La professionnalisation de l'armée

Au mois de décembre dernier, les spécialistes tchèques ont tiré la sonnette d'alarme. Le projet de professionnalisation de l'armée à l'horizon 2006 s'écroulerait, dans l'état des prévisions d'alors, à cause des salaires.

Au mois de décembre dernier, les spécialistes tchèques ont tiré la sonnette d'alarme. Le projet de professionnalisation de l'armée à l'horizon 2006 s'écroulerait, dans l'état des prévisions d'alors, à cause des salaires. Les mêmes sources proposaient au gouvernement l'alternative suivante : la réduction des effectifs de l'armée ou une augmentation substantielle des salaires. Le manque d'argent pourrait aussi conduire au report de la professionnalisation. Plus précisément, dans leur projet de réforme des Forces armées, les spécialistes du Ministère de la Défense ont sous-estimé les dépenses en salaires de la future armée de métier. Ce jugement a été émis par les cadres de l'Académie militaire de Brno dans une étude signée Vladimir Cech, anciennement directeur de la section du personnel du ministère de la Défense. Il table sur le fait que les pronostics montrent que lorsque la Tchéquie intégrera l'Union européenne, en 2004, les prix vont à terme accuser une augmentation de près du triple entraînant la nécessité d'augmenter d'autant les salaires dont les salaires du secteur de la défense. A cela s'ajoute la modernisation de l'armée, réclamée par l'OTAN et qui nécessite, à son tour, d'importants investissements.

La réforme prévoit que les salaires des 44 a 46.000 soldats et employés civils de l'armée, à partir de 2007, représenteraient près de 50% du budget de la défense. Or, en Espagne comme au Portugal, où la professionnalisation de l'armée a suivi l'admission à l'Union - ce qui va être le cas de la Tchéquie - les salaires représentaient 70 à 80% du budget. La part du PNB que représentent les dépenses de la Défense ne doit pas dépasser les 2,2% actuels. "Je ne connais pas le point de vue opposé de M. Cech. L'équipe gouvernementale chargé de la réforme de l'armée a effectué des calculs très précis sur la base desquels ont été déterminés les effectifs et les dépenses en salaires", a dit le porte-parole du ministère, Milan Repka. Il ne resterait à l'armée de l'argent ni pour l'équipement, ni pour l'entraînement ni pour l'entretien de l'infrastructure.

Si le gouvernement et le ministère de la défense ne revoient pas le projet de professionnalisation de l'armée dans les années 2006 et 2007, ce projet fera " tilt, insiste Vladimir Cech. Environ 70 a 80% du budget de la Défense seront affectés aux frais du personnel, et il ne resterait presque rien pour la modernisation de l'équipement, l'entraînement et l'entretien des casernes et des aéroports. Ce sont les spécialistes de l'Académie militaire de Brno qui sont arrivés à ces conclusions. Selon Vladimir Cech, qui a élaboré le document précité, la réforme de l'armée approuvée par le gouvernement est du point de vue finances sous-évaluée. La future armée professionnelle devrait compter 34 a 36.000 militaires de carrière et au maximum 10 000 employés civils. Si les dépenses pour le personnel ne représentent que 50% du budget, Cech a calculé que, dans ce cas-là, seule la moitié du personnel projeté pourra être employée. "L'armée sera capable de maintenir les effectifs uniquement a 20 ou 30.000, de surcroît dans des tranches d'âge qui ne conviennent pas tellement", a dit Cech. Le problème est que, même sur le marché du travail, il n'y aurait plus des candidats de qualité et le ministère sera obligé d'embaucher pratiquement tous ceux qui vont s'inscrire, explique Cech. C'est ce qui est arrivée, par exemple, au Portugal où, à la place des concours, les responsables étaient obligés de faire de l'embauche systématique pour atteindre les quotas.


Un autre thème dont on ne parle pas souvent dans nos émission, la production du miel en Tchéquie. C'est une fierté dans le pays. La Tchéquie dispose de forêts en zones montagneuses souvent qualifiées de "poumon de l'Europe", à cause de la pureté de l'air, et, dans ces régions, on produit un miel des bois très recherché, en Allemagne notamment. A cela s'ajoute une longue tradition d'apiculture. Nous autres, ici, dans cette émission économique et commerciale, nous allons surtout vous parler des quantités produites. Pour un pays de 10 millions d'habitants, la Tchéquie a produit, en l'an 2001, 6231 tonnes de miel, ce qui est une régression par rapport aux 7553 tonnes de l'an 2000. C'est l'hétérogénéité des conditions climatiques. Mais, depuis 1990, la profession, qui compte aussi des amateurs, a tendance à compter moins de monde. Depuis cette date, le nombre des apiculteurs tchèques est passé de 79.797 à 54.335 en 2001. Alors qu'en 1990, on comptait 800.000 ruchées, en l'an 2000, on n'en comptait plus que 530.000. Il y a donc quelque chose comme 200.000 ruchées qui font aujourd'hui défaut à la production.

L'explication à ces disparitions est économique. Seuls les apiculteurs les plus forts sont restés sur le terrain, les petits ont disparu progressivement, tellement sont de plus en plus difficiles à réunir les conditions de production et les critères de commercialisation, notamment avec l'introduction des normes de l'Union européenne. La moyenne du prix du miel au kilo, l'an dernier, était de 50 couronnes, ce qui n'est pas rentable pour les producteurs. Les intermédiaires s'en mettent plus qu'il n'en faut dans les poches, puisque la vente au détail dépasse les 100 couronnes le kilo de miel. Le revendeur a tendance à encaisser autant que le producteur. C'est la raison pour laquelle les producteurs de miel se regroupent presque tous dans quelques coopératives ayant leurs propres magasins, et souvent leurs propres véhicules, pour la vente itinérante dans les marchés forains. L'an dernier, la Tchéquie a exporté 1700 tonnes de miel. Mais elle en a aussi importé 1000 tonnes, principalement de Slovaquie. L'Union tchèque des apiculteurs regroupe 97% des membres de la profession.

Auteur: Omar Mounir
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