En mai 1951 étaient lancées les émissions en tchèque de Radio Europe Libre
Il y a 60 ans de cela, le 1er mai 1951, étaient diffusées pour la première fois, depuis Munich, les émissions en tchèque de Radio Free Europe/Radio Liberty. Pour marquer cet événement, plusieurs manifestations se sont tenues ces mercredi et jeudi à Prague. Car même si la diffusion en tchèque a été interrompue en 2002, la légendaire station américaine derrière le Rideau de fer, dont l’écoute était synonyme de liberté d’information pour les Tchécoslovaques sous le régime communiste, continue de siéger dans la capitale tchèque.
« Nous n’avions pratiquement aucune concurrence à l’époque en Tchécoslovaquie. Il n’y avait peut-être que le samizdat local. Pour le reste, les canaux officiels s’efforçaient surtout de passer sous silence certaines informations plutôt que de chercher à les communiquer. Dans ce contexte, il était donc plutôt facile pour nous d’avoir l’air d’être intelligent, sage et de tout savoir. Nous avions un accès illimité aux sources d’information. Mais tout cela, c’est de l’histoire, car aujourd’hui chaque journaliste tchèque dispose de la possibilité qui était alors la nôtre. Le monde a radicalement changé. »
Une des autres raisons du succès immédiat de Radio Europe Libre auprès du public a été la présence au sein de la rédaction tchèque dès le début de quelques-uns des meilleurs journalistes, écrivains, hommes politiques et autres grandes figures et personnalités de l’exil tchécoslovaque. Ferdinand Peroutka, présenté parfois comme « le père du journalisme tchèque », a d’ailleurs été le directeur de cette rédaction tchèque lors des dix premières années d’existence de celle-ci, entre 1951 et 1961.
Après août 1968 et l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie, de nombreux autres exilés tchécoslovaques ont également travaillé pour la section tchèque de Radio Europe Libre. Toujours ainsi, la qualité des émissions proposées est restée à la base de l’importante audience réalisée par la radio dont le fonctionnement était financé par le Congrès américain.Plus tard, après la révolution en 1989 et l’installation de la démocratie en République tchèque et en Slovaquie, les émissions en tchèque ont finalement été supprimées. Depuis 2002, Radio Europe Libre diffuse donc ses programmes dans des pays considérés comme plus prioritaires, où l’accès à l’information autre qu’officielle servie par le régime en place reste aussi difficile qu’autrefois en Tchécoslovaquie. C’est pourquoi son ancien directeur, Pavel Pecháček, pense que Radio Europe Libre continuera de siéger encore longtemps à Prague :
« Elle diffuse aujourd’hui ses programmes ailleurs, dans d’autres pays et régions du monde, mais elle a gardé le même principe de base : informer, informer, informer. C’est ce qui fait le plus de Radio Free Europe mais c’est aussi une nécessité pour elle, car dans les pays du monde qui ne sont pas encore libres et où il n’y pas de démocratie, le plus important est que les gens puissent avoir accès aux vraies informations sur ce qui se passe réellement chez eux. Et quelquefois, il se passe vraiment des choses horribles. C’est pour cette raison que je pense que Radio Europe Libre va exister à Prague pendant encore de très longues années. » Et c’est aussi un peu cela qu’a souligné le Premier ministre tchèque, Petr Nečas, lors de la conférence intitulée « Librement ! » qui s’est tenue ce jeudi au Sénat. Dans son allocution, le chef du gouvernement a indiqué que Radio Europe Libre avait joué un rôle de bélier qui avait détruit le mur de l’information du régime communiste.