La petite cloche de l´église de Týn

L´église de Tyn

La place de la Vieille Ville, coeur de Prague, fut scène d´événements décisifs du peuple tchèque. Cette place, miroir des époques, est dominée par les deux tours de l´impressionnante église de Tyn. Cette église de style gothique n´a pas uniquement d´énormes cloches, mais également une cloche beaucoup plus petite à laquelle s´attache une assez triste histoire.

L´église de Tyn
Il y a longtemps, très longtemps, une dame de noblesse ancienne vivait dans la paroisse de l´église de Tyn. Elle n´était plus de première jeunesse, mais elle était ravissante et très riche. Elle habitait dans une grande maison somptueusement meublée, portait de très beaux vêtements brodés d´or et d´argent, organisait de grands dîners et des soirées ne prennant fin qu´à l´aube. Cette noble dame avait tout mais elle avait un coeur dur et froid comme la glace qui recouvrait en hiver les eaux de la Vltava. Elle ne faisait jamais de charité, détestait les pauvres et chassait les mendiants qui venaient demander l´aumône à ses portes. La compassion et la pitié étaient étrangères à cette créature ignoble. Elle tyranisait ses serviteurs à tel point que personne ne restait très longtemps à ses services. Un jour, sa femme de chambre la quitta également. La noble dame décida de prendre à ses services une jeune fille d´un de ses domaines situés à la campagne. Ainsi elle prennait à ses services une personne qui n´était ni libre ni indépendante. Cela voulait dire que la jeune fille ne pouvait pas partir quand bon lui semblait et que la méchante dame avait le droit d´exercer tout son pouvoir sur elle. La jeune fille était une âme innocente et pure. Elle était très contente d´être à Prague et faisait de son mieux pour accomplir les tâches que sa maîtresse lui infligeait.

Un soir, la méchante dame se préparait pour une grande soirée. La jeune fille l´aidait à s´habiller et à se parer. Soudain la petite cloche de l´église de Týn se fit entendre, c´était l´heure de l´angélus. La pieuse jeune fille posa la robe de soir sur une chaise et se mit à prier. Ce geste mit la noble dame en grande colère. Elle commença à hurler et à insulter la jeune fille. Finalement, elle se jetta sur elle et serra la gorge de la pauvre fille. Au bout d´un moment, le corps de la jeune fille s´afaissa sur le tapis. Elle était morte, étranglée par sa maîtresse. En réalisant ce qu´elle avait fait, la dame eut peur et appela les gens de la maison pour l´aider à ranimer la jeune fille. Elle fit venir même un médecin, mais malheureusement il était trop tard. La jeune fille était morte. Tout le monde était horrifié et exigeait une éxecution de la cruelle femme. L´affaire fut soumise au tribunal. Personne fortunée, la noble dame pouvait se payer un excellent avocat qui savait très bien exercer sa profession. Au cours de la plaidoirie, il souligna que personne n´avait été présent lors du crime. Il n´y avait donc pas de témoins pour prouver la culpabilité de la perfide femme. L´inculpée fut donc libérée!... Mais le destin s´était venger sur la dame sans foi. Des remords de conscience pesaient lourd sur son âme. Elle était poursuivie par la vision de la silhouette et du visage en agonie de la jeune fille assassinée. La méchante dame décida de se repentir. Elle avait investi une partie de son énorme fortune pour faire couler une cloche au son triste dont elle fit don à l´église de Tyn en mémoire de la jeune fille assassinée. Puis la grande dame distribua une grande partie de ses biens aux pauvres et une partie au cloître où elle se refugia. Elle y passa le reste de ses jours en priant et en se recueillant.

Un soir, le sonneur de l´eglise de Tyn est arrivé en retard pour sonner l´angélus. Pourtant déjà dans l´escalier de la tour du clocher, il entedait sonner l´angélus. Ne comprennant rien il se dépêcha de monter. A la corde de la cloche, il apperçut une religieuse qui tirait la corde et sonnait. Le sonneur effrayé voulait lui demander d´où elle venait et comment elle était arrivée jusqu´au clocher, mais la religieuse s´évapora. Il se souvint alors de celle qui avait fait don de la cloche au cloître et de l´histoire de la jeune femme de chambre assassinée. Il en fit la conclusion qu´il s´agissait du fantôme de la dame récemment décédée qui était venue sonner l´angélus lorsqu´elle sentait que le sonneur s´était attardé. La petite cloche se trouve encore aujourd´hui, accrochée sur la tour en mémoire de la jeune fille assassinée.