Le 15 mars 1939 date noire de l'histoire tchèque

Ce vendredi, nous commémorons le triste 63e anniversaire de l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes nazies, le 15 mars 1939. Astrid Hofmanova.

L'histoire tchèque connaît plusieurs dates noires, dont le 15 mars 1939 est, sans doute, l'une de plus tragiques. Ce jour-ci, dans une matinée brumeuse et glaciale, Hitler a envahi la Tchécoslovaquie pour créer, par la suite, le protectorat de Bohême et de Moravie qui devait, dorénavant, intégrer le Reich allemand. En dépit de l'importance de cet événement, quand le peuple tchèque a connu, non pas pour la première fois, l'humiliation et l'arbitraire d'une puissance étrangère, cette date reste aujourd'hui en marge de l'intérêt des Tchèques. On n'en trouve que peu de mentions, par exemple, dans la presse.

Le 15 mars 1939 ne fut que la suite logique et inévitable du diktat de Munich, signé le 29 septembre 1938. C'est à Munich, que les puissances ont commencé à jouer le sort de la Tchécoslovaquie, sans la participation de cette dernière. Les conséquences de l'occupation allemande et de la proclamation du protectorat – nous les connaissons tous: persécution de la population juive, pillage des monuments historiques, confiscation des biens juifs, création de ghetto, dissolution de l'Armée tchécoslovaque, suppression du ministère des Affaires étrangères, rues envahies par les Allemands en uniformes, noms allemands des rues tchèques...

Si l'on parle du 15 mars 1939, on ne peut ne pas mentionner un personnage controversé et tragique, Emil Hacha, «président d'Etat», sous le protectorat de Bohême et de Moravie. En acceptant la fonction présidentielle, ce juriste de 66 ans a qualifié son acte de «sacrifice dans l'intérêt de la nation et de l'Etat tchèque». Pour épargner le peuple tchèque du pire, car les Allemands menaçaient même de bombarder Prague, il a été contraint de signer un accord honteux, en vue de rendre légitime l'occupation. On sait qu'il n'avait pas le choix, mais les communistes ne le lui ont jamais oublié, considérant Hacha comme un traître qui a vendu la République aux fascistes.

Mort, peu de temps après la fin de la guerre, le 27 juin 1945, Emil Hacha a disparu pour bien longtemps des manuels d'histoire. Il n'y est revenu qu'après 1989, où l'on a révisé son rôle, pendant la guerre.

Auteur: Astrid Hofmanová
lancer la lecture