La sécheresse, encore et toujours

Photo illustrative: andreas160578 / Pixabay, CC0
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En dépit d’une légère amélioration, la sécheresse continue de sévir en République tchèque. Et le retour de la chaleur et les prévisions météorologiques actuelles, sans espoir de précipitations, ne risquent pas d’arranger la situation.

Photo illustrative: andreas160578 / Pixabay,  CC0
« On se retrouve à nouveau face à un déficit d’eau. Le mois de mai a été riche en précipitations, il y a eu des orages en juin, mais aussi en juillet. Mais malgré cela, sur la majeure partie du territoire, et tout particulièrement dans les couches les plus profondes du sol, il manque de l’eau. Et au vu des prévisions météorologiques actuelles, les réserves existantes seront très vites consommées par la végétation. »

Pour Miroslav Trnka, un des créateurs du projet scientifique Intersucho, dédié à la surveillance de la sécheresse sur le territoire tchèque, le constat est sans appel. Et d’ailleurs, selon les prévisions de l’équipe scientifique, cette sécheresse devrait encore s’aggraver pour atteindre 60% de la surface du pays.

Le nord-ouest de la Bohême, la Bohême de l’Est et la Moravie-Silésie sont actuellement les régions les plus touchées. Mais d’autres connaissent une aggravation de la situation, comme celle de Plzen, à partir de laquelle s’étend une large zone également affectée, du sud-ouest du pays, en passant par la Bohême du Sud et jusque vers le sud de la Vysočina. Seule la Moravie du Sud échappe à l’heure actuelle au pire.

Toutefois, l’aspect le plus inquiétant de la sécheresse actuelle reste la situation des couches les plus profondes du sol : si les couches supérieures se portent relativement bien, notamment par rapport à la situation l’an passé, ce n’est pas le cas des couches inférieures situées entre 40 et 100 centimètres de profondeur.

Julliet 2019,  source: InterSucho

Premiers concernés, les agriculteurs et les producteurs de fruits sont ceux qui signalent les dégâts les plus importants dus à la sécheresse. Dans certaines régions du pays, les récoltes seront beaucoup plus faibles que prévu et, par effet cumulatif, la sécheresse actuelle s’avère parfois même plus grave que l’an dernier, comme le confirme Milan Pešek, président de la coopérative agricole de Sedlec en Bohême du Sud.

« La situation est pire qu’en 2018, comme en témoigne le volume des récoltes de céréales et de colza, ainsi que la deuxième récolte de plantes fourragères. Les céréales ne mûrissent pas normalement, elles sèchent plus tôt, ce qui nous oblige à commencer les récoltes beaucoup plus tôt que d'habitude. »

Miroslav Trnka,  photo: ČT
Comme de nombreux autres scientifiques, tchèques et internationaux, Miroslav Trnka rappelle que lutter contre la sécheresse demande une refonte en profondeur de nos manières d’envisager notre environnement :

« Ce n’est pas en changeant notre façon d’exploiter la terre que tout va s’arranger soudainement. Il faut bien se rendre compte que ces phénomènes de sécheresse que nous vivons sont le résultat du changement climatique. Cela signifie que même si nous adaptions le paysage à la situation en conséquence, ça ne suffirait pas. Nous allons devoir travailler à la fois sur les ressources et sur le facteur consommation pour parvenir à un équilibre. »

Richard Brabec et Andrej Babiš,  photo: ČTK/Václav Pancer
En mai dernier, suite à une réunion de la Coalition nationale de lutte contre la sécheresse créée en 2018, le ministre de l’Environnement Richard Brabec (ANO) a annoncé la mise en place de nouvelles mesures pour préserver l’eau. L’Etat entend ainsi investir 24 milliards de couronnes (environ 933 millions d’euros) dans la connexion des systèmes d’approvisionnement en eau. Le nouveau plan gouvernemental prévoit également de rénover plus de 1 200 étangs et petits barrages sur le territoire tchèque et de mettre en place de nouveaux systèmes d’irrigation.

Ce redoublement d’activités n’a toutefois pas empêché la République tchèque de faire récemment capoter l’accord climat lors d’un sommet européen de juin dernier. Refusant l’objectif de neutralité carbone prévu par l’accord, le Premier ministre Andrej Babiš avait alors expliqué ne pas imaginer « qu’il n’y ait aucune émission de gaz à effet de serre en 2050. »« Le nouvel accord ne doit pas menacer l’économie et les emplois tchèques, » s’est encore justifié le chef du gouvernement tchèque.