La République tchèque « fête » le 10e anniversaire de son adhésion à l’UE
A l’approche des élections au Parlement européen, qui se tiendront les 23 et 24 mai prochains, les célébrations du dixième anniversaire de l’adhésion tchèque à l’Union européenne pourraient servir à accroître l’intérêt des citoyens pour un scrutin très probablement marqué du sceau de l’abstention. Cet anniversaire est aussi l’occasion pour le gouvernement de rappeler en quoi l’adhésion a profité à la République tchèque. Conseiller de l’actuel Premier ministre, et lui-même chef du gouvernement au moment de l’adhésion, Vladimír Špidla, qui a également occupé les fonctions de commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Egalité des chances pendant six ans jusqu’en 2010, a répondu, à la veille de cet anniversaire, à quelques questions de Radio Prague.
« Naturellement, c’est un très bon souvenir, parce que, ce jour-là, je me suis baladé à Prague, j’ai parlé avec des gens, et tout le monde était très heureux. J’ai également participé aux célébrations officielles et informelles, mais plus encore, j’ai fait des promenades dans les petits comme dans les grands groupes. Etre parmi les gens était vraiment très émouvant. »
Quant au bilan de ces dix années écoulées, Vladimír Špidla souligne qu’il est positif :
« La République tchèque a bénéficié de l’adhésion à l’UE comme tout autre pays. Cela veut dire qu’elle a bénéficié de la stabilité, de la paix ou encore du développement économique. Nous avons surmonté une certaine isolation culturelle qui existait auparavant. Nous avons gagné beaucoup, mais plus que tout, nous avons renforcé notre influence sur notre propre destin. »
Le poids de la République tchèque au niveau international se serait donc accru selon Vladimír Špidla, qui appuie son affirmation sur son expérience concrète de la politique étrangère :
« J’ai été Premier ministre avant et après l’adhésion du pays à l’UE. J’ai beaucoup voyagé au Maghreb, en Afrique du Nord, aux Etats-Unis ou au Japon. Dès qu’il a été clair que la République tchèque allait adhérer à l’UE, notre position vis-à-vis des autres Etats s’est considérablement renforcée. »
Face à ceux qui remettent en cause la capacité tchèque à peser dans les procédures européennes, Vladimír Špidla invoque le fonctionnement institutionnel de l’Union :
« L’UE, en particulier dans sa méthode communautaire, confère à des pays de la taille de la République tchèque de nombreuses possibilités pour faire valoir leur influence sur les décisions de l’Union. La réussite dépend toujours de vous, de votre préparation, de vos idées ou de votre capacité à discuter avec les autres et à prendre des décisions. »En défendant le mode de fonctionnement communautaire, Vladimír Špidla met en garde contre le retour à un système de realpolitik intergouvernementale dans lequel l’influence du pays est dictée par sa taille. En revanche, il faut bien constater que de nombreuses décisions, notamment relatives à la gouvernance économique, sont prises aujourd’hui sur cette base intergouvernementale, ce qui limite le poids des plus petits acteurs.
Néanmoins, l’évaluation des effets positifs de l’adhésion tchèque à l’UE, tels que présentés par Vladimír Špidla, peine à percer la carapace de l’euroscepticisme de l’opinion publique. La réduction du débat européen à une optique binaire est peut-être une des raisons de cet état de fait. Car la nécessité d’être pour ou contre l’Europe empêche une analyse plus approfondie du développement de l’Union, ainsi qu’une critique constructive de sa direction.