Et s’il n’y avait pas eu l’attentat de Sarajevo ?
Comme partout ailleurs ou presque en Europe, en République tchèque aussi, toute une gamme d’évémements commémoratifs et culturels sont consacrés au centenaire du déclenchement de la Grande Guerre. Les médias, eux aussi, réservent une grande place au rappel de cet événement historique majeur du XXe siècle, ainsi qu’au contexte et aux circonstances de l’attentat de Sarajevo sur François-Ferdinand d’Este, depuis lequel cent ans se seront écoulés ce samedi 28 juin. Nous vous présenterons quelques extraits de ces articles. Une série de séismes qui se sont récemment produits en Bohême de l’Ouest a soulevé un certain nombre de questions auxquelles nous avons cherché des réponses dans la presse. La politique tchèque serait plus sympathique si plus de femmes s’y impliquaient. C’est du moins ce que prétend l’auteur d’un commentaire que nous avons également retenu pour cette revue de presse.
« Cet événement a provoqué le déclenchement d’une guerre mondiale qui a fait basculer le sort de nations entières, semant de nouvelles injustices et de nouveaux torts. Ceux-ci ont abouti à la naissance du nazisme, à une nouvelle guerre, à la tragédie des Juifs et à la prolifération du communisme à travers l’Europe. Personne ne saurait prétendre que sans cet attentat, accompagné de circonstances accidentelles et d’une incroyable incapacité de la police, rien de ce qui a été dit ne se serait pas produit. Mais on peut très bien l’imaginer ».
Impossible de tirer une leçon univoque de l’attentat de Sarajevo et de l’effet de domino qu’il a eu. Selon l’hebdomadaire Respekt, on peut tout de même en retenir certains enseignements pour l’avenir. Nous citons :
« Aspirant à un Etat indépendant, les Tchèques ont su assez bien mesurer les avantages de l’ancien système, sans cependant avoir su évaluer les désavantages de ce nouvel Etat. Personne ne pouvait prévoir les dangers qui guettaient l’Europe émiettée... A présent, un grand nombre de Tchèques dénoncent l’appartenance du pays à l’Union européenne. Il est facile de voir les désavantages de la coopération au sein d’une formation multinationale, mais les événements vieux de cent ans nous invitent à évaluer quel serait le prix à payer de son éventuel abandon. »
Dans un autre article publié dans l’hebdomadaire Respekt, Petr Třešňák remarque lui aussi que la question de savoir quel aurait été le cours de l’histoire sans l’attentat de Sarajevo invite à des spéculations, tout en admettant que, bien sûr, l’Histoire ne connaît pas de « si ». Il précise :
« De l’avis de nombreux historiens, François-Ferdinand, qui devait être intronisé deux ans plus tard, aurait pu empêcher la guerre mondiale déclenchée par sa mort. Il n’est pas nécessaire d’idéaliser son personnage, car c’était un homme colérique, émotif, têtu et en bien des points conservateur et intransigeant. Mais sa volonté de négocier et de maintenir la paix à tout prix était très forte. »
Dans un entretien accordé au site aktualne.cz, l’historien Ivan Šedivý s’intéresse, lui, aux causes réelles du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il constate :
« Il existe toute une série de causes rationnelles et irrationnelles qui ont mené à cette guerre. Nous sommes capables de les décrire assez précisément, à commencer par les problèmes d’ordre économique, en passant par les relations entre certains Etats, jusqu’au climat spirituel qui régnait à l’époque, sans savoir pour autant les classer, car chaque historien privilégie une cause à une autre. Ceci dit, les causes du déclenchement de la guerre ont été si nombreuses que, tôt ou tard, un conflit aurait probablement éclaté, même sans cet attentat. Il est paradoxal que François-Ferdinand d’Est, contrairement aux mythes et aux idées préconçus, représentait l’aile pacifique au sein de la direction de la monarchie austro-hongroise. Lui-même ne souhaitait pas la guerre... »
Jiří Šedivý croit que François-Ferdinand aurait su réformer la monarchie tout en ajoutant que « l’idée du nationalisme et des Etats nationaux demeure très vivante aujourd’hui encore. L’évolution après 1989 et le processus survenus dans certains Etats, en particulier en Yougoslavie et, finalement, aussi en Tchécoslovaquie, l’ont d’ailleurs clairement démontré ».
La fréquence des séismes en Bohême de l’Ouest s’accélère
Vers la fin du mois de mai, la région de Cheb, en Bohême de l’Ouest, a enregistré une série de séismes qui ont atteint une magnitude de 4,5 sur l’échelle de Richter. Murs et cheminées fissurés, bruits souterrains, oiseaux confus, autant de conséquences que les habitants de la région ont pu ressentir pendant toute la durée de ces activités séismiques qui se sont étendues sur une semaine. Le dernier supplément Orientace du quotidien Lidové noviny confirme que les séismes en Bohême de l’Ouest ne sont pas une nouveauté, car les chroniques en font mention depuis plusieurs siècles déjà. Ces dernières années, la région est étroitement suivie par les experts. Comme le note l’auteur de l’article, les causes de ces séismes demeurent néanmoins un mystère. Eva Vlčková apporte quelques précisions à ce sujet :« Cette fois-ci, l’épicentre des séismes s’est trouvé, comme dans tous les cas précédents, près du village Nový Kostel, à quinze kilomètres au nord de la ville de Cheb. Même si cet épisode n’a même pas été inscrit dans la base des données géologiques mondiales, une dizaine de milliers de tremblements de terre comparables se produisant chaque année dans le monde, il a suscité une grande attention dans les médiax locaux et les milieux spécialisés. Ces derniers se disent surpris notamment par la fréquence de ces séismes. En effet, depuis l’an 2000, les intervalles entre leurs différentes manifestations ne cessent de se raccourcir d’une manière frappante. »
Les séismologues assurent néanmoins que l’apparition de tremblements de terre plus importants que ceux, légers, que l’on a connus jusqu’à présent ne sont pas à redouter. L’article fait également état de certaines théories liées à leurs origines. Celle qui est probablement la plus répandue émet l’hypothèse selon laquelle les actuelles vagues sismiques seraient la conséquence de l’activité d’anciens volcans ayant existé dans la région. Les experts n’excluent pas non plus, toujours selon le texte publié dans Lidové noviny, l’éventualité de la naissance d’un nouveau volcan dans la région.
Des quotas pour les femmes ? Les Tchèques s’en méfient
« Depuis de longues années, la politique tchèque est dominée par les hommes. Voilà pourquoi elle a l’attrait d’une grenouille écrasée. » C’est ce qu’écrit Martin Fendrych en introduction de son commentaire publié sur le site aktualne.cz, un commentaire dans lequel il se penche sur l’engagement très faible des femmes tchèques dans la politique. C’est là une réaction à la volonté de Jiří Dienstbier, ministre social-démocrate en charge des droits de l’homme, d’introduire des quotas pour les femmes. Comme le souligne le texte en question, les chiffres concernant leur représentation actuelle dans la politique sont éloquents :« Le cabinet de coalition de Bohuslav Sobotka ne compte que 17% de femmes, tandis qu’à la Chambre des députés et au Sénat, celles-ci n’occupent respectivement que 19 % et 17% des sièges. Au niveau régional, on voit un peu plus de femmes engagées dans la vie politique... Selon l’organisation Forum 50%, il existe une ilégalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux de décision, donc non seulement dans la vie politique mais aussi au niveau de l’emploi. Lorsqu’elles occupent les mêmes fonctions que les hommes, les femmes perçoivent des salaires d’un montant moyen inférieur de 30% à ceux des hommes. »
Martin Fendrych rappelle que le climat dans la société tchèque, en proie à toutes sortes de préjugés, ne favorise pas l’adoption de quotas pour les femmes. Les partis de droite notamment les considèrent comme antidémocratiques ou « étouffant la démocratie ». Pour lui, on trouve cependant de forts arguments en faveur de leur adoption. Il explique pourquoi :
« Il existe un argument de taille, à savoir que la politique masculine tchèque est malsaine. Elle est répugnante. Les électeurs tournent le dos aux partis établis et à la politique en tant que telle. Ils se disent dégoutés. Il se peut que les femmes amélioreraient son image... En plus, tout indique que dans les pays avec une forte représentation de femmes dans la politique, le taux de corruption est assez faible. (Nous avons des hommes ‘parrains’, mais connaissons-nous des femmes ‘parrains’) ? Ce qui est aussi paradoxal c’est que, chez nous, les femmes représentent près de 60% des anciens étudiants universitaires. »
Enfin, l’auteur de l’article rappelle que des quotas ont été appliqués dans nombre de pays, comme la France, la Pologne ou la Belgique. Considérant la société tchèque « trop rigide », il prévoit cependant que la nouvelle initiative en faveur des quotas ne passera pas en Tchéquie. « Les mecs des partis s’en occuperont », conclut-il.