Fusillade à l’Université Charles : la police ne pouvait pas éviter la tragédie, selon les députés

Ce jeudi, la commission d’enquête sur la fusillade survenue en décembre 2023 à la Faculté des Lettres de l’Université Charles s’est réunie probablement pour la dernière fois à la Chambre des députés, pour publier son rapport final. Si les députés n’ont pas constaté de manquements dans l’intervention de la police, qui, selon eux, ne pouvait  empêcher la tragédie, ils ont toutefois proposé une série de mesures concrètes pour mieux lutter contre la violence par armes.

Avec ses 800 pages, il s’agit du dossier le plus détaillé sur les événements tragiques du 21 décembre, quand un étudiant armé avait d’abord assassiné son père dans leur maison familiale, puis ouvert le feu à la Faculté des Lettres, tuant 14 personnes et en blessant 25 autres.

Les membres de la commission d’enquête,  Jiří Mašek,  Pavel Kašník et Petr Letocha | Photo: Ondřej Deml,  ČTK

Quelque 29 personnes ont été auditionnées par la commission qui a travaillé, des semaines et mois durant, à huis clos. Composée des représentants des partis de la coalition gouvernementale et de l’opposition, la commission n’a pas été unanime sur les résultats de l’enquête. Toutefois, selon sept des dix membres de ce groupe de travail, la police a certes commis certaines erreurs, mais celles-ci n’ont eu aucune influence sur le déroulement du drame. Petr Letocha, vice-président du mouvement STAN et membre de la commission explique :

« En évaluant le travail de la police, il nous a fallu regarder les événements de sa perspective au moment des faits, prendre en considération qu’à l’instant du drame, elle n’avait pas les informations dont nous disposons aujourd’hui. »

Deux membres de la commission du mouvement d’opposition ANO ne partagent pas cet avis et estiment que la tragédie aurait pu être, dans une certaine mesure, évitée. Parmi eux Jiří Mašek, ancien médecin-secouriste :

« Nous nous sommes basés sur le rapport de l’Inspection générale des forces de sécurité (GIBS), qui a elle-même constaté que la police avait des difficultés à intervenir en temps réel, c’est-à-dire à partager rapidement les informations et à les transmettre aux policiers sur le terrain. Le déroulement des événements aurait pu être différent à notre avis. »

Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

Les députés recommandent à la police de renforcer l’équipement de ses patrouilles, d’améliorer le partage d’informations et de se concentrer sur la localisation des téléphones portables des personnes suspectes -les opérateurs mobiles devraient être tenus de communiquer à la police gratuitement des informations nécessaires.

Dans le domaine de la législation relative aux armes à feu, les députés insistent notamment sur l’interdiction de silencieux pour les armes courtes. Les policiers devraient enfin avoir accès aux photos des personnes enregistrées auprès des institutions publiques et des particuliers. Il est également envisagé d’interconnecter les différents dossiers médicaux des patients pour les besoins des médecins généralistes.

Le rapport de la commission d’enquête sera désormais soumis à l’Université Charles. La semaine prochaine, il sera encore discuté à la Chambre des députés.