Festival Art Brut Film : le musée d’Alain Bourbonnais invité à Olomouc

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Ce sont plus de mille créations d’art brut qui sont installées à La Fabuloserie, le musée du célèbre artiste et collectionneur Alain Bourbonnais, à Dicy, dans l’Yonne. Sa fille, Sophie Bourbonnais, a repris le flambeau en 1988 à la mort de son père pour partager cet art hors-les-normes... jusqu’en Tchéquie, puisque, jeudi, elle était au Musée d’art d’Olomouc. Organisé par Pavel Konečný de l’association d’art brut ABCD, le festival Art Brut Film Olomouc a fêté sa sixième édition. Radio Prague a posé quelques questions à la présidente de l’association, Terezie Zemánková.

Six court-métrages documentaires ont été proposés au public, tous en lien avec l’art brut et le travail d’Alain Bourbonnais. Parmi ces films, celui de Philippe Espinasse portait par exemple sur « La machine de Petit Pierre ». Petit Pierre, un artiste sourd, muet et malmené par son entourage, a passé sa vie à réparer de vieilles machines agricoles pour construire un grand manège automatique, comme une ferme miniature, qui est aujourd’hui exposée à la Fabuloserie. Terezie Zemánková explique le choix de ce musée pour cette sixième édition :

« Cette année, le thème était La Fabuloserie, parce que c’est un musée très important du monde de l’art brut et de l’art naïf. Le personnage d’Alain Bourbonnais était aussi très important, car il était un collègue, un camarade de Jean Dubuffet. Ils correspondaient beaucoup tous les deux, et la fille d’Alain Bourbonnais, Sophie Bourbonnais, venait de sortir un grand ouvrage qui réunit l’ensemble de la correspondance de son père Alain Bourbonnais avec Jean Dubuffet. »

Ce livre, « Collectionner l’art brut », retrace l’histoire de cet art spontané à travers les trajectoires de ces deux hommes. En 1971, Alain Bourbonnais découvre la Collection du célèbre théoricien de l’art brut, Jean Dubuffet, une découverte qui l’encourage à fonder l’Atelier Jacob à Paris. En 1983, Alain Bourbonnais ouvre le musée La Fabuloserie, un musée d’art « hors-les-normes », selon l’expression de Jean Dubuffet pour décrire un art qui ne se conforme ni aux règles de l’art institutionnel, ni à celles de l’art à la mode, et qui relève de la spontanéité de chaque artiste.

Cet art hors-les-normes tend à avoir une audience importante en République tchèque, grâce au travail d’associations comme Art Map, qui était à Olomouc jeudi pour présenter son guide sur les lieux insolites d’art spontané en République tchèque. Cette plate-forme s’intéresse plus généralement aux lieux cachés, hors des galeries, où l’art fait parfois son nid. Terezie Zemánková détaille :

« En République tchèque, nous avons découvert, avant tout grâce à Pavel Konečný, qui est un grand collectionneur depuis les années 1970, beaucoup d’artistes d’art naïf et brut. Ce qui est très important en République tchèque, c’est aussi l’art médiumnique, qui était très fort dans les années 1920, au XXe siècle avant tout. Il est réuni au Musée de Nová Paka, mais pas seulement là-bas, il y a aussi le musée d’Olomouc qui a une grande collection d’art médiumnique. »

C’est donc une grande richesse qui caractérise ces collections d’art brut, des collections qui, selon les mots de Terezie Zemánková, ont peu de points communs, si ce n’est leurs différences et leur singularité. Occupée à d’autres projets, cette fois autour de l’art contemporain, Terezie Zemánková organisera ce jeudi 6 avril, à 18 heures, une soirée, dans le cadre du projet « Nous sommes ouverts » d’Art District Prague 7. L’occasion de découvrir les lieux du futur musée « To Museum », un musée qui sera consacré à l’art contemporain et au travail du photographe Miroslav Tichý. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de Tichyocean.com