Une collection française d’art brut présentée à la galerie DOX

Photo : ČTK

Une nouvelle exposition au centre de l’art contemporain DOX à Prague présente des œuvres et des créateurs d’art brut. Ouverte jusqu’au 17 août, l’exposition, intitulée « ART BRUT LIVE », fait découvrir au public quelque 300 objets de la collection privée du Français Bruno Decharme, accompagnés par des photos documentaires du Suisse Mario Del Curto.

Bruno Decharme,  photo : ČTK
Bruno Decharme a commencé à collectionner les œuvres d’art brut il y a plus de trente ans. Sa collection abcd, qui contient en totalité plus de 3 500 objets de plusieurs centaines d’auteurs, est devenue l’une des collections les plus importantes dans le monde entier. Mais que représente cet « art brut » ? Inventé par le peintre Jean Dubuffet, le terme désigne la création née en dehors de la culture officielle, et dont les auteurs vivent souvent en marge de la société. Bruno Decharme en dit plus :

« Dans la définition de l’art brut, on dit toujours que ce sont des gens qui sont indemnes de culture. Oui, ils sont indemnes de culture artistique mais je pense qu’ils sont extrêmement proches de la culture, de ce qui les entoure. Ils en ont simplement une lecture différente parce qu’ils regardent le monde différemment. Ils ont des structures mentales parfois complètement différentes, parfois des blessures radicales qui les mettent en marginalité sociale, mais ce sont des gens extrêmement proches du monde. Je pense qu’il faut toujours les regarder et les écouter au pied de la lettre. Peut-être, c’est délirant, comme l’on le dit, mais en même temps ils nous disent quelque chose de très juste. »

Photo : ČTK
Parmi les soixante auteurs présentés à l’exposition en République tchèque, dont la plupart pour la toute première fois, le public pourra admirer aussi quelques œuvres réalisées par des artistes tchèques, comme l’explique Bruno Decharme :

« L’association abcd est dirigée par Barbara Safarova, qui est Tchèque. Et puis, j’ai rencontré Terezie Zemánková (la commissaire de l’exposition, ndlr), il y a maintenant plus de dix ans, et je lui ai dit qu’il serait intéressant de créer une ‘abcd Prague’ pour travailler sur la République tchèque et les pays d’Europe centrale. Donc, elle a trouvé beaucoup d’artistes et elle m’a fait découvrir Zdeněk Košek, Luboš Plný et plein d’autres. »

Mario Del Curto,  photo : ČTK
Les photos documentaires, qui forment la seconde partie de l’exposition, présentent la vie et les conditions de création de ces artistes. Leur auteur, le photographe suisse Mario Del Curto, s’intéresse aux créateurs d’art brut depuis les années 1980. Son ami Bruno Decharme explique que même s’ils se connaissent depuis longtemps, il s’agit ici de leur première collaboration. Il poursuit en indiquant que la connaissance de la vie de ces auteurs est en quelque sorte la clé pour une bonne compréhension de leurs œuvres :

« Je disais à Terezie qu’il serait formidable, en plus de la collection, d’avoir le regard de Mario qui a rencontré des centaines de ces artistes. Il faut toujours savoir que les œuvres sont intimement liées à ce qu’ils sont, à leur vie. Donc, vous voyez ces œuvres très émouvantes et vous voyez aussi qui est derrière. Et c’est très fort. »

Photo : ČTK
Les portraits et la documentation des endroits dans lesquels les artistes vivent et créent, montrent la complexité de l’art brut. Nous écoutons Mario Del Curto :

« Ça fait très longtemps que je photographie des artistes d’art brut. Il y a quelque chose qui continue de me passionner et qui continue d’alimenter le feu qui brûle à l’intérieur. Ce que j’aime beaucoup, c’est le côté ‘politique’. C’est-à-dire que ce sont les artistes qui n’ont pas forcément fait de grandes études, qui ne sont pas riches, qui n’ont pas fait des écoles d’art et qui sont des autodidactes. Et tout à coup, il y a une force créatrice, une impulsion qui arrive et des créations sortent de ces personnes de façon spontanée et complètement inattendue. Et cela, je le trouve absolument fascinant. »

Radio Prague diffusera prochainement la totalité de l’entretien avec Bruno Decharme et Mario Del Curto.