Lorsque la politique partisane ne va pas de pair avec la fonction présidentielle
Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur la mésentente entre les présidents tchèques et les partis dont ils furent les leaders. Elle offre ensuite quelques réflexions sur l’élection de Boris Johnson à la tête du Parti conservateur britannique. Il sera également question d’une nouvelle polémique au sujet de l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Quelques mots, enfin, sur les rues commerçantes les plus chères de Prague.
« Sur les trois présidents de la République que le pays a connus durant les trente dernières années écoulées depuis la chute du régime communiste en 1989, les deux derniers, soit respectivement Václav Klaus et Miloš Zeman, ont été d’abord à la tête de deux importants partis politiques : le Parti civique démocrate (ODS) et le Parti social-démocrate (ČSSD). La victoire de ces derniers aux élections législatives leur a permis de devenir Premiers ministres. Toutefois, encore avant d’être élus chefs de l’Etat, tous les deux ont connu de fortes mésententes avec leurs partis qu’ils ont fini par quitter pour de bon. Ils y ont pourtant conservé une certaine influence. »
Aux dernières élections législatives de 2017, l’ODS a obtenu près de 11 % et le ČSSD près de 7% des suffrages. La chute de ces deux partis est largement à mettre sur le compte du lien « psychologique » qui existe entre ces partis et leurs anciens leaders et dont les nouveaux chefs n’ont pas réussi à se débarrasser tout à fait, estime le commentateur. Il remarque en outre qu’aucune tentative des trois présidents d’après novembre 1989, qu’il s’agisse de Václav Havel, Václav Klaus ou Miloš Zeman, de s’engager en faveur de telle ou telle nouvelle formation politique n’a été couronnée de succès. Plus encore : leur engagement a plutôt fait du mal aux partis visés. Et de conclure : « Il semble que l’électeur tchèque n’aime pas que le président s'engage directement ou indirectement dans la politique partisane. Il chérit l’image d’un président tel un acteur au-dessus des partis. »
Quelques réflexions sur la victoire de Boris Johnson
L’élection, mardi, de Boris Johnson à la tête du Parti conservateur britannique a dominé la rubrique 'International' des journaux et des sites tchèques aussi cette semaine. Le commentateur du site aktualne.cz a, par exemple, écrit :« Son pays est secoué par la plus grande crise politique depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Brexit l’a déchiré en deux moitiés irréconciliables et même trois ans après le référendum, les politiciens n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les modalités de la sortie de l’Union européenne. Boris Johnson peut-il régler les choses ? C’est difficilement imaginable. A moins qu’il cesse d’être un politicien irresponsable tel que nous l’avons connu jusqu’ici, qui change d’idées d’un jour à l’autre et qui ignore beaucoup de choses. L’espoir qu’il en sera ainsi semble bien faible. »
« On ne peut pas savoir quel aurait été le résultat du référendum de 2016 sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, sans l’engagement populiste du charismatique Boris Johnson », écrit le commentateur du journal Hospodářské noviny qui ajoute :
« En ce moment chaotique où il devient Premier ministre, Johnson a enfin l’occasion de montrer qu’il est vraiment un leader capable et qu’il est prêt à mener à bien l’idée pour laquelle il s’est battu avec détermination jusqu’à la fin. »
« La victoire de cet homme controversé et chaotique, entouré de scandales politiques et sentimentaux, a de quoi inquiéter. D’un autre côté, il s’agit d’un politicien qui est un partisan déterminé de la démocratie libérale, des libertés et de l’Occident, qui n’hésite pas à s’opposer au Kremlin ». C’est ainsi que Boris Johnson est présenté par le quotidien Deník N qui constate également que rares sont ceux que le nouveau leader des conservateurs britanniques laisse indifférents.
« La position du nouveau Premier ministre britannique n’est pas enviable, car le Parlement a déjà à trois reprises rejeté l’accord auquel l’Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus, » peut-on lire dans un texte qui a été publié sur le site de l’hebdomadaire Respekt qui a aussi indiqué :
« La meilleure chose que Johnson puisse espérer, ce sont des modifications cosmétiques de l’accord existant. C’est un objectif qu’il voudra probablement atteindre ‘à la Trump’ : prétendant que si l’Europe n’accepte pas ses concessions, il sera réellement prêt à claquer la porte sans accord... A Bruxelles et dans d’autres villes européennes, ‘Boris’ est assez mal aimé. »
L’auteur d’une note publiée dans le journal Lidové noviny de ce jeudi rejette pour sa part une comparaison simpliste de Boris Johnson avec le président américain :
« Johnson est doté d’un charme et d’un sens de l’autodérision que les Britanniques aiment bien. C’est un point qui l’éloigne tant de la personnalité narcissique de Donald Trump que du principal courant politique de l’Union européenne qui est, certes, progressiste, mais qui est parfois trop conventionnel. »
L’élection présidentielle : un suffrage direct ou indirect ?
Abandonner l’élection présidentielle au suffrage universel direct et revenir au suffrage indirect... Pour le Parti civique démocrate (ODS), il s’agit d’une éventualité qui mérite désormais d’être discutée. Rappelons que le suffrage direct a été introduit en République tchèque en 2013 et que c’est Miloš Zeman qui a été ainsi élu à deux reprises. L’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt a remarqué à ce propos :« Le suffrage direct comporte tout un éventail de risques, il est vrai, mais on ne saurait juger les futurs présidents à la lumière des critiques dont l’actuel président fait souvent l’objet. Force est de constater que le monde politique n’a de cesse de changer. Or, le fait de laisser au Parlement le choix du chef de l'État n'est pas la promesse d'avoir un président vertueux. L’initiative de l’ODS suppose que le choix parlementaire serait plus éclairé, moins passionnel, car nécessitant un consensus de l’ensemble du spectre politique. Mais cette réflexion est fausse, comme on a pu le voir par le passé. »
Le commentateur estime que même dans des situations agitées, il est possible de choisir un président ‘normal’ qui respecte les règles ce que les cas de l’Autriche et de la Slovaquie, par exemple, ont prouvé. « Il est possible que chez nous aussi, l’élection au suffrage universel direct représente l’unique chance d’un changement positif, » écrit-il avant de conclure :
« Le choix du chef de l’Etat est aujourd’hui difficile tant pour le système politique que pour la population, car le vote accentue sa polarisation. L’élection et son résultat reflètent l’état de la société. La manière dont elle se déroule n’y peut rien changer... Le départ des leaders d’aujourd’hui représente certes la promesse d’un changement. Celui-ci cependant n’est ni évident ni automatique. »
Les rues commerçantes les plus chères de Prague
Il n’est guère surprenant que les meilleures adresses pour les produits de luxe se trouvent à Prague. Une des récentes éditions du quotidien Mladá fronta Dnes a apporté plus de précisions à ce propos :« Outre l’avenue Pařížská, c’est la rue Na Příkopě dans le Ier arrondissement de Prague qui représente l’adresse la plus courue. Cette dernière figure même parmi les vingt rues commerçantes les plus chères du monde. Elle doit en premier lieu son attrait à sa position stratégique au centre-ville qui reçoit quotidiennement des milliers de touristes. Par ailleurs, la zone comptant la rue Na Příkopě et la place Venceslas est l’endroit le plus fréquenté de Prague. C’est elle que les promoteurs de marques de luxe choisissent lorsqu’ils souhaitent s’implanter dans la capitale tchèque. »
Le journal remarque que des rues commerçantes attrayantes pour les touristes se trouvent également dans d’autres villes tchèques, comme Český Krumlov ou Brno. En dehors de Prague, les marques de luxe sont toutefois prioritairement concentrées dans des centres commerciaux.