Un chien dans le corps d’un loup : c’est le chien-loup tchécoslovaque qui, outre son flair et sa résistance exceptionnels, est également doté d’un instinct de destruction sans pareil.
Chien ou loup ? Le chien-loup tchécoslovaque, on s’en serait douté, est un peu des deux à la fois : issu du croisement d’une louve des Carpates et d’un berger allemand, il est le résultat des efforts de Karel Hartl, un cynologue qui, dans les années 1950, souhaitait améliorer l’endurance et la résistance aux maladies des chiens d’utilité. La vétérinaire Veronika Kučerová Chrpová précise :
« Cette race a vu le jour en 1955, par une expérience biologique de croisement d’un berger allemand et d’un loup des Carpates, pour tenter de démontrer qu’il était possible de croiser deux espèces animales, à savoir le loup et le chien. Et ils y sont parvenus dans les deux sens, aussi bien avec un chien et une louve qu’avec une chienne et un loup. L’expérience a donc pris fin en 1965, donnant lieu à un nouveau projet : la création d’une nouvelle race. »
Chien ou loup ?
Et la cynologue Vladimíra Tichá de préciser à quelles fins cette nouvelle race était destinée :
« A l’origine, il s’agissait d’une expérience, d’un travail de recherche. Puis il a été décidé que les garde-frontières tchèques pourraient avoir leur propre race de chien. De la même façon que le terrier russe noir avait été créé en URSS dans la seconde moitié du XXᵉ siècle par l’Ecole militaire d’élevage canin, les Tchèques auraient leur chien-loup tchécoslovaque. La race a donc commencé à être élevée davantage ; néanmoins, je ne suis pas sûre que ce soit le chien idéal pour la surveillance des frontières. Du loup, il a le tempérament ; il a par exemple des difficultés à changer de propriétaire. Mais c’est une race belle et élégante, qui a beaucoup de succès. »
Chien-loup tchécoslovaque ou berger allemand ?
Classé parmi les chiens de berger et de bouvier, le chien-loup tchécoslovaque est un chien dont la taille dépasse la moyenne et d’une constitution robuste, de 60 à 70 cm au garrot, avec une différence de taille conséquente entre le mâle et la femelle. Par sa construction somatique, son allure, la qualité et la couleur de sa robe et par son masque facial, il ressemble au loup. Néanmoins, c’est souvent avec un berger allemand qu’il est confondu. Mais Vladimíra Tichá énumère ce qui permet de les différencier à l’œil nu :
« Le chien-loup tchécoslovaque est légèrement plus haut et plus léger que le berger allemand. Il a une ossature plus fine et un poil gris-jaune à gris argenté, alors que le berger allemand est noir et feu, gris foncé ou noir. Par ailleurs, le chien-loup tchécoslovaque à un œil plus clair. »
Le chien-loup tchécoslovaque se distingue par sa grande intelligence, sa santé vigoureuse, son endurance et son intrépidité, sa résistance aux caprices de la météo et son flair très développé, mais aussi par sa fidélité extrême à son maître.
Chien à tout faire
Il est aujourd’hui élevé en tant que chien de travail et pour les sports canins, mais également comme chien de garde et comme animal de compagnie. C’est donc un chien très polyvalent, comme l’explique Michaela van Erne, notre collègue de Radiožurnal, qui élève des chiens-loups tchécoslovaques depuis plus de 20 ans :
« Avec le chien-loup tchécoslovaque, vous pouvez participer à des concours de dressage, c’est-à-dire que vous pouvez en faire un chien d’utilité, un chien de sauvetage… Grâce à son flair, il est capable de retrouver des gens dans les avalanches. Vous pouvez lui faire passer des tests de performance, car le chien-loup tchécoslovaque sait ménager ses forces pendant l’effort. Il est donc parfaitement capable de réussir ce test qui consiste à courir 40, 70 ou même 100 km aux côtés de son maître – celui-ci se déplaçant à vélo ou en trottinette, bien entendu. »
Comme le fait remarquer Vladimíra Tichá, aucune des sept races nationales tchèques (que nous vous avons présentées dans notre série Des pedigrees tchèques qui ont du chien) ne fait preuve d’agressivité. Malgré son apparence de loup, le chien-loup tchécoslovaque ne fait pas exception à la règle. Pas méchant, donc, mais avec un défaut : son comportement destructeur.
Un loup dans le corps d’un chien
Par conséquent, l’élever et le dresser représente une véritable épreuve de patience – et d’humilité, comme l’expérience l’a appris à Michaela Van Erne :
« Elever un chien-loup tchécoslovaque, c’est faire un pas en avant, deux pas en arrière. Je conseille donc vraiment d’avoir recours à un dressage sous forme de bases d’obéissance, dans un centre d’éducation canine qui propose une approche personnalisée, ou bien dont les dresseurs ont l’expérience des chiens-loups. »
« Le revers de la médaille, c’est leur exceptionnelle faculté destructrice. Ils sont capables de détruire tout ce sur quoi ils tombent, des ceintures de sécurité aux meubles, en passant par les chaussures, les jerricans ou encore les tondeuses à gazon… Pour une personne normale, qui est habituée à un chien normal, c’est absolument inimaginable. A chaque fois que vous vous reposez sur vos lauriers, convaincu que vous avez fait perdre cette habitude destructrice à votre chien, que vous pensez que cette période de destruction est passée, le chien-loup vous montrera que ce n’est pas le cas, et qu’il a trouvé quelque chose de nouveau à détruire. Disons que dès que l’envie lui prend, il sait montrer à l’homme qui est le maître. »
Tchèque ou slovaque ?
Le pedigree ayant été créé à l’époque de la Tchécoslovaquie, après la dissolution de celle-ci, c’est à la Slovaquie qu’a été confié le patronage du chien-loup tchécoslovaque. Néanmoins, il est reconnu comme race nationale à la fois en Tchéquie et en Slovaquie. De plus, il est entendu que la Slovaquie ne devrait pas apporter de modifications à la norme sans le consentement de la République tchèque.
La race a été reconnue à titre définitif par la Fédération cynologique internationale en 1999. C’est une des deux seules races de chiens-loups reconnue par la Fédération cynologique internationale (FCI), l’autre étant le chien-loup de Saarloos.
Elevé dans toute l’Europe, outre dans les deux Etats de l’ancienne Tchécoslovaquie, le chien-loup tchécoslovaque est particulièrement populaire en Italie. En République tchèque, on compte actuellement entre 1500 et 2000 chiens-loups tchécoslovaques.