Gel des avoirs russes : Prague veut serrer la vis

La République tchèque a déjà gelé des avoirs d’une valeur de plusieurs centaines de millions de couronnes à des ressortissants russes faisant l’objet de sanctions de l’Union européenne imposées à Moscou après l’invasion de l’Ukraine. Pour aller au-delà, le gouvernement Fiala veut faire évoluer la législation en vigueur.

Invité du talk-show politique de dimanche, le Premier ministre Petr Fiala (ODS) a réitéré sa « résolution » à geler davantage d’avoirs d’oligarques russes. Une tâche compliquée, selon lui, par l’opacité qui entoure ces fonds. D’où la volonté du cabinet de modifier à terme les lois qui régissent ce type d’opérations pour rendre la procédure plus efficace.

Petr Fiala | Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Il y a une vraie volonté dans ce sens, que ce soit dans notre pays ou ailleurs. Il faut parvenir à couper les oligarques russes de leurs avoirs, il faut geler ces derniers pour qu’ils ne puissent pas être utilisés au profit de la Fédération de Russie. »

Fut un temps pas si lointain, le président Miloš Zeman s’était posé en farouche opposant à toutes sanctions contre la Russie, mais depuis l’attaque de cette dernière contre l’Ukraine, il en est venu à préconiser les mesures les plus sévères possibles contre le Kremlin. Un changement de narratif dont le Premier ministre s’est dit satisfait et « heureux que la représentation politique tchèque parle d’une seule voix dans cette situation extraordinaire et extrême. »

En Tchéquie, c’est le bureau d’analyse financière qui est chargé du respect des sanctions en République tchèque. Il surveille les listes relatives aux sanctions et vérifie si les personnes ou les entreprises qui y figurent possèdent des actifs ou des comptes en République tchèque, comme le détaille Michaela Lagronová du ministère des Finances :

« Le bureau prend alors des mesures, gèle ces comptes bancaires et, dans le même temps, les bloque afin que les entreprises ne puissent pas retirer des fonds en les transférant ailleurs à l’étranger. Si je devais donner un exemple de ces personnalités ayant des avoirs ici, il y a la femme d’un député de la Douma, et même un député tout court. »

Déjà confronté à des tentatives de contourner les sanctions, avec certaines entreprises qui ont tenté de déplacer des actifs, le bureau d’analyse financière a fait savoir que des poursuites avaient été engagées et que ces affaires faisaient actuellement l’objet d’une enquête de la police.

Au cours des quatre semaines qui ont suivi le début de l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, l’ensemble des pays de l’UE ont d’un commun accord approuvé quatre paquets de sanctions sans précédent touchant l’économie russe. Toutefois, elles n’ont pas encore touché les exportations d’énergie, qui constituent une source de revenus essentielle pour la Russie. La Commission européenne devrait présenter sous peu un cinquième paquet, qui élargira et affinera les mesures actuelles.

Photo illustrative: JamesQube,  Pixabay,  Pixabay License

La semaine dernière, Prague, ainsi que la Pologne et la Slovénie, a fait savoir que les trois pays dont les chefs de gouvernement se sont récemment rendus à Kyiv avaient préparé une liste de dix mesures que l’UE devrait prendre, selon eux, si elle veut véritablement mettre fin à la guerre en Ukraine. Parmi les mesures proposées figurent la déconnexion de toutes les banques russes du système de paiement international SWIFT, l’imposition de sanctions plus sévères à l’ensemble des milieux d’affaires liés aux oligarques russes et l’exclusion de la Russie de toutes les organisations internationales.