La basilique Saint-Procope de Trebic - un monument de l'UNESCO
Comme promis l'avant-dernière fois, je vais vous faire découvrir la basilique de Trebic. La basilique et le ghetto juif de cette ville de Moravie occidentale sont le 12e site tchèque figurant sur la liste du patrimoine de l'UNESCO. Leur inscription est récente, puisqu'elle date du 3 juin dernier seulement. Mais déjà, elle fait venir à Trebic une foule de touristes curieux de voir de leurs propres yeux ces monuments autrefois plutôt à l'écart de l'intérêt touristique. Après avoir visité le ghetto juif, avec ses deux synagogues et son vieux cimetière, le tour est maintenant à la basilique saint Procope de Trebic.
La basilique Saint-Procope produit une forte impression. Un esprit de spiritualité et d'ancienneté est présent dans tout le complexe conventuel dont elle fait partie. Sa construction est monumentale, tant par ses dimensions que par ses décorations. Elle est faite en granite à gros grains qui n'est pas recouvert de crépi. Certaines pierres sur les murs extérieurs portent, encore aujourd'hui, les marques utilisées au Moyen âge par les différents ateliers de bâtisseurs. Notre attention est attirée par la tour romane de la basilique, avec une galerie dite des nains, mais aussi par de splendides rosaces romanes et surtout par le portail richement décoré, Porta paradisi - La porte du paradis. Jusqu'où remonte l'histoire de Trebic ? La parole à l'historien de Trebic, M.Rudolf Fiser :
"L'histoire de Trebic est très ancienne, elle remonte à la période de la fondation du couvent de la Vierge, par les moins bénédictins venus dans les années 1101 - 1104 dans la région de Trebic, alors très faiblement peuplée. Pour ce qui est de la basilique, elle a été élevée entre 1230 et 1260. La construction est extrêmement intéressante, parce qu'elle cache en soi maints mystères. Sa particularité réside dans le fait qu'elle comprend beaucoup d'idées romanes en voie de disparition à l'époque de sa fondation, idées qui sont réalisées avec les moyens gothiques. C'est sans doute ce qui est le plus précieux dans cette basilique. Tout à fait remarquable est la synthèse des éléments d'origines diverses apportés par les différents ateliers venus de France méridionale, d'Italie du nord et de Rhénanie. La basilique se distingue par une série d'éléments architectoniques précieux : la célèbre salle d'entrée romane, avec un portail splendide - Porta paradisi, au nord, et la porte sud dont on a ignoré pendant très longtemps l'existence, puisqu'elle était emmurée. La porte sud est dite de procession d'après les participants aux processions qui entraient par cette porte dans la basilique. En 1468, le couvent est gravement endommagé. A la suite des guerres tchéco-hongroises, il est privé de ses biens et dès 1526 voué à la disparition."
Je m'arrête avec d'autres touristes devant la porte du paradis de la basilique pour contempler la beauté de ses décorations, mais voilà déjà le prêtre Frantisek Puchnar qui nous fait entrer et qui raconte:
"La basilique doit son origine à Oldrich de Brno et Litold de Znojmo. Ces deux frères ont décidé d'édifier une église qui serait le centre de la vie religieuse, culturelle et économique de toute la région de la Moravie occidentale. Vers 1101, les bénédictins viennent préparer la construction de l'église conventuelle. Comme matériel de construction, ils choisissent le granite à gros grains. Les travaux fins sont réalisés en grès. Avant 1260, la construction de la basilique, longue de 72 mètres, haute de 24 et large de 20 mètres, est achevée, y compris la crypte. Commencée en 1220, la crypte a un plan de croix. Chacune de ses 50 colonnes a un chapiteau différent. Les colonnes soutiennent une voûte d'arête. Les bénédictins ont quitté Trebic en 1525 et à partir de ce moment-là, on a cessé d'enterrer dans la crypte. Celle-ci allait être utilisée comme cave de fermentation de la bière. En 1932, on a découvert dans la chapelle de l'abbé les fresques originales datant de 1250. Elles représentent des scènes de la vie de l'apôtre saint Jean. Ces fresques sont les deuxièmes plus anciennes en Moravie, après celles de Znojmo."
Quelles familles principales ont influencé l'histoire de Trebic ? L'historien Rudolf Fiser :
"La famille Pernstejn a acquis les biens du couvent en gage, mais elle n'était guère intéressée par cette ville. Au fur est à mesure, elle a vendu les biens de sorte qu'au milieu du XVIe siècle, le noyau de la ville, le couvent et les 30 villages les plus proches se sont retrouvés entre les mains de la famille Osovsky de Doubravice. Une famille non catholique qui ne s'occupait pas du couvent comme il le fallait et qui a fait aménager une brasserie à l'intérieur de la crypte et fait emmurer la porte sud et les voûtes. Ce n'est que dans les années soixante du XIXe siècle que la porte a été découverte par le vicaire.
Sous les Wallenstein, propriétaires de Trebic, à partir de 1704, le couvent a été restitué à ses fins de culte chrétien. A l'occasion du 500e anniversaire de saint Procope, le nom originel de la basilique de l'assomption de la Vierge a été abandonné, et la basilique a été consacrée au patron tchèque saint Procope.
L'intervention importante qui a sauvé le couvent et lui a donné son aspect actuel date du premier quart du XVIIIe siècle. Jan Josef de Wallenstein, politicien de marque, a fait venir à Trebic l'éminent architecte Maximilian Kanka, créateur du gothique baroque qui a donné au couvent son aspect actuel, en remplaçant une partie de la voûte endommagée dans la nef principale par une splendide voûte à nervures en style gothique baroque. Les autres voûtes au-dessus du presbytère et du choeur sont dans leur état original. La basilique a une haute valeur d'authenticité. Elle se distingue par une admirable acoustique."
Nous quittons la basilique et notre guide ne manque pas d'attirer notre attention sur trois capuchons bénédictins sauvegardés au fronton de la basilique comme un message ancien.