Dix ans de l'existence nouvelle du Musée juif de Prague
La communauté juive de Prague fête le 10e anniversaire de la restitution de ses anciens biens spoliés par les nazis, puis nationalisés par les communistes. Parmi ces biens, une place particulière revient au Musée juif de Prague.
Le Musée juif de Prague a été dénationalisé il y a 10 ans, ce qui lui a permis de subir des changements qui sont les plus profonds depuis 1906, date de sa fondation. Aujourd'hui, le musée est une institution respectée, qui accueille chaque année plus d'un demi million de visiteurs, dont la majeure partie vient de l'étranger. En plus de cela, le musée a une dimension symbolique profonde. Leo Pavlat, directeur du musée juif de Prague, explique:
"La persécution des Juifs a commencé par la confiscation de leurs biens et des objets du rite. Les propriétaires de ces objets ont été assassinés, mais leurs objets n'ont pas disparu avec eux et ils sont restés au musée. Il est évident que ces objets sont tous, des symboles de ceux qui les possédaient, qui les touchaient. En ce sens, le musée juif est un mémorial. La haute valeur symbolique du musée est la raison pour laquelle sa restitution aux communautés de Bohême de Moravie a été aussi importante, sans parler, bien évidemment de la valeur des collections."
Réunir à Prague les objets confisqués durant la guerre, dans les communautés juives en dehors de la capitale, a été une idée de Karl Stein, chef du département rural auprès de la communauté juive de Prague. Les nazis ont été pour. Le musée a été fermé au public, mais à l'intérieur, des spécialistes classaient les objets. On ignore les vraies intentions des nazis. Selon l'une des hypothèses non fondée, ils ont voulu y constituer un musée de la race disparue. Au début de la guerre, lorsqu'il a été fermé, le musée comptait près d'un millier d'objets. A cette même période, plus de 118 000 Juifs vivaient en Bohême et en Moravie. La guerre terminée, le nombre d'objets était de 40 000, alors que 80 000 Juifs étaient morts. Voilà pourquoi le musée a sa valeur symbolique: Chaque objet exposé avait son propriétaire, chaque objet symbolise une personne concrète. La vraie valeur des collections est tout aussi inestimable, souligne Leo Pavlat: ainsi, il y a une collection du textile depuis le XVIe jusqu'au XXe siècle, plus de 100 000 livres, des manuscrits médiévaux et de précieux ouvrages imprimés.