes. Par rapport au lieu, c’est aussi une course exceptionnelle. J’ai été invité à de belles courses un peu partout dans le monde durant ma carrière, mais pour moi Prague reste la plus belle de toutes. C’est la plus typique depuis pas mal d’années déjà. J’étais super content quand on m’a dit qu’on voulait me réinviter ici. J’y ai quand même participé pour la première fois en 1997, alors pouvoir de nouveau rouler sur ces pavés et dans cette descente, c’est vraiment très beau ! »

Et c’était d’autant plus beau que, même s’il a quelque peu lâché pied dans la seconde moitié de la course, Miguel Martinez a aussi bien pris son pied dans la première :

« A un moment donné, je me suis dit que c’était exceptionnel. Quand je me suis retrouvé avec Kulhavý et Absalon dans les quatre premiers tours, qu’on était roue dans roue tous les trois… C’est quand même énorme d’avoir trois champions olympiques avec seize ans d’écart entre leurs titres. Rien que ça, pour moi, ça vaut déjà tout l’or du monde. »

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Mais parler de VTT en République tchèque sans évoquer Jaroslav Kulhavý, « le grand Jaroslav » comme surnomme Julien Absalon celui qui lui a succédé au palmarès olympique ressemblerait fort à un crime de lèse-majesté :

« Ah !... Le grand massif Jaroslav… C’est vrai qu’il est impressionnant. Quand il est en grande forme, c’est vraiment difficile d’aller le battre. On l’a un peu moins vu l’année dernière par rapport à 2011 (le Tchèque avait alors été sacré champion du monde, d’Europe et avait remporté le classement général de la Coupe du monde, ndlr), il a gagné une seule course, mais c’était la bonne, celle que tout le monde voulait aux Jeux olympiques. C’est donc un grand coureur, même s’il est un peu petit peu en difficulté en ce début de saison. Il n’a pas réussi sa manche de Coupe du monde dimanche (26 mai, ndlr) chez lui à Nové Město, mais je pense qu’il faut qu’il récupère encore de son hiver post-olympique et il sera de nouveau en forme d’ici à quelques semaines. »

Et le public tchèque amateur de cyclisme et de VTT espère bien lui aussi revoir à l’œuvre, et en forme, dès l’année prochaine ces trois champions olympiques, français et tchèque, à Prague et dans les marches de son Château.