La corruption, problème n° 1 des Tchèques

« La corruption comme phénomène économique » : tel était l’intitulé du Xe Forum organisé par la société La Couronne d’or (Fórum Zlaté koruny) qui s’est tenu mardi à Prague. En présence du Premier ministre, Petr Nečas, et de nombreux acteurs de la vie économique en République tchèque et dans le monde, les participants se sont efforcés de répondre à la question de savoir dans quelle mesure la corruption gangrenait l’économie nationale. La population, elle, a déjà répondu à sa manière : selon un récent sondage, pas moins de sept Tchèques sur dix considèrent que la corruption est le plus grave problème auquel est actuellement confronté leur pays.

Le chômage ? L’inflation ? Non, la corruption ! Omniprésente dans les médias tchèques quels que soient les gouvernements en place, la corruption est aujourd’hui aussi devenue la principale préoccupation des Tchèques. C’est du moins ce qui ressort du sondage réalisé en mai dernier par l’agence Ipsos Tambor auprès de plus de 1 000 personnes dans l’optique de la tenue du forum « La corruption comme phénomène économique ». Responsable de l’institut de sondage, Tomáš Macků commente les résultats publiés lundi :

« 70 % de la population considèrent la corruption comme un des plus graves problèmes actuels. Les catégories de personnes plus âgées sont même encore plus nombreuses, ce qui est logique, car elles ont été plus souvent confrontées durant leur vie à des situations de corruption que les générations plus jeunes. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont eux aussi très nombreux, puisque 83 % d’entre eux affirment que la corruption est un grave problème. »

Les milieux politiques, et notamment les partis, ainsi que les autorités chargées du traitement des demandes, permis, attestations et autres documents administratifs en tous genres sont les premiers accusés, comme le confirment les autres chiffres avancés par Tomáš Macků :

Tomáš Macků
« 84 % de la population pense non seulement que le taux de corruption est très élevé en République tchèque, mais aussi que le gouvernement n’est pas réellement intéressé par le problème et ne fait pas les efforts nécessaires pour lutter contre la corruption. Néanmoins, si on cherche malgré tout un point positif, 70 % des personnes interrogées affirment que lutter contre la corruption a du sens. »

Ce dernier chiffre confirme que l’omniprésence de la corruption ne laisse pas les Tchèques indifférents, même si plus de 80 % d’entre eux estiment que pots-de-vin et dessous-de-table font partie des choses courantes de la vie et que la lutte contre la corruption n’est rien d’autre qu’un slogan politique populiste. Radicaux, les Tchèques se disent donc favorables pour lutter contre le problème à l’application de mesures plus drastiques que celles existant actuellement. Ecoutes secrètes, agents provocateurs et protection des témoins : autant de pratiques d’une époque révolue dont une très grande majorité des personnes interrogées prône pourtant l’instauration, et ce même si, toujours selon le même sondage, elles ne font pas partie des 10 % des Tchèques qui affirment avoir été confrontés à un cas de corruption au cours de l’année écoulée.