Eva Svankmajerova, femme qui a ressuscité le surréalisme

Eva Svankmajerova, photo: CTK
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La disparition de Eva Svankmajerova laisse un vide difficile à combler dans les arts plastiques tchèques et brise un couple d'artistes étonnants qui prolongeait et développait les grandes traditions du surréalisme tchèque.

Eva Svankmajerova,  photo: CTK
Elle est née dans la ville de Kostelec près de Prague. "J'aimais cette ville et elle me torturait, dira-t-elle. Je n'ai jamais beaucoup communiqué avec les gens, mais avec les forêts, avec l'architecture. J'ai besoin d'architecture et j'ai l'ambition de l'introduire dans mes tableaux. "

Difficile à cerner la personnalité d'Eva Svankmajerova. Bien sûr, on connaissait ses tableaux pseudo-naïfs et surréalistes, on savait qu'elle collaborait de façon intensive aux films de Jan Svankmajer. Mais elle était aussi céramiste, elle écrivait des vers et de la prose. Elle avait une vision originale du monde et étonnait par ses opinions courageuses sur la vie, la procréation, la condition féminine ...

Elle se fait connaître déjà dans les années soixante grâce à une série de grandes toiles qui étaient des répliques très libres de célèbres tableaux de maître anciens sur lesquelles les femmes étaient remplacées par des hommes. Inspirée par le surréalisme, membre du Groupe surréaliste tchèque, elle utilise les principes surréalistes avec beaucoup de liberté et d'humour. C'est sa rencontre avec Jan Svankmajer, son futur mari, en 1960, qui constitue le moment crucial de sa vie. C'est avec lui qu'elle s'épanouit et qu'elle forme un couple d'artistes qui s'inspirent et s'enrichissent mutuellement. C'est avec lui qu'elle créera aussi toute une série de films distingués par de nombreux prix et qui, ces dernières années, sauvent la réputation du cinéma tchèque.

Bertrand Schmitt, cinéaste qui a tourné un film sur ce couple artistique intitulé "Les chimères des Svankmajer " : "Plus je travaillais avec Jan, plus je me rendais compte que l'influence d'Eva était essentielle. Toute leur vie est consacrée à leur travail, cela prend des proportions gigantesques, il n'y a pas de séparation, tous les aspects s'interpénètrent, y compris entre les deux. C'est à dire, Eva a son propre travail, elle travaille de son côté, Jan travaille de son côté, mais ils ne peuvent pas séparer les choses du moment où la création de l'un rentre chez l'autre. Et c'est cela qui nous intéressait et nous paraissait vraiment étonnant. Surtout à une époque où l'on présente les artistes comme des êtres forcément singuliers et uniques. Je pense que les Svankmajer montrent, comme disait Lautréamont, que la poésie peut être faite par tous et ils essaient de mettre ce côté-là en pratique dans leurs vies et cela nous intéresse énormément. "