La Bohême et le pain d'épices

Perníkové srdce
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Presque tout le monde connaît le goût du pain d'épices. Surtout en décembre, on en trouve partout à profusion, fourré au miel ou à la confiture, simple ou enrobé de chocolat, mais toujours très bon. Dans le temps, cette friandise n'était pas aussi sophistiquée.

En Bohême, la tradition était d'offrir en cadeaux des figurines de pain d'épices, le 6 décembre, à la Saint-Nicolas. Le plus souvent, elles représentaient le diable, l'ange, saint-Nicolas, mais aussi un petit cheval, un bonhomme ou une fillette. A Noël, on suspendait sur l'arbre de Noël des décorations également en pain d'épices. Les premiers vendeurs et producteurs de pain d'épices sont arrivés à Prague, dans les années vingt du XIVe siècle. Ils étaient peu nombreux, à peine une vingtaine. Pour cette raison, ils ne pouvaient fonder leur propre corporation. Ils s'associaient à d'autres métiers, par exemple aux meuniers, boulangers ou pâtissiers. On ne connaît rien sur la forme du pain d'épices de l'époque. Il est probable que les artisans moulaient le pain d'épice à la main et, plus tard, ils commencèrent à utiliser les moules en bois à reliefs. Le moule prenait le plus souvent la forme d'un personnage religieux, ce qui était le cas également en Autriche et en Allemagne. A l'époque, le pain d'épices était considéré comme un produit de luxe destiné aux riches bourgeois. C'est pourquoi le point de vente principal se trouvait en général dans une grande ville. Le vendeur de pain d'épices se déplaçait, pour ce qui était des commandes, dans les villes moins importantes En 1335, le pain d'épices fait son apparition à Turnov, en Bohême du nord-est. Cette ville est d'ailleurs connue pour le traitement et l'enchâssement des pierres précieuses et de pierres fines. Dans les environs de la ville, on trouve aussi le grenat de Bohême. Les vendeurs de pains d'épices venaient à Turnov vendre leur produits à l'occasion des fêtes ou des kermesses.

Pendant les guerres hussites, au XVe siècle, le pain d'épices perd un peu sur le marché. Faisant partie des produits de luxe, il ne convient pas à la doctrine hussite. L'idéologie des hussites était d'ailleurs très proche du communisme, après le coup d'état de 1948. L'époque hussite n'a apporté que misère et destruction au peuple tchèque.

Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que le pain d'épices devient un produit commun, accessible à toutes les couches sociales. Et alors, c'est ainsi que le couvreur Jenicek peut acheter à la kermesse un coeur en pain d'épices pour sa bien aimée. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la production de pain d'épices diminue pour laisser la place aux confiseurs, métier qui se développe de plus en plus. Cela ne veut pas dire que le pain d'épice disparaît, seulement la production de ce seul article. Il est plus associé à la production des confiseurs. Les ateliers orientés uniquement sur la production du pain d'épices disparaissent au début du XXe siècle. Le pain d'épices le plus connu en Bohême est celui de Pardubice, ville de Bohême de l'est, renommée entre autre grâce au fameux steeple-chase « Velka Pardubicka ».