Des cours de tchèque pour étrangers bon marché : « pour une société ouverte et une meilleure cohabitation »

Фото: Архив центра по интеграции иностранцев, icpraha.com

La langue est certainement le premier élément important pour s'intégrer lorsqu'on vient s'installer dans un pays et que l’on entend comprendre réellement sa culture. C'est aussi souvent primordial pour accéder au marché du travail du pays d'accueil. Or, peu de personnes qui viennent vivre en République tchèque possèdent déjà en arrivant des notions de la langue tchèque – contrairement sans doute à ceux qui se rendent dans les pays anglophones, hispanophones ou francophones. C'est donc pour pallier à cette carence linguistique que le Centre pour l'intégration des étrangers, à Prague, offre depuis quelques années des cours de tchèque. Rencontre avec la coordinatrice du programme, Alena Felcmanová.

Du lundi au vendredi, dans le centre de Prague ou dans les quartiers alentours, il est possible, sans inscription préalable, et pour une somme modique, de s'initier à la langue tchèque ou d'en approfondir les connaissances. C'est ce que propose en effet le Centre pour l'intégration des étrangers, installé à Žižkov – un quartier populaire historique aujourd'hui devenu quartier préféré des jeunes expatriés. On écoute Alena Felcmanová :

« Nous offrons des cours de langue tchèque pour les étrangers, sans égard à leur niveau initial, à leur pays d'origine ou à leur statut juridique. Nous proposons des cours où il est possible de venir sans s'inscrire préalablement, tous les jours dans différentes parties de Prague. Cela va changer néanmoins, nous allons centraliser tout cela dans un seul endroit, où il y aura un cours chaque jour. Ces cours sont très pratiques, basés sur la communication. Pour nous, il est important que les gens apprennent à parler pour les situations quotidiennes, par exemple au restaurant, pour leurs courses, mais aussi dans les administrations. Ce sont donc surtout ces thèmes qui nous intéressent, autour de la communication. Mais nous avons aussi élargi notre offre, avec des cours de grammaire, des cours spéciaux sur la communication au travail. Ce qui est important pour nous, c'est que les gens n'aient pas besoin de s'inscrire à l'avance. »

Le centre offre donc une réelle flexibilité pour les apprenants, aussi bien sur le plan de la présence qu'au niveau des prix. Pas de risque donc de perdre de l'argent en cas de problèmes de santé ou autres empêchements quand on ne peut pas se rendre à son cours – des cours d'autre part très bon marché, dont les prix défient toute concurrence. Alena Felcmanová :

« Nous sommes une association à but non lucratif et nous allouons une aide sociale et professionnelle. Et cette offre d'éducation linguistique est un service d'accompagnement. Notre mission est d'aider les immigrants afin qu'ils puissent être indépendants en République tchèque. Cette offre de cours est comme un premier secours pour qu'ils puissent communiquer et être autonomes. Ces cours sont subventionnés par différents fonds de différents ministères. C'est pour cela qu'ils sont si bon marché. »

Concrètement, une heure et demie de cours revient à 50 couronnes, soit 2 euros, ou 100 couronnes, soit 4 euros, lorsqu'il s'agit de cours de grammaire pour les étudiants d’un niveau plus avancé. Le cours qui se déroule dans la bibliothèque municipale du 11e arrondissement de Prague offre même une garde d'enfants gratuite. Les cours ne sont pas non plus contraignants au niveau des horaires, puisqu'ils ont lieu la plupart du temps dans la soirée, de 17 heures à 20 heures, permettant ainsi de s'y rendre après la journée de travail. A quoi ressemble le public de ces cours ? Y rencontre-t-on plus certaines nationalités que d'autres ? Alena Felcmanová :

« C'est très mélangé. C'est très semblable à la composition des étrangers en République tchèque. Il y a beaucoup de russophones, des Européens aussi, mais des gens du monde entier en général. Les langues maternelles sont donc très variées. Comme nous enseignons uniquement en tchèque et que nous n'utilisons même pas l'anglais, les langues d'origine ne sont finalement pas importantes. Nous ne faisons pas de statistiques. Nous comptons la présence des étudiants, mais nous ne faisons pas de statistiques parce que ce n'est pas important pour nous. »

Une variété de public qui nécessite donc des professeurs professionnels. Il ne s'agit pas de bénévoles, explique Alena Felcmanová, qui insiste sur la qualité de l'enseignement.

« Nous avons actuellement douze cours, sept à Prague et cinq en Bohême centrale. Nous avons des lecteurs externes qui sont spécialement formées parce que les effectifs de chaque cours changent tout le temps. Débutants et étudiants avancés s'y mélangent. Les lectrices et lecteurs sont donc habitués à travailler avec ces groupes pour faire en sorte que, malgré les disparités, tout le monde puisse y trouver son compte. Nous avons environ une cinquantaine de lecteurs de tchèque, vingt-cinq environ enseignent en ce moment – certains exceptionnellement, d'autres de façon régulière. »

Photo: Centre pour l'intégration des étrangers
Il est cependant assez commun de rencontrer des étrangers qui vivent depuis des années dans la capitale tchèque ou ailleurs dans le pays et qui survivent pourtant en parlant seulement quelques mots basiques de tchèque. Prague est une ville touristique et cosmopolite, les Tchèques maîtrisent plutôt bien l'anglais et il paraît parfois presque superflu d'apprendre la langue tchèque, dont la difficulté peut rebuter nombre d'étrangers. Alena Felcmanová ;

« Cela dépend comment on veut vivre ici. Je pense que quand un étranger parle tchèque, les gens réagissent mieux. Puis un étranger peut mieux comprendre comment ça marche dans ce pays, quelle est la mentalité du pays ou sa philosophie. Il est certain qu'on peut vivre sans parler tchèque, mais il y a aussi beaucoup de gens qui ne parlent pas anglais et pouvoir au moins dire correctement les formules de politesse est important. Ensuite, cela dépend si un étranger est ici seulement pour quelque temps ou quelques années et qu'il ne veut pas avoir d'attaches. C'est le choix de chacun. Mais si on veut être autonome en vivant dans ce pays, rencontrer des gens et participer à diverses activités, c'est un avantage de parler tchèque. »

Même si Prague concentre la majeure partie des étrangers de République tchèque, le Centre pour l'intégration des étrangers propose également des cours de langue dans d'autres villes de la région. Parmi les populations étrangères installées en République tchèque qui sont les plus dispersées dans le pays se trouve la communauté vietnamienne – une communauté à laquelle est souvent reproché de ne pas parler bien la langue. Alena Felcmanová :

« Les Vietnamiens viennent aussi aux cours. Cela dépend. Par exemple, ils viennent un peu plus dans les cours offerts dans les autres villes de Bohême centrale. Mais aussi à Prague. Comme ils ont souvent des boutiques ou des épiceries qui ferment à 10 heures le soir, ils ont moins la possibilité de se joindre aux cours. Mais ils viennent, et nous avons même de notre côté mis en place des cours de vietnamien pour les Tchèques ! »

Photo: Centre pour l'intégration des étrangers
Les activités du Centre pour l'intégration des étrangers ne se limitent cependant pas seulement à ces cours de tchèque, qui sont en quelque sorte la base d'un programme d'aide et d'intégration plus large. On écoute Alena Felcmanová :

« Nous faisons encore du conseil social et professionnel gratuit pour les étrangers, autour des questions de santé, de logement, de l'aide dans le recherche de travail, des conseils sur le droit du travail. Nous aidons à trouver des formations de reconversion, à préparer un CV en tchèque, etc. Nous avons aussi un programme de bénévoles où nous avons des tandems, avec un Tchèque et un étranger, et ensemble ils peuvent passer du temps libre. Nous avons ainsi une vingtaine de tandems – c'est un programme qui existe depuis longtemps. Ces bénévoles jouent le rôle de guide pour ces étrangers. Nous avons donc ces cours de tchèque pour étrangers et nous faisons aussi de la formation pour les enseignants de ces cours, pour développer les méthodes d'enseignement du tchèque. Et enfin ce cours de vietnamien ; au départ, nous avons fait cela pour nos lecteurs, pour qu'ils se rendent compte ce que c'est d’être dans une classe et de ne rien comprendre du tout. Puis nous avons ouvert ce cours au public. Et nous allons le relancer à partir de janvier parce qu'il y a beaucoup de personnes intéressées. Notre objectif est que la société tchèque soit ouverte, qu'elle soit en bons termes avec les nouveaux arrivants. Si on sait dire au moins bonjour ou merci, c'est un joli geste qui permet une meilleure cohabitation. »

Plus d'informations sur ces cours de tchèque langue étrangère sur le site du Centre pour l'intégration des étrangers. www.cicpraha.org