La République tchèque finalement en accord avec l’Union européenne sur le Hezbollah

Photo: Magnus Manske, Creative Commons 2.0 Generic

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit ont décidé, lundi 22 juillet, à Bruxelles, de classer en organisation terroriste la branche armée du Hezbollah. La République tchèque, qui était longtemps hostile à cette initiative, a fini par adhérer à cette mesure. Les sanctions ne devraient toutefois pas affecter l’aide financière de l’Union européenne à destination du Liban.

Jan Kohout,  photo: CTK
La République tchèque craignait que l’inscription du Hezbollah sur une liste terroriste pourrait mener à une crise au Liban ou le Hezbollah fait partie du gouvernement. Elle a fini par se rallier à la position de l’Union européenne en contrepartie de la poursuite de l’aide humanitaire au Liban comme l’explique le ministre des Affaires étrangères, Jan Kohout :

« L’aide financière légale à destination du Liban y compris à l’aile politique du Hezbollah en excluant son aile militaire continuera à affluer ainsi que l’aide humanitaire et l’assistance à l’armée libanaise qui est considérée comme un facteur de stabilité au Liban. »

Juridiquement, l'inscription sur la liste noire européenne se traduira par un gel des avoirs de la branche armée du Hezbollah. Tout ceci est compliqué par une frontière comptable plutôt floue avec le mouvement politique selon de nombreux experts. Un argument relativisé par Hynek Kmoníček, chef du département international du bureau présidentiel :

Hynek Kmoníček,  photo: Radio Prague
« Lorsque l’on a affaire à un commandant militaire de la banlieue sud de Beyrouth il est clair qu’on a pas affaire à un représentant politique. D’un autre côté il est dans l’intérêt du Hezbollah de maintenir une distinction car ce dernier a besoin de représenter à la fois une puissance militaire et d’être notre interlocuteur. »

Pour l’heure l’UE n’envisage pas une interdiction de visa aux «guerriers» du parti chiite, la décision incombe souverainement à chaque capitale européenne. C’est principalement sous l’impulsion de la France et de la Grande-Bretagne que l’Union européenne a pris cette décision. L’argument principal avancé par l’Europe des Vingt-Huit est la mise en cause de la branche armée du Hezbollah dans un attentat qui avait fait sept morts en Bulgarie en juillet 2012, dont cinq israéliens. Le mouvement chiite dément pour sa part être impliqué dans cet attentat sur le sol européen.

Photo: Magnus Manske,  Creative Commons 2.0 Generic
L’argumentaire européen n’invoque pas le conflit syrien, pourtant il semble avoir pesé de manière significative dans le consensus européen. En effet, le Hezbollah s’est impliqué de manière déterminante depuis quelques mois sur le champ de bataille. Il a appuyé les troupes gouvernementales syriennes face à la rébellion. L’Union européenne soutient l’opposition armée et l’inscription de la branche armée du Hezbollah sur la liste terroriste est une manière d’afficher de manière plus effective sa volonté d’isoler et d’affaiblir le régime de Damas.

La diplomatie tchèque, qui avait fait preuve de prudence jusqu’à présent dans ce dossier, a difficilement pu imposer son point de vue aux pays qui ont initié cette résolution. L’exigence tchèque de maintenir l’aide humanitaire au Liban semblait de toute façon compatible avec la ligne directrice de l’Union européenne.