L’avenue Na příkopě fête cette année ses 250 ans

Na příkopě

Direction, aujourd’hui, l’avenue Na příkopě, l’une des artères principales du centre de la capitale tchèque, bordée d’immeubles qui sont de vrais bijoux architecturaux. Cette célèbre avenue serait la 18e rue la plus chère au monde, selon un magazine d’études de marché. Cette année, on fête le 250e anniversaire de sa construction, sur les anciennes douves qui bordaient depuis 1230 les remparts de la Vieille-Ville.

Zone piétonne depuis 1984, par laquelle près de 60 000 personnes passent chaque jour, l’avenue Na příkopě est l’une des adresses chic pour faire du shopping à Prague: les grandes marques de luxe côtoient les joailliers, les cafés et les restaurants. L’avenue est aussi une vitrine du monde de la finance. En français, le nom Na příkopě veut dire sur le fossé. Au moment de la création il y a 250 ans de cela, la rue s’appelait Dans les Allées, ou encore Unter den Linden - sous les tilleuls, selon les nouvelles allées de tilleuls devant transformer l’endroit en promenade emblématique de la métropole.

Na příkopě,  1892
C’est donc en 1760, la disparition définitive des fossés séparant la Vieille et la Nouvelle ville pragoises. Les premières tentatives de les combler remontent toutefois au XIVe siècle et sont liées à la fondation de la Nouvelle-Ville, suite à laquelle le rôle défensif des douves perd peu à peu de l’importance. Quelques vestiges du système de fortification ont été sauvegardés à l’endroit dénommé aujourd’hui Na Můstku – selon un ancien pont enjambant autrefois à cet endroit le fossé des remparts. Les vestiges de ce pont sont à voir à l’entrée de la station du métro du même nom, Na Můstku, en bas de la place Venceslas. On écoute l’archéologue Zdeněk Dragoun, de l’Institut du patrimoine national:

Les vestiges de l’ancien pont médiéval ont été découverts lors de la construction de la ligne A du métro pragois,  au milieu des années 1970
« Ce que nous voyons ici, c’est une partie de l’ancien pont, l’un de ses deux murs à arches en pierre construits en parallèle et sur lesquels reposaient la couverture en bois du pont. Le pont avait l’avantage consistant dans la possibilité d’enlever, en cas de nécessité, les parties en bois, grâce à quoi le fossé pouvait à n’importe quel moment accomplir son rôle défensif. »

Les vestiges de l’ancien pont médiéval ont été découverts lors de la construction de la ligne A du métro pragois, au milieu des années 1970. Autre témoin des remparts médiévaux, la Tour poudrière, Prašná brána, érigée dans la continuité des remparts, en direction de l’actuelle place de la République. Deux autres tours faisant autrefois partie du système de fortification de la Vieille-Ville ont été sauvegardées à Prague, mais elles restent entièrement cachées au public car elles sont situées à l’intérieur d’une cour entourée des bâtiments de la police et de l’Institut de criminalistique, à la rue Bartolomějská.

Na příkopě
Les douves médiévales s’étendaient autrefois le long des remparts, dans la ligne des rues dont l’une s’appelle aujourd’hui la rue Revoluční et qui est celle qui prolonge l’avenue Na příkopě vers le nord-est. Dans le sens inverse, au-delà de l’endroit dénommé la Croix d’or qui ouvre la place Venceslas, le prolongement de l’avenue Na příkopě s’appelle la Rue du 28 octobre et elle débouche sur l’avenue Národní. Toutes ses rues portaient jusqu’au XVIIIe siècle une appellation unique, Na příkopě - Sur le fossé. Aujourd’hui seule une partie de cette longue voie médiévale a gardé son nom d’origine.

Les douves étaient alimentées par les eaux de la Vltava et par de petits ruisseaux aujourd’hui inexistants. Depuis le XVIe siècle, elles étaient un réceptacle d’ordures dans lesquelles se déchargeaient également les eaux usées. Les fossés dégageaient une odeur dérangeante qui se propageait à l’intérieur des maisons aux alentours, observe Kateřina Bečková, du Club pour la Vieille Prague et auteur du livre « Prague disparue : »

« Du coté de la Vielle-Ville, seuls les arrière-cours de logis ou encore les murs de jardins étaient orientés vers les fossés, alors que du côté de la nouvelle cité, c’étaient les façades des maisons. Ceci a créé une disproportion énorme, compte tenu du fait que pour la Nouvelle-Ville c’était une véritable voie, alors que pour la Vielle-Ville ce n’était qu’une périphérie. »

Národní
Les eaux résiduaires se déversaient dans la Vltava qui était en même temps une source d’eau potable pour Prague. L’an 1760 a mis un terme définitif à cette situation devenue intenable :

« En 1780 on a comblé la dernière partie du fossé à l’actuelle avenue Národní. A l’époque, elle s’appelait Dans les nouvelles allées, d’après les arbres nouvellement plantés. Si la rue Na příkopě était plantée de tilleuls, dans le cas de Národní, on a opté pour des châtaigniers. »

Na příkopě
Des cartes historiques documentent les transformations que la rue Na příkopě a subies, au fil du temps. Son importance en tant qu’artère commerçante a encore augmenté après 1875, date de la mise en service des véhicules à traction hippomobile dans le centre de Prague. Le croisement des routes Na příkopě et Na můstku, en bas de la place Venceslas, a été le premier à Prague à être régulé par un agent de police. Depuis 1984, l’avenue Na příkopě est une zone piétonne.

La Tour poudrière
Arrêtons nous encore un instant devant la Tour poudrière, qui est aujourd’hui le dernier vestige visible des remparts médiévaux entourant la Vielle-Ville. Cette tour défensive, dont la construction a commencé en 1445, sous le règne de Vladislas de Jagellon, a été reconvertie au XVIIIe siècle en dépôt de poudre noire, d’où son nom. Aujourd’hui il est possible de grimper à son sommet pour une vue panoramique de la ville. L’édifice est inspiré de la Tour de la Vielle-Ville du pont Charles.
La Tour poudrière
Sa riche décoration sculptée devait mettre aussi en valeur le Palais royal adjacent qui se trouvait sur l’emplacement de l’actuelle Maison municipale de style Art Nouveau et qui était la résidence des rois de Bohême entre 1383 et 1485. La tour Poudrière, gravement endommagée pendant l’occupation prussienne de 1757, a été presque entièrement reconstruite en 1876 par Josef Mocker dans un style néo-gothique.

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