La démission surprise du ministre des Finances

Pavel Mertlik

La scène politique, les milieux économiques, mais aussi l'opinion publique tchèque viennent d'être surpris, plus ou moins désagréablement, par la démission du ministre des Finances, Pavel Mertlik. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.

Pavel Mertlik faisait partie des « jeunes loups » du cabinet social-démocrate avec, surtout, le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross. Il faisait partie, aussi, des ministres les plus appréciés par l'opinion tchèque, mais aussi les observateurs étrangers. On parle surtout de heurts fréquents, au sein du gouvernement, de diversité sur certains problèmes, en premier lieu le processus de privatisation, ou le budget de l'Etat pour l'année 2002. Les médias spéculent, encore, sur le fait que Pavel Mertlik n'ait pas été élu au poste de vice-président de la social-démocratie, lors du congrès de ce parti, le week-end dernier. Quoi qu'il en soit, le départ du gardien du trésor de la République tchèque est mal ressenti, surtout dans les milieux économiques. Le président de la République, Vaclav Havel, pense que la démission de Pavel Mertlik n'est pas de bon augure. Le gouverneur de la banque centrale, la CNB, Zdenek Tuma, regrette, lui aussi, cette démission. On parle beaucoup des échecs du ministre des Finances, dans le processus de privatisation. L'opposition, en premier lieu, le Parti civique démocrate, ne peut lui pardonner sa prise de position dans l'affaire de la mise sous contrôle administratif d'une des plus grandes banques tchèques, la Banque des Postes et des Investissements (IPB), et sa vente ultérieure à la CSOB (Banque de commerce tchécoslovaque). Les autres formations politiques de droite, dans l'opposition, pensent que la chute du ministre des Finances témoigne de la mauvaise orientation économique du cabinet du Premier ministre social-démocrate, Milos Zeman. Elles lui reprochent un « esprit des années soixante et soixante-dix ». En dépit de toutes les affirmations, les spécialistes de la scène politique invoquent beaucoup la question du budget de l'Etat pour 2002. Le ministre démissionnaire aurait rogné, largement, sur les budgets des différents ministères, pour réussir à accomplir les clauses de l'accord d'opposition conclu avec le Parti civique démocrate, accord qui permet à la social-démocratie de gouverner. Ces économies auraient été très mal vues par ses collègues du cabinet. Enfin, les ministres viennent et partent, attendons donc l'éclosion du nouveau chef des finances, du nid social-démocrate.