Déjeuner de deux Vaclav

Vaclav Havel et Vaclav Kluas, photo: CTK

Dix mois qu'un Vaclav, le Président tchèque, n'a pas rencontré un autre Vaclav, le président de la Chambre des députés. Alain Slivinsky vous relate ce qu'ils se sont dit, lors de leur déjeuner de mardi.

Vaclav Havel et Vaclav Kluas,  photo: CTK
Après des mois de communication, souvent assez orageuse, seulement par l'intermédiaire des médias, le président de la République, Vaclav Havel, et le président de la Chambre, Vaclav Klaus, ont décidé de se revoir. Lors d'un déjeuner offert par Vaclav Havel, au Château de Prague, ils sont bien restés sur leurs positions. On ne sait pas ce qu'ils avaient au menu, mais la rencontre, elle, a été jugée utile par les deux personnalités. Les deux Vaclav n'ont pas caché, pourtant, qu'ils sont bien différents, l'un de l'autre, et qu'ils continueront de l'être. Au déjeuner, il a surtout été question d'affaires courantes, comme la fin du mandat de la Chambre, à la veille des législatives de juin, des négociations sur la composition du gouvernement issu des élections, mais aussi des Décrets du Président Benes. Vaclav Havel a exprimé son plein soutien au texte de la résolution sur ces décrets que la Chambre vient, d'ailleurs, d'adopter. Quelques réserves, cependant, sur le fait que la République tchèque s'est un peu trop engagée dans « l'atmosphère spéciale du réveil de divers démons du passé ». Vaclav Klaus s'est déclaré, plus tard, devant les députés, satisfait du soutien du chef de l'Etat, qui ne peut que contribuer au renforcement de l'unité de la scène politique tchèque.

Les litiges planent, depuis des années, sur les relations entre les deux hommes. Ces derniers temps, on pouvait même parler d'un conflit. Vaclav Havel a tenu à mettre les choses au point en déclarant : « Nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il existe des choses sérieuses, sur lesquelles nous avons, depuis toujours, des opinions différentes, que nous conserverons certainement ». Vaclav Klaus a jugé bon d'ajouter : « Nous avons démontré, clairement, l'un à l'autre, mais aussi en direction de l'extérieur, que nous sommes capables de parler ensemble, tout en gardant nos opinions sur un grand nombre de choses ».

Le président de la République pense encore rencontrer les dirigeants des autres formations politiques pour discuter de la stratégie à adopter, après les législatives. Il s'est déclaré pour des négociations rapides sur la composition du futur gouvernement. Bien que la Constitution ne l'y engage pas, le chef de l'Etat devrait choisir le président du parti qui sortira vainqueur des élections comme Premier ministre. Un peu d'humour, à la fin du déjeuner, entre les deux personnalités : Vaclav Klaus a offert des documents de la campagne électorale de son parti (l'ODS) à Vaclav Havel qui a déclaré : « Même si je décidais de voter pour l'ODS, sous l'influence de ces brochures, des plus suggestives, je ne le dirais certainement pas ». Contrepartie de Vaclav Klaus : « Reste à voir, si Monsieur le président le disait, cela nous ferait gagner des voix ou non ».