Terrier de chasse léger, bien pigmenté et facile à éduquer, le terrier tchèque a eu le même créateur que le chien tacheté tchèque. Avec ses longs poils latéraux et ses sourcils fournis si caractéristiques, lui n’était cependant nullement destiné à une utilisation en laboratoire.
Si Pollux – le héros de la série d’animation Le manège enchanté, qui a accompagné plusieurs générations de petits Français depuis son lancement en 1964 – est un skye-terrier d’Ecosse, saviez-vous qu’il avait un cousin tchèque ? Celui que l’on appelle le terrier tchèque, tout simplement, est un chien bas sur pattes, d’une hauteur au garrot de 27-29 cm et d’un poids de 10 kg maximum, aux oreilles tombantes. Bien charpenté et musclé, au poil long, la Fédération cynologique internationale – qui le reconnaît depuis 1963 – précise qu’il est « inscriptible dans un rectangle » ; c’est vrai qu’il a un profil assez angulaire…
Un chien rectangulaire, mais pas tête carrée
Mais le terrier tchèque n’en est pas pour autant une tête carrée ! Tranquille et doux, agréable et joyeux, c’est un chien facile à éduquer, même s’il se montre d’abord réservé envers les étrangers. Le terrier tchèque est de nature calme et non agressive, comme l’explique la cynologue Vladimíra Tichá :
« Il n’y a pas d’agressivité dans la race. Je suis juge canin depuis plus de 40 ans et jamais un de ces chiens ne m’a grogné dessus. Je connais une dame qui faisait du dressage pour les personnes handicapées avec un terrier tchèque. La chienne lui enlevait ses chaussettes, lui apportait ses gants ou son téléphone portable, lui ouvrait le frigo... On peut apprendre beaucoup de choses à un terrier tchèque. Mais ce n’est pas un chien fait pour des promenades de 50 km, car il est court sur pattes. »
D’ailleurs de nature un peu paresseuse et glouton, le terrier tchèque a tendance à prendre du poids. D’autant que de nos jours, il fait de plus en plus office de chien de compagnie... Pourtant, c’est dans un objectif utilitaire que le pedigree a été créé à partir de 1949 par František Horák – celui-là même qui est à l’origine du chien tacheté tchèque, que nous vous avons présenté la semaine dernière. D’après le Club tchèque des éleveurs de terriers tchèques, l’idée de František Horák était non seulement d’obtenir une race dans laquelle seraient préservées les caractéristiques des pedigrees dont elle est issue, mais également de tester l’hypothèse théorique selon laquelle il est possible d’élever une race de chiens entièrement nouvelle en utilisant un nombre minimal d’individus au départ – trois seulement, dans ce cas. Mais rassurez-vous, contrairement à son conscrit le « chien de laboratoire de Horák », le terrier tchèque avait des fonctions originales nettement moins funestes. Vladimíra Tichá :
« Le terrier tchèque est une des races dont František Horák est à l’origine. Son objectif était d’élever un petit terrier tchèque. Il a donc croisé deux Sealyham Terriers et un terrier écossais, et c’est à partir d’eux qu’il a créé le terrier tchèque. Le terrier tchèque possède vraiment les aptitudes au travail d’un chien de chasse. Je connais un éleveur qui l’utilise pour les porcs, et qui sort avec pour traquer le gibier. Le terrier tchèque a ça en lui. »
Un balaie-bitume à la frange désinvolte
A le voir, pourtant, on peut se demander à quoi ressemble un terrier tchèque qui revient de la chasse – par exemple de la chasse au renard et au blaireau, pour laquelle il était initialement mis à contribution. Car le terrier tchèque a le poil long – voire très long par endroits – et forcément toiletté. Ainsi le terrier tchèque contemporain porte une frange à la Justin Bieber et une barbe ; de plus, le poil du bas des membres et celui sous la poitrine et le ventre n’est pas raccourci.
La norme de la Fédération cynologique internationale précise par ailleurs que « le passage entre les endroits au poil toiletté et au poil non toiletté doit être progressif et plaisant d’aspect », ce qui oblige les éleveurs à soumettre leurs terriers tchèques à un toilettage hebdomadaire rigoureux. Au milieu des longs poils pouvant descendre jusqu’au sol, les pattes du terrier tchèque ne sont pas forcément visibles ; à le voir ainsi de profil, on ne peut donc s’empêcher de penser à son homologue de dessin animé, le célèbre Pollux.
Le terrier tchèque est élevé dans le monde entier, et il existe même un Cesky Terrier Club au Royaume-Uni. Néanmoins, ce n’est pas un pedigree très répandu : il fait partie des six races canines les plus rares.