Le 25 février 1969, Jan Zajíc s’immolait

Jan Zajíc

Cela fait quarante ans jour pour jour ce mercredi 25 février que Jan Zajíc s’est immolé par le feu sur la place Venceslas, faisant écho du geste de Jan Palach, quarante jours plus tôt. Etudiant de dix-huit ans d’un lycée technique à Šumperk, en Moravie du Nord, Jan Zajíc a choisi le jour du vingt-et-unième anniversaire du coup d’Etat communiste pour son sacrifice.

De même que Jan Palach, Jan Zajíc entendait par sa mort volontaire sortir la société de la résignation avec laquelle elle acceptait la normalisation instaurée après l’invasion du pays par les troupes du pacte de Varsovie. C’est après les événements de 1968 qu’il a commencé à s’intéresser à la politique, affirme le père de Jan Zajíc, Jaroslav, âgé aujourd’hui de 90 ans :

« Il a suivi de très près la politique, l’évolution de la situation a été une déception pour lui… Il écrivait des poèmes, il n’aimait pas l’injustice, il se battait pour le droit. »

Le 25 février 1969, Jan Zajíc arrive à Prague avec sur lui des tracts destinés à mobiliser la société. Vers 13H30, il entre dans la maison numéro 39 sur la place Venceslas, met le feu à ses vêtements imbibés de matières chimiques et court, comme Jan Palach, en direction du Musée national, là où un monument en forme de croix sortant du pavé rappelle aujourd’hui le sacrifice des deux Jan. L’immolation de Jan Zajíc a été un choc énorme pour les habitants de sa ville natale, Vítkov, et pour sa famille catholique, comme le confirme son père :

Le tombeau de Jan Zajíc
« Lorsque les étudiants sont venus nous annoncer la triste nouvelle, nous n’étions pas du tout au courant de ce qui s’était passé. Ils nous ont remis la lettre d’adieu dans laquelle Jan nous demandait de le pardonner, mais expliquait qu’il devait faire ce geste. »

La police secrète a interdit l’enterrement de Jan Zajíc à Prague par crainte de manifestations comme celles qui avaient suivi les funérailles de Jan Palach. Jan Zajíc a été enterré dans sa ville natale de Vítkov, en Moravie du Nord, et son tombeau est resté pendant de longues années un lieu systématiquement surveillé par la StB.