Guerre froide entre Prague et Minsk suite à l'expulsion d'un diplomate tchèque de Biélorussie
Nouveau feuilleton à rebondissement qui s'apparente à une guerre diplomatique ouverte entre la République tchèque et la Biélorussie : après l'expulsion du diplomate tchèque Pavel Krivohlavy pour « infraction aux lois biélorusses », le ministre des Affaires étrangères tchèque, Cyril Svoboda, défend son représentant.
Arrêté mercredi dernier par les autorités biélorusses, pour avoir, selon celles-ci, consommé de l'alcool avec un jeune homme âgé de seize ans, Pavel Krivohlavy a ensuite eu 24 heures pour quitter le pays, autant de manières de procéder que le ministère des Affaires étrangères tchèque considère comme un non-respect du droit international et de l'immunité diplomatique. En réaction, la République tchèque a elle-même congédié une diplomate biélorusse en poste dans le pays. Natallia Sudlianko donne son avis sur toute l'affaire :
« Je pense que la véritable raison de son expulsion - et la raison pour laquelle il a été expulsé de cette manière - c'est qu'Alexander Loukatchenko a une politique de diabolisation des pays occidentaux et de leurs diplomates. Il insiste sur le fait que le KGB biélorusse, c'est-à-dire les services secrets, devraient montrer aux Biélorusses que les diplomates occidentaux prostituent les filles biélorusses et qu'ils amènent avec eux des phénomènes comme l'homosexualité etc. »
Rappelons que le régime néocommuniste et autoritaire d'Alexander Loukatchenko est fréquemment montré du doigt par la communauté internationale : disparitions de personnes « gênantes » et violations des droits de l'homme sont monnaie courante dans cet ancien pays du bloc soviétique qui en a gardé les atours et les pratiques. Si l'incident doit être l'objet d'une enquête, y compris par la police tchèque, l'engagement et le soutien actif de la République tchèque en faveur de la dissidence biélorusse sont une des raisons invoquées pour expliquer cette affaire. Rappelons notamment que la République tchèque avait refusé d'accorder un visa d'entrée au président biélorusse, lors du sommet de l'OTAN qui s'était tenu à Prague en 2002. De même, Alexander Loukatchenko ambitionne de briguer un troisième mandat ; nul doute qu'il voie d'un mauvais oeil la tournure que les événements ont pris chez son voisin ukrainien...