OTAN : la Tchéquie veut être un partenaire fiable
La Russie devrait respecter ses engagements dans le cadre des accords internationaux et ne pas déployer d’armes nucléaires en Biélorussie. C’est ce qu’a déclaré le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, à l’issue de sa rencontre, lundi à Bruxelles, avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Cette rencontre se tenait deux jours après l’annonce faite par Vladimir Poutine selon laquelle Moscou prévoit de déployer sur le territoire de son allié biélorusse des stocks d’armes nucléaires tactiques. Une annonce qualifiée « d’irresponsable » par l’OTAN, condamnée par l’Union européenne, et bien évidemment aussi par le chef de la diplomatie tchèque :
« L’OTAN est aussi une alliance nucléaire qui possède une politique de dissuasion nucléaire et nous savons ce qu’il convient de faire selon les scénarios qui se présentent. Dans cette affaire, j’appelerais donc la Russie à respecter tous les engagements internationaux et à ne pas déployer d’armes nucléaires dans d’autres pays. C’est tout ce que je peux dire sur ce sujet. »
En attendant de voir ce que la Russie va véritablement entreprendre et si elle entend mettre sa menace à exécution, Jan Lipavský et Jens Stoltenberg ont évoqué le sommet qui se tiendra à Vilnius (Lituanie) les 11 et 12 juillet prochains. Un sommet qui réunira les chefs d’État et de gouvernement des trente pays membres de l’OTAN, et même un peu plus encore, comme l’espère Jan Lipavský, dans un environnement de sécurité qui n’a jamais été aussi complexe et imprévisible depuis la fin de la Guerre froide :
« J’ai formulé le souhait que l’Ukraine et ses dirigeants puissent y participer et le président Zelensky s’y exprimer. Le but est aussi que l’OTAN trouve des formats de coopération qui favoriseront non seulement l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN mais aussi la transformation de celle-ci, et plus généralement contribueront à répondre à la question de la sécurité dans l’espace européen. »
Sur ce dernier point, Kiev souhaite rejoindre l’OTAN depuis plusieurs années et a déjà déposé sa candidature. La Russie est toutefois fermement opposée à toute expansion de l’Alliance vers ses frontières, et Jens Stoltenberg a précédemment déclaré que l’adhésion de l’Ukraine ne pouvait être qu’une question de longue haleine.
Par ailleurs, Jan Lipavský a proposé à Jens Stoltenberg d’organiser une réunion informelle des chefs de la diplomatie des pays membres de l’OTAN à Prague l’année prochaine.
Le ministre tchèque a également évoqué la situation dans la zone indo-pacifique et l’influence croissante de la Chine, y compris son attitude agressive à l’égard de Taïwan, où la présidente de la Chambre des députés tchèque a achevé une visite de soutien à Taipei très remarquée et mal vue des autorités chinoises. Le chef de la diplomatie tchèque considère que l’OTAN doit suivre de près l’évolution de la situation dans la région, où une éventuelle escalade militaire, en raison notamment de l’engagment des États-Unis, pourrait également affecter la sécurité en Europe.
C’est sans doute pour cette raison que le ministre a rappelé l’engagement pris récemment par le gouvernement tchèque à consacrer 2 % du produit intérieur brut aux dépenses militaires à compter de l’année prochaine.
Il s’agit là de la part minimale normalement demandée à chaque État membre de l’OTAN et d’un point qui a déjà valu de multiples reproches à Prague par le passé, mais en Europe tout du moins, seuls la Pologne, les trois pays baltes, le Royaume-Uni et la Grèce respectent actuellement cet engagement. La République tchèque, elle, avec 1,34 % en 2022, est pour l’heure encore loin du compte, mais en 2024, c’est donc promis, menace russe et soutien à l’Ukraine obligent, les 2 % devraient être atteints.