JO 2024 - Escalade : la soif inextinguible de médaille olympique du phénomène Adam Ondra

Adam Ondra

Premier homme à gravir des voies de difficulté 9b+ et 9c, Adam Ondra est considéré depuis quelques années déjà comme un des meilleurs grimpeurs au monde. Mais si le prodige tchèque, prophète en son pays, possède déjà de nombreux titres, une médaille olympique manque encore à son palmarès. Et à quelques jours du début de la compétition, alors qu’il participera à l’épreuve combinée de bloc et difficultés, rien ne dit que c’est à Paris que sa quête d’un podium olympique aboutira.

Adam Ondra, qui a rejoint Paris ce jeudi, s’apprête à participer à ses deuxièmes JO. À Tokyo, il y a trois ans, alors que l’escalade figurait au programme des Jeux pour la première fois de l’histoire, le Tchèque avait dû se contenter de la 6e place au terme d’une épreuve qui combinait tout à la fois vitesse, bloc et difficulté. Trois disciplines radicalement différentes agencées dans un seul et même format spécifique qui ne convenait alors pas à Ondra, comme il s’en était d’ailleurs plaint à l’époque au micro de Radio Prague International.

Cette fois, deux épreuves différentes figurent au proramme de l’escalade : la vitesse et le combiné bloc-difficulté. Une configuration, avec d’abord les demi-finales du bloc* le 5 août, mieux adaptée aux qualités du Tchèque, même si la difficulté**, comme en attestent les records et les réalisations sur les voies naturelles qui lui ont valu sa réputation internationale, reste son principal point fort :

« Objectivement, je dois reconnaître que mes adversaires ont beaucoup progressé et que le niveau de compétititon en difficulté s’est nettement amélioré ces deux à trois dernières années. De huit à dix grimpeurs peuvent aujourd’hui prétendre remporter les épreuves de difficulté en Coupe du monde et je pense que le nombre de candidats pour l’or olympique est à peu près identique. Bien sûr, pour la difficulté, cela dépend toujours beaucoup de l’état de forme le jour de la compétition. »

Photo: Camille Montagnon,  Radio Prague Int.

Mais alors que les demi-finales de la difficulté se tiendront deux jours après l’entrée en matière dans la compétition, Adam Ondra devra d’abord « limiter la casse » en bloc pour se qualifier pour la finale, au programme des Jeux le 9 août, pour ensuite espérer se  monter sur le podium à Paris.

« Le bloc est davantage une question de chance, mais je suis heureux des progrès que j’ai réalisés dans cette discipline, comme le prouvent mes résultats ces deux dernières saisons. Je suis plus régulier, il y a du mieux sur mes points faibles et comme il s’agit d’une épreuve combinée aux Jeux, mes points faibles me désavantageront peut-être un peu moins. D’un autre côtl, les tournois de qualification olympique à Shanghaï et à Budapest ont confirmé que pour prétendre à une médaille à Paris, il faudra que je sois dans une forme absolument exceptionnelle et que j’aie de la réussite. »

Adam Ondra | Photo: Iva Roháčková

La forme justement, le grimpeur tchèque s’en est quelque peu plaint avant son départ pour la France, expliquant être toujours limité dans ses mouvements lors de sa dernière conférence de presse à Prague. Après s’être blessé à une épaule à la mi-juin, Adam Ondra affirme toutefois être prêt à surpasser la douleur pour représenter au mieux les couleurs de son pays :

« Si j’avais le sentiment de n’avoir aucune chance de médaille, je ne voudrais probablement même pas aller à Paris. Je suis fermement convaincu que j’ai des chances. Je sais que ce sera extrêmement difficile et pour cela, il faudra que toutes les conditions soient réunies : je dois peaufiner ma forme à 100 %, avoir un peu de réussite et alors peut-être qu’il y aura une chance de médaille. »

Médaille ou pas, une chose est certaine : depuis son ascension en Norvège en 2017 de la voie appelée Silence, la première voie de cotation 9C réussie au monde, le niveau de difficulté maximum actuel, Adam Ondra a grandement participé au développement de l’escalade sportive en Tchéquie, où nombreux sont désormais les jeunes à vouloir grimper. Après la sortie en 2022 du film  documentaire intitulé « Adam Ondra : Posunout hranice » (Adam Ondra : Pushing the Limits), un film tourné pendant les mois qui ont précédé les Jeux olympiques de Tokyo, sa productrice Alice Tabery avait d’ailleurs confié combien Adam Ondra continuait de vivre sa passion presque jusque dans l’excès :

« Dans toutes les interviews, s’il ne s’agit pas d’escalade, il répond de manière automatique, un peu même comme un robot. En revanche, dès qu’il est question d’escalade, il change complètement et on retrouve Adam tel qu’il est vraiment : un passionné authentique. Même lorsque l’on discutait avec lui hors caméra, on sentait bien que tout son univers tourne autour de l’escalade, même si la naissance de son fils Hugo, qui a intégré ce petit monde intérieur, a quelque peu modifié ses priorités. Nous nous sommes même un peu moqués de lui en lui faisant remarquer que les seules fois où nous l’avons vu heureux comme s’il s’agissait d’escalade, c’est lorsqu’il parlait de son garçon. Donc, oui, dès lors qu’il s’agit d’autre chose que de la grimpe, c’est un tout autre Adam. »

Et même s’il ne sera donc pas favori, c’est cet Adam Ondra-là, surdoué passionné et inclassable, que le public tchèque espère voir prochainement à Paris.


*Le « bloc » consiste à escalader des structures de 4,5 mètres de hauteur, sans corde mais avec des tapis de réception, dans un temps contraint et avec le moins de tentatives possibles.

**La « difficulté » consiste, elle, à grimper le plus haut possible un mur de 15 mètres, en six minutes, et sans connaître la voie en avance.

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