František Peřina, héros de l’aviation tchèque pendant la guerre

Vendredi dernier, le général et ancien pilote de la RAF František Peřina aurait eu cent ans. Retour sur la vie d’une des grandes figures de l’histoire tchèque de la seconde guerre mondiale.

Surnommé le « général du ciel », le pilote de chasse František Peřina a inscrit son nom dans l’histoire de l’aviation militaire et dans celle de la résistance au nazisme dès les premières heures de la Seconde guerre mondiale. C’est ce que relevait d’ailleurs l’historien Jiří Rajlich, en 2006, lors du décès František Peřina à l’âge de 95 ans :

« Il était une légende, déjà de son vivant. František Peřina s’est rendu célèbre dès 1937 où il s’est fait remarqué à l’occasion de la Compétition internationale d’aviation qui se déroulait à Zurich. Mais il est véritablement entré dans l’histoire lors d’une bataille de l’air au-dessus de la France en 1940. »

Car en effet, après la dissolution de la Tchécoslovaquie en 1939, František Peřina, quitte le pays pour la France et rejoint la Légion étrangère. Mais dès que la France déclare la guerre à l’Allemagne, il rejoint, conformément à son souhait d’origine, l’Armée de l’air française. A bord de son avion Curtiss, il abat une dizaine d’avions de la Luftwaffe en trois semaines à peine, et devient célèbre par ce fait d’armes. Mais en juin 1940, son avion est touché par un Messerschmitt. Même blessé, il parvient à se poser et après avoir été soigné, il parvient à rejoindre les Forces française libres à Oran, en Algérie. Plus tard, il rejoindra l’Angleterre et la RAF, où il se distingue par d’autres exploits aériens.

Comme le rappelait Jiří Rajlich, le lien de František Peřina à l’aviation était de ceux qu’on qualifie de vocation :

Frantisek Perina  (le troisième de gauche) en France
« Il a eu envie de voler très, très jeune. Il était originaire de Moravie, où se trouvaient plusieurs bases aériennes. Il y avait toujours un avion dans les airs. La première fois qu’il a vu un avion, il avait 8 ans. C’est un hasard, mais le pilote de l’avion s’appelait Peřina. Il s’est dit : ‘si lui vole, pourquoi pas moi ?’ Il a poursuivi son objectif, contre la volonté de ses parents d’ailleurs au début. C’était quelqu’un de très talentueux. Pour preuve : après avoir fait son école, il a été choisi pour être pilote de chasse ce qui veut dire qu’il devait être parmi les dix meilleurs de sa promotion. »

František Peřina  (à droite) avec Alois Vašátko
Après la fin de la Seconde guerre mondiale, František Peřina retourne en Tchécoslovaquie, où il retrouve sa femme, Anna, emprisonnée pendant les trois dernières années du conflit. Mais l’atmosphère est lourde dans cette Tchécoslovaquie d’après-guerre, où très vite, après le putsch communiste de 1948, les anciens pilotes de la RAF, les résistants tchèques qui ont servi les Alliés, se retrouvent persona non grata aux yeux du nouveau régime. Certains sont exécutés, comme le général Heliodor Pika, d’autres auront plus de chance et parviendront à fuir, comme František Peřina et sa femme.

František Peřina travaillera à nouveau pour la RAF pendant quelques années, avant de partir pour le Canada puis les Etats-Unis.

En 1993, František Peřina et son épouse sont revenus en République tchèque. Accueilli en héros, František Peřina dira alors qu’il ne voulait qu’une chose : mourir dans son pays natal… Décoré à de nombreuses reprises, le « général du ciel » est décédé à Prague en mai 2006, à l’âge de 95 ans, quelques semaines seulement après sa femme.