En Tchéquie aussi, avant Pâques, le défi d’une marche de nuit
Imaginé et diffusé dans le monde par les franciscains, le Chemin de croix est une méditation sur la Passion du Christ pratiquée pendant le Carême. Ce pèlerinage « en esprit » peut prendre différentes formes, certaines plus extrêmes que d’autres comme celle, par exemple, d’une longue marche de nuit. Une initiative lancée en Pologne il y a quelques années qui se répand dans de plus en plus de pays, dont la Tchéquie.
C’est bien connu : la marche aide à mieux se connaître. Et pour beaucoup de croyants, les pieds, parce que c’est là que commence la spiritualité, sont le moteur de leur foi. La Bible est d’ailleurs remplie d’histoires de marche ; parfois extrêmes, comme celle de Jésus dans le désert.
Traditionnellement organisé le vendredi qui précède le dimanche des Rameaux, le Chemin de croix extrême mobilisera cette année plus de 38 000 pèlerins de 16 pays, des États-Unis à l’Islande en passant par la Norvège, l’Allemagne, la Belgique ou encore, donc, la Tchéquie. Tous ces marcheurs parcourront, seuls et dans le silence, plus de 56 000 kilomètres (soit environ 1 300 itinéraires), selon les données disponibles sur le site officiel de l’événement. Les plus nombreux seront en Pologne, où l’initiative a vu le jour en 2009, comme le raconte le prêtre Andrzej Siejak de la Congrégation des Pères Mariens :
« C’est en effet un prêtre polonais qui est à l’origine de ce projet. Dans un premier temps, le Chemin de croix extrême était destiné uniquement aux hommes. Ce prêtre voulait les inciter à effectuer un pèlerinage physiquement éprouvant. C’est une expérience forte qui permet de mieux se connaître. Ce questionnement nous aide en quelque sorte à devenir une belle personne, c’est-à-dire un être qui prend conscience de ses défauts et faiblesses, mais aussi de sa bonté. »
De Hostivař à Stará Boleslav
Âgés de 16 à 64 ans, ils sont actuellement une quinzaine de pèlerins à vouloir participer, ce vendredi 22 mars, à ce Chemin de croix extrême organisé par la paroisse d’Hostivař, un quartier du sud-est de Prague. Après avoir participé à la messe qui les réunira, tous prendront ensuite, munis d’une carte, la direction de Stará Boleslav, haut lieu de l’histoire tchèque. Samedi matin, ils se retrouveront devant la basilique où, chaque 28 septembre, est célébré le pèlerinage national de la saint Venceslas.
Andrzej Siejak est le principal organisateur de l’événement dans la paroisse d’Hostivař :
« Chaque participant parcourt cet itinéraire seul et se retrouve confronté à l’inconfort d’une longue marche de nuit : aux ténèbres, à la peur, à la fatigue… La nuit nous permet de mieux nous concentrer sur nous-mêmes et l’effort physique nous permet de toucher nos limites. Il y a parfois des moments de crise, il faut s’arrêter... Nous proposons aux pèlerins trois parcours de 30, 36 et 40 kilomètres. Ceux qui le souhaitent peuvent former de petits groupes, mais le silence doit être observé. Je recommande toutefois aux participants de parcourir l’itinéraire seuls. Bien sûr, ils peuvent me joindre en cas de problème. Et puis, même si l’on marche de manière individuelle, on se retrouve après chaque étape. »
« À chaque station du chemin de croix, on lit ou écoute un texte enregistré, destiné à la méditation. Chaque année, les textes sont différents. Pour cette fois, nous avons choisi des textes qui se rapportent à la vie de Saint Jean-Paul II. Nous avons plus particulièrement retenu sa devise : ‘Il faut être exigeant envers soi-même’. Personnellement, je demande aux participants s’ils sont sûrs de pouvoir parcourir les 30 kilomètres sans problème. S’ils me répondent par l’affirmative, alors je leur dis d’opter pour un itinéraire plus long. »
Trois autres Chemins de croix extrêmes sont organisés cette semaine en Tchéquie : à Borovany, en Bohême du Sud, à Luhačovice, en Moravie, ainsi qu’au centre de Prague avec l’église Saint-Gilles (Kostel sv. Jiljí) du couvent des dominicains, au cœur de la Vieille-Ville, comme point de départ et d’arrivée.
