Fridays for Future : en Tchéquie aussi, les jeunes marchent pour le climat
En décembre dernier, à l’occasion de la COP24, Greta Thunberg, jeune militante écologiste suédoise, dénonçait l’inaction des politiques face à la crise écologique actuelle. Depuis, lycéens et étudiants du monde entier organisent chaque vendredi des manifestations afin de revendiquer une justice climatique pour un futur durable. En République tchèque aussi, les jeunes ont leur mot à dire. Reportage.
Ancien conseiller œuvrant pour le développement durable du parti vert ; František Vosecký agit désormais au sein de ProPlanetu - « Pour la planète » en français. Cette organisation indépendante a pour but d’éveiller la conscience des Tchèques grâce à des campagnes de sensibilisation sur l’environnement, des rencontres et des techniques de communication et de marketing :
« À cause des vagues de chaleur de ces deux dernières années, les gens ont réalisé qu’il n’y avait plus d’eau à mettre dans leurs piscines… Si on regarde les statistiques de l’année précédente, l’opinion publique a rigoureusement changé sur le changement climatique. Celui-ci est désormais perçu comme une menace. Les gens ont peur mais ne savent toujours pas ce qu’il faut faire et ne réclament pas d’actions radicales pour renverser la tendance. »Pourtant, le nouveau mouvement Fridays for Future tente de déclencher ce passage à l’action. Vendredi 15 mars, une grève internationale pour le climat aura lieu dans le monde entier. František Vosecký qui a décidé de quitter un Parti des Verts auquel il reprochait l’inaction, soutient les jeunes activistes tchèques. Selon lui, la mobilisation des étudiants pourraient réunir une audience sensible aux questions environnementales en République tchèque et pousser les principaux partis au pouvoir à examiner leurs priorités. Pour rappel, le Parti des Verts tchèque n’a recueilli que 1,46% des suffrages aux élections législatives d’octobre 2017:
« Ce vendredi 15 mars, jour de la grève internationale pour le climat, les étudiants tchèques rejoindront le mouvement. J’ai d’ailleurs participé à leur première réunion à Prague où de nombreux jeunes de tout le pays étaient présents. Et je précise qu’ils ne sont pas là pour sécher les cours ! Non, si les étudiants sont là, c’est parce qu’ ils veulent de l’action et des solutions. Je pense que nous sommes prêts à revendiquer nos droits. »
Lucie Smolková, lycéenne à Brno, participe activement au mouvement. Elle aussi souhaite transmettre le message que le mouvement Fridays for Future essaie d’insuffler aux gouvernements et aux adultes en général:
« Nous souhaitons que la thématique du changement climatique et de ses enjeux soit davantage débattue. Ainsi, les politiques et les médias pourront commencer à traiter ce sujet tel qu’il est. Autrement dit, comme une crise – pour que nous puissions commencer à la résoudre. Nous savons que nous ne sommes pas des scientifiques, que nous n’avons pas toutes les réponses… Mais nous pouvons mobiliser les gens qui partagent les mêmes craintes sur le futur de leurs enfants et faire en sorte que ces peurs soient entendues. Dans un pays démocratique, nous devons exprimer ce que nous ressentons et demander aux politiques de faire quelque chose pour les citoyens, car notre futur est le futur de notre planète. Cela devrait être notre première priorité. »
Les étudiants considèrent donc qu’il est paradoxal d’étudier et de construire leur avenir alors que celui-ci semble d’ores et déjà fort compromis. Las d’attendre que les adultes réagissent face à cette crise, les jeunes expriment leur colère et tirent la sonnette d’alarme. Lucie Smolková :
« Je pense qu’il existe un fossé entre les anciennes générations et la nôtre car nous avons vécu dans des mondes différents. La plus grande différence que je constate est la quantité et la vitesse des informations que nous recevons chaque jour. Nous devons les trier, les évaluer et réagir en fonction. Au contraire, les générations plus âgées étaient confrontées à un seul point de vue et on n’exigeait pas d’eux qu’ils pensent de manière critique pour prendre leurs propres décisions ».
Malgré les nombreux avertissements qu’ils ont lancés, certains scientifiques considèrent que les politiciens ne proposent pas de solutions à la hauteur de l’enjeu écologique. Faute d’être écoutés, ces scientifiques soutiennent donc la mobilisation des étudiants. Pavel Jungwirth, chercheur à l'Institut de chimie organique et de biochimie de l'Académie des sciences tchèque, a ainsi déclaré aux côtés d’autres scientifiques que « dans cette situation où la production de dioxyde de carbone par habitant est toujours considérée comme l’une des plus polluantes du monde, il semble que nous ne considérions pas le changement climatique comme un problème [ … ], nous pouvons réussir à passer à la prochaine génération uniquement en mettant rapidement en place des actes concrets comme réduire nos émissions de gaz à effet de serre, prendre soin de nos terres agricoles, de nos forêts, de l’eau en milieu rural et d’autres aspects de l’adaptation climatique. Ainsi, les lycéens, les étudiants activistes et leurs pairs ne verront pas leur futur gâché ».
Devant cette urgence, le climatologiste Alexander Ač ajoute « que l’attitude active des jeunes est considérée comme tout à fait légitime ».
Ceux qui souhaitent rejoindre le mouvement Fridays for futureà Prague peuvent participer à la grève internationale pour le climat qui débutera le vendredi 15 marsà 8h00à Malostranské naměstí.
https://www.fridaysforfuture.cz/
https://www.proplanetu.cz/