Enfin la croissance montre le bout du nez
Après trois ans de problèmes, la tendance de l'économie tchèque est à nouveau à la croissance. La question est de savoir si cette éclaircie n'est pas que passagère. Toute une controverse est déjà engagée là-dessus. Omar Mounir.
Le PIB a notoirement augmenté, dépassant même toute prévision. C'est pour la première fois, depuis trois ans, qu'une si bonne nouvelle est communiquée par les statisticiens. En l'an 2000, le PIB a enregistré une augmentation de 3,1%, ce qui est à peu près de 15% supérieur aux prévisions.
Economistes et politiciens appréhendent cette information comme un indice annonçant la fin de la récession pour l'économie tchèque. Certains analystes cependant continuent de douter. Ils attirent l'attention sur les structures, pas très favorables, de cette croissance, couverte par les investissements, tandis que les stocks grossissent et que la consommation aussi bien domestique qu'administrative ne s'est pas fait vraiment sentir sur le marché. C'est, en effet, dans la consommation nationale, que les économistes voient le facteur décisif dans la croissance, notamment en situation d'augmentation réelle des salaires.
Pour le Premier ministre, Milos Zeman, cet inversement de la vapeur en faveur de la croissance n'est pas un épiphénomène mais bien une tendance de fond appelée à se poursuivre en l'an 2001. Il ne s'agit pas, a-t-il dit en substance, d'une croissance induite par un choc pétrolier ou l'augmentation des prix du gaz naturel, mais bien d'une croissance liée aux structures de l'économie, saine et qui va s'accélérer. Quant au président de la Chambre des députés, Vaclav Klaus, économiste lui aussi, s'il confirme que le taux de croissance de 3,5% se maintiendra cette année, il tempère cette bonne nouvelle par le fait qu'elle intervient dans une situation de déficit budgétaire comme de déficit de la balance commerciale. Il attire enfin l'attention sur la tendance de l'économie mondiale à la récession, ce qui, à son avis, pourrait, si l'on ne fait pas preuve de circonspection, tirer l'économie tchèque vers le bas.