En Moravie, le magique sanctuaire de Svatý Hostýn accueille pèlerins et touristes
Comme un peu partout en Europe, le tourisme religieux, le pèlerinage ou encore la retraite spirituelle font de plus en plus d’adeptes en Tchéquie. Nombreux sont les Tchèques qui se rendent à Saint-Jacques-de-Compostelle, à Lourdes ou à Częstochowa, de même que ceux qui empruntent les routes de pèlerinage en Bohême et en Moravie pour découvrir, au bout de leur périple, un des nombreux sanctuaires du pays. Dans cette émission de Noël, nous vous emmenons à la découverte de l’un d’entre eux, Svatý Hostýn (Saint Hostýn). Perché à plus de 700 mètres d’altitude, il est à la fois le lieu de pèlerinage le plus haut placé de Tchéquie et le deuxième le plus visité, après Velehrad.
Partis de Prague en train dans la matinée, nous arrivons, au début de l’après-midi, à Bystřice pod Hostýnem, une petite commune de la région de Zlín, connue pour son usine de fabrication de meubles TON. Visible de loin lorsqu’on s’approche de Bystřice, le mont Hostýn, haut de 735 mètres, domine la microrégion de Haná. Il a donné le nom au paysage vallonné qui l’entoure : Hostýnské vrchy.
Depuis Bystřice, on peut soit grimper jusqu’au sanctuaire, soit prendre le bus qui part toutes les heures depuis la place de la petite ville, pour emmener les touristes, en une quinzaine de minutes, au pied de la basilique mineure de l’Assomption de la Vierge.
Depuis la fin du XIXe siècle, le sanctuaire est administré par l’Ordre des jésuites. Six frères vivent actuellement à Svatý Hostýn, dont le recteur de la basilique Ladislav Nosek :
« En arrivant à Svatý Hostýn, on aperçoit d’abord la basilique, bien sûr, mais aussi une éolienne : elle a été construite sur le point le plus haut de la colline. Juste à côté se trouve une tour panoramique du XXe siècle qui mérite elle aussi un détour. La basilique, quant à elle, a été consacrée en 1748. C’est un monument massif, comme l’exige le climat local. A proximité se trouvent trois maisons de pèlerins, mais surtout un autre monument classé, à savoir le chemin de croix construit par le célèbre architecte Dušan Jurkovič. En bas du long escalier qui mène à la basilique, tout le monde s’arrête devant une chapelle qui abrite une source aux vertus que nous croyons miraculeuses. La nature environnante est très belle et enchante chaque visiteur à la recherche de quiétude et ressourcement. »
« Personnellement, j’apprécie beaucoup le calme de ce lieu et la beauté de la nature : je m’y plais, beaucoup plus qu’au centre de Brno, où j’ai vécu auparavant. Quand il y a suffisamment de neige, on peut même faire du ski de fond à Svatý Hostýn, ce que j’apprécie aussi ! »
Un orage violent et une source miraculeuse
Svatý Hostýn est un endroit mythique : il y avait autrefois un oppidum celtique, l’un des rares de Moravie. Ladislav Nosek explique que le mont a toujours servi de refuge pour les locaux. Il en été de même en 1241 :
« Cette année-là, en effet, la population chrétienne qui vivait dans la vallée s’est réfugiée sur la colline pour se protéger contre l’assaut des tribus tartares ou mongoles. Ils manquaient d’eau et se sont donc tournés vers la Vierge Marie dans leurs prières. Un jour, un orage particulièrement violent a éclaté et a obligé les assiégeants à s’enfuir. Les réfugiés ont donc pu revenir dans leurs villages. Il paraît qu’au même moment, ils ont découvert une source d’eau sur la colline. C’est peut-être une légende, mais il n’empêche que les gens viennent même aujourd’hui chercher l’eau de cette source. Une tradition orale ininterrompue a toujours conservé le souvenir de cet événement miraculeux et Svatý Hostýn est devenu un haut lieu de pèlerinage marial. La Vierge Marie est vénérée ici en tant que protectrice de toute la Moravie. »
Plusieurs chapelles ont été construites sur la colline notamment par les mineurs qui y forgeait le fer et l’argent, avant que la basilique baroque, avec une magnifique coupole au ciel étoilé n’y soit érigée à la fin du XVIIIe siècle. Derrière l’autel se trouve un tableau en relief avec la scène de la destruction du camp des Tartares en 1241. Au-dessus du tableau est située la précieuse statue de la Vierge Marie de Saint Hostýn, avec le Petit Jésus tenant dans sa main… des éclairs.
Alors que dans la première moitié du XXe siècle encore, des centaines de milliers de pèlerins se rendaient chaque année à Svatý Hostýn, la tradition a été interrompue sous le régime communiste, pour être renouvelée après la révolution de Velours, comme l’explique encore le prêtre Ladislav Nosek :
« Avec l’arrivée du parti communiste au pouvoir, les jésuites ont dû quitter Hostýn et sont passés dans la clandestinité, tout comme les autres ordres religieux. Le site a été est passé sous administration des prêtres du diocèse. A cette époque, le complexe a abrité un établissement pour des enfants handicapés. Même si les pèlerinages n’étaient pas officiellement interdits par les autorités communistes, c’était une pratique vue d’un mauvais œil et effectuée de manière individuelle.
Depuis la révolution de 1989, les jésuites sont de retour à Svatý Hostýn et les trois maisons de pèlerins hébergent de nouveau ceux qui veulent passer une ou plusieurs nuits ici. Nous accueillons des pèlerins tchèques qui viennent souvent tout seuls, en couple ou en famille, ou encore en groupe, ainsi que des visiteurs étrangers : le plus souvent des Slovaques, des Polonais ou des Hongrois. Aujourd’hui même, nous avons ici un groupe d’Américains d’origine tchèque qui viennent du Texas, où la communauté tchèque a fait ériger une église qu’elle appelle aussi Svatý Hostýn. »
Je recommande vivement aux gens d’effectuer un pèlerinage individuel – c’est une très belle expérience qui permet de se recueillir et de mener plus un dialogue avec le lieu qu’avec les autres. Ce genre de retraite spirituelle est de plus en plus fréquent et les gens viennent à pied de bien plus loin que de Bystřice pod Hostýnem toute proche. »
Les pèlerins et les marcheurs du dimanche
Près de 200 000 personnes, des croyants pratiquants mais aussi de simples touristes, visitent le sanctuaire chaque année. Parmi eux, Gabriela, une jeune professeure de français d’Olomouc venue, en ce mois de décembre passer un week-end à Hostýn, pour se ressourcer. Elle nous fait part de son expérience :
« J’ai visité Svatý Hostýn également en été. En hiver, il y a beaucoup moins de monde, ce qui est idéal pour la méditation. En plus, comme le sanctuaire se trouve dans les hautes terres, il n’est pas tout à fait facile d’accès. Il est intéressant de le comparer avec un autre lieu de pèlerinage, Svatý Kopeček, la Sainte Colline, située à proximité de la ville d’Olomouc. C’est un complexe baroque, construit par un architecte italien, tandis qu’à Svatý Hostýn, on peut admirer le chemin de croix du XXe siècle, décoré par les artistes de la région. En visitant les deux lieux, on se déplace d’un siècle à l’autre, d’Italie en Moravie. Tout cela rend ces deux lieux de pèlerinage intéressants non seulement pour les chrétiens, mais aussi pour les amateurs d’art. »
Pas de messe de minuit à Svatý Hostýn lors du réveillon de Noël. En revanche : une messe solennelle y est traditionnellement célébrée le 31 décembre au soir. De nombreux visiteurs viennent à Hostýn pour admirer une grande crèche de Noël avec une spécialité locale : la Sainte famille sous un ciel étoilé.
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